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Je suis Embaló. Moi non plus, je ne vous féliciterai point, votre victoire est sans gloire (Par Emmanuel Boucar Faye)

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Je suis Embaló. Moi non plus, je ne vous féliciterai point, votre victoire est sans gloire (Par Emmanuel Boucar Faye)
Si la démocratie etait une classe à passer, on serait tenté de conseiller certains pays africains , de s’essayer à autre chose car ils n’y arriveront pas avant de « vieillir »

Ce qui s’est passé en Guinée, présentement en Côte d’Ivoire et qui peut arriver au Sénégal (si on s’en réfère à certains observateurs) est simplement une honte et une grande déception pour les africains. Il faut oser le dire, l’Afrique a encore du chemin à faire. N’en déplaise à tous ceux qui pensent le contraire. Nous sommes dans un éternel recommencement. Comment la Cedao (qui s’apparente aujourd’hui à un consortium d’assoiffés de pouvoir au sommet de nos États) peut elle se permettre de féliciter Alpha Condé et Alassane Ouattara dont la seule prouesse est d’avoir réussi à marcher sur les cadavres de leur jeunesse pour se maintenir au pouvoir. Chers présidents, je ne pourrais vous féliciter, vous n’en êtes pas dignes et devriez vous passer de cérémonies d’investiture puisque, de toute façon, vous avez toujours été présidents même en organisant des élections dont vous étiez à la fois,  avec vos formations politiques, l’opposition et le parti au pouvoir.

Si ce n’est pas la mer qui engloutit cette multitude de jeunes désœuvrés, ce sont alors ces politiques sans foi, la soixante révolue, qui  « sucent leur sang » et écrasent ce qui reste de leurs corps par des forces publiques que le discernement a quitté au moment où les constitutions sont retaillées sur mesure. Ces présidents ne peuvent pas nous faire croire que la jeunesse est l’avenir de leur pays, rien des actes qu’ils posent, ne milite en faveur de cela. Partout on cherche à se maintenir au pouvoir, quel que soit le prix à payer. De toute manière c’est à la jeunesse et à elle seule de payer.
L'Afrique et particulièrement l’Afrique noire est un continent qui semble condamné à la souffrance, tel est mon sentiment. On proclame sur tous les toits du monde, les richesses naturelles du continent (ce qui est vrai), mais que valent ces richesses, à qui profitent-elles ? Certainement pas à cette jeunesse qui brave les océans en quête de mieux-être.

Partout des voleurs de deniers publics et à tous les niveaux de nos Etats (quand au Sénégal le Président de la République ordonne là déclaration de patrimoine, chacun semble traîner le pas, presque convaincu de ne pas pouvoir s’empêcher de voler tout au long du mandat que le peuple leur a confié), une corruption à grande échelle, une impunité presque érigée en règle et des lois faites et appliquées aux pauvres. Voilà le dénominateur commun du continent, berceau de l’humanité et dernier des continents.

Qu’on ne me parle pas de traite négrière pour expliquer le retard endémique du continent et son enlisement dans la précarité. La traite est abolie depuis 1848. Ce qui en reste, a depuis changé de visage ; il est promu et entretenu par nous-mêmes et cette fois-ci, sur nos propres enfants (un peu partout dans le continent, nos enfants sont dans la rue). Au Sénégal on a opposé une farouche résistance à l’Etat pour les maintenir dans la rue et comme tel, tout le monde y trouve son compte. Tant pis pour ces pauvres « bouts de bois de DIEU » ! Il en sera ainsi, ad vitam aeternam, tant qu’on utilisera la religion à tort ou à raison, pour faire de la rue leur domicile. Ainsi, demain comme aujourd’hui, ils prendront le large pour affronter le grand bleu au péril de leur vie et la responsabilité de l’hécatombe, pour ce qui est du cas du Sénégal, sera imputé au «NDOGALOU YALLA » donc à DIEU  et à l’Etat . C’était juste une parenthèse.

Les régimes africains doivent avoir pitié de la souffrance de leur peuple, aujourd’hui matérialisée par ces départs massifs de nos jeunes et la chute progressive et inéluctable des valeurs qui fondent nos différentes sociétés.
Rien ne pourra les arrêter si ce n’est l’assurance d’une perspective de lendemains meilleurs. Réagissant à cette ruée de  jeunes désespérés, vers la mer/mort, pour parler du cas de notre pays, beaucoup de politiques se sont prêtés à des jeux de mots ou d’expressions du genre : au Sénégal, il n'y a pas de problèmes d’emploi mais d’employabilité et que sais-je encore... . Quelle que soit la cause retenue , l’Etat  étant au début et à la fin du processus, vous ne pouvez vous dédouaner. Vous avez la charge et la responsabilité de trouver la solution à ce drame avec lequel on est malheureusement en passe de nous familiariser, par voie de conséquence, de banaliser.
Personne aujourd’hui n’est capable de dire avec exactitude combien de jeunes ont péri en mer ces derniers jours. Des corps continuent encore d’échouer vers la terre ferme. Tout le monde est responsable, nos familles, nos gouvernants, en somme nos sociétés. Tous responsables !

Par ailleurs, nos  religieux ne doivent pas s’emmurer dans un silence macabre, ils doivent sans cesse dénoncer les causes multiples de cette situation entre autres. Nous sommes des peuples de croyants. Dès lors, je suis pour une moralisation sans complaisance de l’espace politique par le religieux. Cependant, s’il y a « moralisation mutuelle » entre le politique et le religieux, alors j’estime que nous sommes en face d’une situation de complot sur le dos d’un peuple qui se retrouve entre l’enclume du religieux et le marteau du politique. Voilà dit, pour ce qui est du cas du Sénégal, notre pays.

Ainsi chers religieux, jusqu’à « l’extinction du soleil » vous prêcherez dans les mosquées et les églises, jusqu’à « l’extinction du soleil » cette jeunesse vous écoutera toujours religieusement mais agira toujours autrement. C’est ça la réalité, elle est triste mais c’est bien ça. Si nous voulons changer les choses, il faudrait d’abord qu’on les accepte telles qu’elles sont.
Hormis l’émigration clandestine que rien ne semble pouvoir arrêter pour le moment, pensez-vous que la dépravation des mœurs recule dans notre pays, avec 25 homosexuels arrêtés il y a moins de deux mois à Mermoz ( ce qui est visible), tous de jeunes sénégalais « bon sang , bon teint » ?

Tout ceci n’est que la conséquence logique du désespoir qui habite notre jeunesse et celle africaine en général. Il est temps d’arrêter le cinéma et d’oser regarder nos sociétés du fond, si nous voulons les délivrer du mal qui les habite.
Ainsi seulement nous pourrons valablement aspirer au concert des nations émergentes, en mettant fin à la souffrance de nos peuples par des gouvernants démocratiques, ambitieux et visionnaires.

Emmanuel Boucar Faye
Capitaine au long Cours,
Pilote / Port  Autonome de Dakar


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