Traditionnellement, les Sénégalais avaient l'habitude de solliciter l'implication des religieux pour apaiser l'espace politique. On se rappelle encore les interventions de Cheikh Abdoul Aziz Dabakh à chaque fois que le pays connaissait des soubresauts politiques pour calmer les ardeurs des politiciens. Mais de plus en plus, nous assistons à la recrudescence des attaques entre différentes communautés religieuses par presse et personnes interposées. Quand les religieux jouent aux pyromanes et apprennent à se faire peur, il y a de quoi s'inquiéter pour le vivre ensemble qui était devenu jusque-là un label sénégalais que nous sommes toujours prompts à brandir fièrement devant la Communauté internationale.
Les sources de divergence
Cependant, des phénomènes récents et de plus en plus récurrents montrent des signes d'essoufflement du modèle sénégalais qui aurait besoin d'un lifting pour l'adapter à la nouvelle configuration du landerneau religieux sénégalais caractérisée par l'entrée en jeu de nouveaux courants de pensée islamique et l'émiettement des centres de décision des grandes communautés confrériques.
L'affaire de l'apparition du croissant lunaire pour la célébration de l'Aid El Fitr a suscité moult réactions de leaders religieux de tous bords, qui pour défendre sa chapelle à travers diverses interprétations se valant toutes selon les contextes considérés, qui pour lancer des piques à d'autres communautés religieuses. En réalité, les divergences d'interprétation basées sur les différents rites (Mazhab) ou sur l'effort personnel (ijtihad) ont toujours existé depuis la disparition du Prophète et continueront de régir la vie des musulmans. Ainsi, vouloir instaurer l'unanimité au sein de la Oumma est cause perdue d'avance et n'est pas le but recherché. Allah nous a créé différents mais nous exige l'unité, car la diversité n'est pas source de division mais plutôt un moyen d'interconnaissance pour un enrichissement mutuel.
Mais force est de constater que les différences d'interprétation du Coran ou de la tradition prophétique sont mineures quant à l'exigence du vivre ensemble et tendent à se dissiper particulièrement en ce qui concerne le calendrier musulman. La cause fondamentale des divergences entre les communautés religieuses pour la célébration des fêtes religieuses reste d'ordre communicationnel. En effet, autant la quête de l'information fiable relative à l'apparition du Croissant lunaire n'est pas organisée à l'échelle nationale voire sous régionale, autant sa transmission au sein des différentes communautés religieuses pose problème dans la mesure où ces communautés n'ont pas toujours une organisation formelle chargée de la gestion de ces questions.
Un autre événement, le festival Salam qui devait servir de plateforme de promotion de la musique spirituelle se transforme progressivement en champ de bataille confrérique où les différents groupes rivalisent au rythme d'une concurrence frénétique. Les psalmodies sur la vie du Prophète se muent progressivement en louanges dithyrambiques à l'endroit de son Guide spirituel ou pire, en des piques envers d'autres communautés «rivales».
Plus récemment, la guerre verbale par presse interposée entre prêcheurs et/ou leaders religieux ressemble de plus en plus à un combat de gladiateurs qui glisse dangereusement vers la confrontation entre communautés religieuses qui, de surcroit, sont parfois de la même obédience.
Les Saints qui ont fait du Sénégal religieux ce qu'il est devenu aujourd'hui, cultivaient une estime et un respect mutuels basés sur l'entraide et la concertation pour lutter contre les adversaires de l'Islam. Vouloir les opposer ou les mettre en concurrence c'est méconnaitre leur dimension ésotérique et les objectifs qui les ont mus dans la consolidation des bases de l'Islam au Sénégal.
El Hadj Malick Sy, Khadimou Rassoul, Mame Abdoulaye Niasse, Mame Limamou Laye, etc. ont mis en œuvre des stratégies complémentaires pour résister contre le pouvoir colonial avec leurs maigres moyens mais en se basant sur le pouvoir Divin seul gage de leur réussite. De tout temps, Dieu a apporté son assistance aux combattants de la foi quand les forces en présence étaient inéquitables : de Noé à Mouhamed PSL en passant par Moussa, Ibrahima, les exemples des prophètes ayant bénéficié de l'assistance divine font florès.
Les confrontations entre salafistes et aspirants soufis font légion sur les ondes et conférences publiques faisant apparaitre des contradictions apparentes ou profondes entre les partisans d'un Islam importé et ceux d'un Islam autochtone.
Les religieux en politique
Par ailleurs, l'implication des leaders religieux dans le champ politique en tant qu'acteurs, est perçue de plus en plus comme un dysfonctionnement dans leur rôle de régulateur social gage de la stabilité du pays.
Historiquement, cette implication avait des motivations louables permettant au religieux la possibilité de jouer un rôle de contre-pouvoir afin d'endiguer les dérives du Pouvoir Exécutif. L'exemple le plus illustratif est l'entrée en politique de Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum contre Senghor.
D'une part, Serigne Cheikh a permis au leader religieux de sortir du cadre strictement religieux, je veux dire en sa qualité d'éducateur en sciences coraniques et de dispensateur de bénédictions. Le Marabout s'engage, s'oppose et confirmera plus tard son statut de véritable acteur de développement économique car Serigne Cheikh deviendra successivement ambassadeur, agriculteur et industriel.
D'autre part, avec son engagement politique, Serigne Cheikh rendra, volontairement ou inconsciemment, un service précieux aux religieux. En effet, son engagement poussa le pouvoir à aller chercher le soutien d'autres chefs religieux les confortant par la même occasion dans leur légitimité en tant que porteur de voix et régulateurs majeurs de la vie politique et sociale des sénégalais.
Cependant, certaines attitudes de leaders religieux constituant des exemples de dérives provenant des personnes censées jouer un rôle de régulateur social, inquiètent au plus haut point les partisans du vivre ensemble et de la préservation des valeurs léguées par les précurseurs d'un Islam de paix à l'image de Seydi El Hadj Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Abdoulaye Niass, pour ne citer que ceux-là.
L'Etat, par la voix de son principal représentant, le Président de la République, a montré son incapacité à réguler l'espace religieux. Cet aveu d'impuissance ne le dédouane pas pour autant quant à sa nécessaire implication dans la mise à disposition de moyens pour une solution concertée aux divergences sur des questions éminemment religieuses comme le calendrier musulman.
Le sens de la mesure et de la responsabilité
Au moment où l'Islam confrérique majoritaire au Sénégal a constitué jusque-là un rempart à la propagation de l'extrémisme violent dans notre pays, la responsabilité et le sens de la mesure des leaders religieux sont convoqués au plus haut point pour un apaisement de l'espace religieux.
Les véritables combats qui méritent d'être menés par les leaders religieux demeurent, entre autres, la préservation des bases éthiques qui ont fondé notre société en passant par l'éducation et la sensibilisation des masses pour le respect des lois et la discipline ; la lutte contre toutes les formes d'extrémisme pouvant aboutir à la violence, l'extrémisme religieux au premier chef; l'inculcation d'une véritable culture du développement axée sur le culte du travail bien fait et la préservation des biens publics.
Ainsi, la mise en place de cadre de concertation intercommunautaire nous semble être un moyen indiqué pour promouvoir l'échange d'idées et la mise en œuvre de stratégie commune pour relever le défi du vivre ensemble pour la paix. La création d'un haut conseil du culte vient à son heure avec l'implication de tous les acteurs religieux sans exclusive.
À défaut, nous aurons réussi à saper les bases de l'héritage des anciens et hypothéquer l'existence des générations futures.
Nous prions pour un Sénégal de paix où le vivre ensemble reste une réalité !
Cheikh Ahmed Tidiane Sy
Ibn Al Amine
8 Commentaires
Anonyme
En Juillet, 2017 (18:53 PM)Enfin, chacun se donnant à tous ne se donne à personne; et comme il n’y a pas un associé sur lequel on n'acquière le même droit qu'on lui cède sur soi, on gagne l'équivalent de tout ce qu'on perd, et plus de force pour conserver ce qu'on a.
«Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout.»
le Grand Marabout J J Rousseau.
un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traitres
n'est pas victime mais complice." Geoge ORWELL.
"l' Abstention est complicité et participation au crime" ALAIN
Anonyme
En Juillet, 2017 (18:59 PM)Anonyme
En Juillet, 2017 (19:10 PM)Rousseau
En Juillet, 2017 (19:15 PM)Grotius nie que tout pouvoir humain soit établi en faveur de ceux qui sont gouvernés: il cite l'esclavage en exemple. Sa plus constante manière de raisonner est d'établir toujours le droit par le fait (a). On pourrait employer une méthode plus conséquente, mais non plus favorable aux tyrans.
Il est donc douteux, selon Grotius, si le genre humain appartient à une centaine d'hommes, ou si cette centaine d'hommes appartient au genre humain: et il paraît, dans tout son livre, pencher pour le premier avis: c'est aussi le sentiment de Hobbes. Ainsi voilà l'espèce humaine divisée en troupeaux de bétail, dont chacun a son chef, qui le garde pour le dévorer.
Comme un pâtre est d'une nature supérieure à celle de son troupeau, les pasteurs d'hommes, qui sont leurs chefs, sont aussi d'une nature supérieure à celle de leurs peuples. Ainsi raisonnait, au rapport de Philon, l'empereur Caligula, concluant assez bien de cette analogie que les rois étaient des dieux, ou que les peuples étaient des bêtes.
Le raisonnement de ce Caligula revient à celui de Hobbes et de Grotius. Aristote, avant eux tous, avait dit aussi que les hommes ne sont point naturellement égaux, mais que les uns naissent pour l'esclavage et les autres pour la domination.
Aristote avait raison; mais il prenait l'effet pour la cause. Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain. Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leur abrutissement (b). S'il y a donc, des esclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclaves contre nature. La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués.
Quoi qu'il en soit, on ne peut disconvenir qu'Adam. n'ait été souverain du monde, comme Robinson de son île, tant qu'il en fut le seul habitant, et ce qu'il y avait de commode dans cet empire était que le monarque, assuré sur son trône, n'avait à craindre ni rébellion, ni guerres, ni conspirateurs.
Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, et l'obéissance en devoir. De là le droit du plus fort; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot? La force est une puissance physique; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; c'est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir? A SUIVRE
Dr Mouhamadou Bamba Ndiaye
En Juillet, 2017 (20:41 PM)https://docs.google.com/document/d/1o7cT3GV1BL6KgZfx5sMU1j1E8waEuBr2B885Q3hNXpM/edit?usp=sharing
Blo
En Juillet, 2017 (21:00 PM)Ça Alors
En Juillet, 2017 (21:59 PM)Anonyme
En Juillet, 2017 (01:55 AM)Donc ce matin, je me reveilles, et je me dis, mais comment ca se fait qu'il n'y a pas un seul encule de terrosriste assassin de pauvres noirs et d'arabes qu'a eu l'idee d'aller assassiner ou enculer par tous ses trous un baron suisse ou un milliardaire israelien, histoire qu'on soit bien sur de sa bonne foi de terroriste islamiste et qu'on ne le confonde pas avec un pede juif.
Quoi, c'est juste une idee que j'ai eu comme ca au reveil.....
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