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Le Haut-conseil des collectivités territoriales : un acquis majeur pour le renforcement de la démocratie participative (Par Kadialy GASSAMA)

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Le Haut-conseil des collectivités territoriales : un acquis majeur pour le renforcement de la démocratie participative (Par Kadialy GASSAMA)
Au regard de la sacralité et de l’intemporalité  des institutions dans une république digne de ce nom, leur création ou suppression ne doivent jamais relever d’une initiative parlementaire quelconque, mais, de la vox populi. Avec la votation de l’assemblée nationale du Sénégal le 02 Septembre 2024 pour le rejet de l’initiative gouvernementale de suppression du Hcct et du Cese, la stabilité institutionnelle de notre pays et la sécurité juridique sont  pour le moment sauvegardées, car, le parallélisme des formes et la cohérence juridique auraient voulu la consultation populaire par référendum pour leur suppression, comme elles eurent été créées par référendum.

Certains populistes d’une démagogie à l’extrême, soutiennent aujourd’hui la suppression du Hcct. Ces mêmes politiciens soutenaient, hier, la nécessité d’avoir un organe central national à la tête des structures locales décentralisées et des communautés de base en approuvant les conclusions de la charte de gouvernance démocratique des Assises nationales et, parmi elles, la création du Hcct. La caractéristique des discours populistes à l’épreuve du temps, c’est l’incohérence dans les démarches et positions qui rattrapent toujours leurs auteurs. En application de certains points contenus dans la charte de gouvernance démocratique des Assises nationales, le président de la République d’alors, avait soumis des réformes institutionnelles majeures à la vox populi, le 20 mars 2016 pour le renforcement de la décentralisation, c’est-à-dire, de la démocratie participative et du développement à la base par l’impulsion  des dynamique locales, lesquels sont des leviers importants  pour la bonne gouvernance politique , économique et social . Avec le dernier référendum organisé au Sénégal  en  2016 La création d’une nouvelle structure délibérative dans l’architecture institutionnelle du Sénégal, ainsi que le renforcement des pouvoirs de l’Assemblée nationale dans sa mission de contrôle de l’Exécutif et la possibilité offerte dorénavant au citoyen d’intenter des actions en inconstitutionnalité des lois, règlements ou actes administratifs devant les juridictions compétentes, constituaient des avancées démocratiques assez substantielles introduites dans la Constitution et approuvées massivement par le Peuple au référendum. Pourquoi aujourd’hui retourner en arrière sur des acquis démocratiques légitimées par le Peuple ? En effet, le renforcement de l’Etat de Droit, de la démocratie participative dans le sens de l’équilibre et de la séparation des pouvoirs, de la protection des libertés fondamentales et des droits de l’Homme, toutes ces avancées démocratiques devraient être la préoccupation première pour tous ceux qui pensent à l’avenir des générations futures, plutôt que de s’adonner à des débats politiciens sémantiques ou moralisants de suppression du Hcct qui n’intéressent que des assoiffés de pouvoir qui ne pensent qu’aux prochaines élections.

Sur la création du Haut-conseil des collectivités locales en 2016 par voie référendaire, il faut se rappeler qu’en 1996, le Sénégal avait entrepris de grandes réformes institutionnelles en adoptant les lois sur la décentralisation qui consacraient le transfert d’un certain nombre de compétences de l’Etat central aux collectivités locales (neuf domaines de compétence). Ce transfert de compétences s’était naturellement accompagné d’un transfert de pouvoirs avec la possibilité offerte aux assemblées élues, d’administrer librement les collectivités locales dans les domaines de compétence dévolus, matérialisant ainsi leur autonomisation.

La volonté politique à la base de cette évolution majeure dans l’ordonnancement institutionnel sénégalais, traduisait une rupture et une mutation dans le mode de gouvernance démocratique et participative, par un abandon de pouvoirs de l’Etat central vers une responsabilisation plus accrue des populations de base à travers leurs représentants locaux.

Cette option stratégique fondamentale répond au souci de mieux articuler et impulser le développement local et la démocratie participative et apporte, plus efficacement, des solutions aux préoccupations des populations de base selon leurs propres aspirations, au moyen de l’auto-prise en charge de leur destinée. Il reste entendu que cette démarche pour moins de centralisme et plus d’autonomisation des pouvoirs locaux devrait être complétée, de nos jours, par un transfert conséquent de ressources financières afin de donner aux collectivités locales, les moyens véritables de la prise en charge réelle du développement local et de la démocratie locale. Les réformes institutionnelles qui s’imposaient, à la suite de plusieurs décennies de fonctionnement des collectivités, devront connaître une évaluation inclusive et tendre plutôt vers la révision de la fiscalité locale et la répartition équitable de l’impôt local dans le sens de repérer et d’intégrer les nombreuses niches fiscales qui existent, surtout dans les domaines miniers, industriels, commerciaux et de service. Toutefois, l’acte III de la décentralisation, avec la communalisation universelle, est venu chambouler l’architecture organisationnelle qui avait prévalu, sans toucher fondamentalement le contenu par rapport aux pouvoirs dévolus, le statut de l’élu local, la fiscalité locale et les rapports entre collectivités locales dans une même entité administrative. Nous pensions, à ce propos, que l’acte III de la décentralisation devrait plutôt évoluer vers un recadrage et un encadrement plus appropriés des compétences et des ressources financières des collectivités locales vers plus de ressources financières et d’efficacité, une revue plus productive de la fiscalité locale et la redéfinition vers plus d’efficience des rapports entre les pouvoirs locaux et les pouvoirs centraux. Il s’y ajoute que la communalisation universelle requiert l’existence des mêmes réalités physiques, sociologiques et historiques dans toutes les zones géographiques du Sénégal. Or, les réalités socio-économiques et culturelles du monde rural diffèrent de celles des centres urbains. Au demeurant, cette différenciation institutionnelle dans l’ancien ordonnancement avait le mérite d’éviter l’urbanisation des campagnes et de conserver l’âme des villes, car, à côté des centres urbains, nous devrions toujours conserver nos campagnes, qui sont des espaces de production agricole par essence, notamment pour le secteur primaire stratégique : c’est dire que l’universalisation recherchée des espaces territoriaux va à l’encontre de la préservation des diversités culturelles et socio-économiques et partant de leur intégration positive.

A partir du moment où il y a l’effectivité de l’exercice de pouvoirs locaux autonomes avec la décentralisation, il y a nécessairement le besoin d’avoir une représentation nationale au-dessus des collectivités locales, émanation suprême de l’ensemble des collectivités locales ; cette nécessité institutionnelle est aujourd’hui renforcée par une innovation majeure dans l’acte III de la décentralisation avec la départementalisation. En effet, la création de nouvelles collectivités locales au plan départemental, répond au souci de cohérence et d’efficacité pour mieux assurer la planification décentralisée du développement local, en ce que le département constitue une entité homogène correspondant à une réalité territoriale aux plans culturel et socio-économique.

L’existence de collectivités locales autonomes, renforcée par la départementalisation, est consubstantielle à l’existence d’une superstructure à la tête de la pyramide pour, sur ce plan, assurer une coordination nationale autonome, qu’on l’appelle sénat ou haut conseil des collectivités  locales. A l’évidence, le recours à une haute chambre par la création d’un sénat dans l’ordonnancement institutionnel sénégalais en janvier 1999, avait résulté de l’avènement des lois sur la décentralisation qui la justifiaient et la légitimaient, avec plus de six cents collectivités locales et plus de quinze mille conseillers représentant les populations de base.

En réalité, le territoire local, naturel et social incarne une identité collective, fruit d’une histoire commune et d’un destin commun. Ainsi, l’entité locale peut être un cadre fédérateur en vue du mieux-vivre de ses habitants et constitue un facteur de mobilisation sociale en étant inséparable d’une dynamique économique pour une valorisation des ressources et potentialités. De sorte que l’inexistence d’une haute chambre au-dessus de la base structurelle des collectivités locales avait créé un vide institutionnel préjudiciable à l’exercice d’une démocratie participative plus poussée. A l’instar des Etats décentralisés où existe une réelle autonomisation des entités fédérées, le rôle de la haute chambre, naturellement, doit être un rôle législatif d’approbation ou de non-approbation des lois, de propositions de lois, de suivi et de contrôle, surtout dans les domaines relatifs à la démocratie locale et au développement local. Nous ne pouvons pas dire, dans la forme républicaine actuelle de l’Etat, avec l’existence de pouvoirs locaux réels exercés par les populations de base à travers leurs représentants, que la haute chambre soit superfétatoire. Tout au contraire, cela devient une nécessité absolue avec une décentralisation plus poussée à la faveur de l’introduction dans le schéma institutionnel sénégalais du département comme collectivité locale. C’est le Président Abdoulaye Wade qui avait eu à dénaturer la forme républicaine du Sénat dans sa mouture originelle, en procédant à la nomination de la majorité qualifiée de ses membres, traduisant, de ce fait, l’évolution de la forme républicaine et démocratique ancienne de l’institution vers une forme monarchique. Cette attitude rétrograde de dénaturalisation du Sénat avait soulevé l’ire des Sénégalais, mais il ne faudrait surtout pas confondre dénaturalisation et inopportunité.

L’approfondissement de la démocratie a ses exigences, en l’occurrence, appréciant la nécessité de maintenir le Sénat en tant qu’institution utile dans sa forme républicaine pour l’approfondissement de la démocratie locale et du développement local, les Assises nationales avaient demandé son remplacement par un Haut-conseil des collectivités locales, où l’essentiel des membres seraient désignés démocratiquement, mais ici, il s’agit plus de la forme que du contenu. Il ne saurait s’agir d’entité inutile qu’il faudrait supprimer ici et maintenant, comme le prétendent certains politiciens, lesquels, après une élection, ne pensent qu’aux prochaines élections, mais le Hcct constitue indubitablement un instrument utile pour le renforcement de la démocratie participative dans notre pays.

L’évolution actuelle du Sénégal nous commande à une cogestion et une coresponsabilité, si l’on sait qu’avec l’atomisation de la vie politique sénégalaise et l’inflation des partis politiques, les dés sont pipés au départ, au point qu’on ne vote, la plupart du temps, jamais pour quelqu’un, mais très souvent contre quelqu’un. Il s’agira, non plus de procéder à un partage du gâteau, mais à un partage des responsabilités dans le seul intérêt strict du Sénégal et des aspirations de ses populations pour un sort meilleur, le seul combat qui vaille dans un environnement international défavorable où notre Nation a besoin de toutes ses filles et fils pour une mobilisation générale afin de vaincre les nombreux défis qui nous interpellent aujourd’hui..
La période des hommes-providences et des dictateurs est dépassée depuis fort longtemps, pour une forme de gouvernance inclusive et participative à travers des assemblées, avec des institutions fortes et crédibles, afin d’apporter des réponses adéquates aux questions nouvelles, au-delà des querelles sémantiques ou politiciennes.

Kadialy GASSAMA
Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque


4 Commentaires

  1. Auteur

    En Septembre, 2024 (17:33 PM)
    Le ridicule ne tue jamais dans ce pays......
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    • Auteur

      Merci Kathior

      En Septembre, 2024 (17:56 PM)
      Vous n’avez pas le sentiment qu’ils sont en train de narguer le nouveau pouvoir qui aurait dû leur fermer définitivement la gueule depuis longtemps ? Par exemple, créer la peur dans leur cartel de brigands en les faisant défiler devant les enquêteurs de la DIC ou les juges d’instruction du Pool judiciaire financier.

      Avec tout le mal qu’ils ont fait subir à ce peuple, en termes de meurtres, d’arrestations et de tortures de manifestants, sans compter le dépeçage ordonné de l’économie, il ne se trouverait personne à se morfondre sur leur funeste sort, tellement leur braconnage au niveau de tous les secteurs demeure flagrant.

      Mais plutôt que de les voir trembler devant le sort peu enviable qui les attend, voilà que nos larrons et gredins se sentent suffisamment forts et confiants au point de défier le nouveau pouvoir avec leur Livre Blanc souillé du sang de centaines de jeunes morts sans compter ceux dont la vie a été bousillée en prison. Ils auraient dû l’intituler « Livre Rouge » d’ailleurs… Un livre dans lequel ne figure curieusement pas le bilan immatériel du Chef marqué par des meurtres, des emprisonnements, des actes de torture, des restrictions de libertés...

      Avec de tels gens, point de compassion. Il faut la méthode forte et une implacable rigueur dans les sanctions. La plus grande erreur du nouveau pouvoir, c’est d’avoir tardé à mettre en œuvre la reddition des comptes qui devait précéder la suppression de ces institutions inutiles et budgétivores que sont le Cese et le Hcct. Ce qui s’est passé depuis plus de cinq ans dans ce pays relève d’un crime organisé.

      L’émergence que l’on nous promettait n’a servi qu’à rendre riches des copains et des coquins. Et c’est là où l’on attend le nouveau pouvoir qui tarde à ordonner la reddition des comptes par les tenants de l’ancien régime. Ce qui aurait permis de « tuer » toutes ces grandes gueules qui commencent à reprendre confiance.

      Quand des énergumènes qui ont participé au braconnage de Galsen se permettent de tirer la langue au pouvoir de BDF jusqu’à se mesurer à lui tout en lui promettant la mort, il faudrait que l’Etat leur montre toute sa puissance. A moins que le peuple ne se charge de le faire lui-même. Comme au Kenya où les jeunes avaient lancé il y a quelques semaines l’opération « Occupy Parliament » et envahi l’Assemblée nationale de ce pays-là qu’ils ont brûlée partiellement.

      Oui, il faut que les jeunes Sénégalais envahissent Place Soweto et foutent dehors tous ces députés inutiles de Benno qui nous emmerdent ! Les mêmes qui parlent d’une situation de crise alors qu’ils sont les vils artisans de la situation économique dramatique de ce pays. De tels individus, il faut les prendre à la gorge plutôt que de les laisser s’organiser avec leurs rapines. Les laisser s’organiser, ce serait le plus grand danger qui guette le nouveau pouvoir qui a en face de lui des crapules milliardaires. Qui ne reculeront devant rien pour défendre leurs biens mal acquis !
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  2. Auteur

    En Septembre, 2024 (17:59 PM)
    GMS a raison : l'APR-BBY doit arrêter de se foutre de nous! Macky a eu 4 pdt du CESE, chacun nommés selon ses intérêts politiques du moment, tandis que le hcct était la chasse gardée du ps, avec énorme budget,

    voitures etc

    Il a nommé Mme Sall pdte honoraire, à 4.500.000 par mois.

    Maintenant que bby a été chassé de la présidence par le peuple, cela doit-il continuer? Réponse sera donnée par le peuple après la dissolution
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    Auteur

    Mor

    En Septembre, 2024 (19:50 PM)
    Le niveau d’indignité de ces gens me dépasse
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    Auteur

    Alpha De Paname

    En Septembre, 2024 (20:05 PM)
    Franchement, il y a trop d'organes et d'organisations qui ne servent qu'à caser des hommes et femmes politiques.

    Ayez pitié des pauvres sénégalais, vous pouvez investir l'argent ailleurs, dans la santé, dans l'éducation !!!
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