Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
La fonction de chef de l'Etat devenu trop encombrante, notre président s'est affranchi de ses fonctions pour ne garder que les privilèges liés à son rôle. Maintenant que notre pays est passé de république a monarchie, le Roi et sa cour ne se contentent plus que de profiter de leur retraite anticipée.
Mais laissez moi vous introduire notre famille royale! Composée de notre Roi bien sûr, qui ne trouvant plus son Royaume assez attrayant et ses sujets complaisants, se promène d'un pays à l'autre, dans son avion qui ne craint point le coût du carburant. Son épouse la Reine, se complait aussi a se promener de son côté. Un seul véhicule étant trop petit, sa majesté la Reine elle choisi de faire vol à part.
Pendant ce temps au royaume, le fils avec ses amis venus de contrées lointaines s'amusent à monter des tours de fer vides, mais montrant que le royaume est en plein développement. De logis pour les invités et envahisseurs venus de pays aux moeurs étranges, il n'y en avait que très peu. Donc si aujourd'hui un invité du Prince se sent comme chez lui, remerciez ses sujets, les logis et voies qui leur sont vouées.
Notre royaume comporte ses sujets plus ou moins dociles, mais le Roi sait faire plaisir à son peuple.
"La vie est chère! Le riz et l'essence se font rare et il n'y a pas d'emploi!"
A cela les proches conseillers et ambassadeurs répondent qu'ils n'y peuvent rien. C'est la crise partout! Mais de quoi se plaint le peuple? Le Roi avant de s'envoler, a pris le soin d'offrir de belles routes, des tours de fer et des lieux de divertissement.
“La jeunesse est délaissée! Les écoles à l’abandon.” Mais qui diable a besoin de lieu d’éducation, lorsque les nouvelles technologies et la nouvelle ville offrent d’autres moyens distrayants de s’occuper?
La jeunesse s’est alors dirigée vers les hôtels, cyber cafés, bars et restaurants y découvrant de nouveaux plaisirs. Les enfants jouent aux adultes et les adultes y rejouent une version plus volage de leur adolescence - “ordre morale et inhibition 0% garantie”.
L’ambiance dionysienne jour après jour, fait oublier les problèmes du quotidien.
Loin du libertinage du peuple , la cour elle pour la majorité composée de multiples fous du Roi rivalisant dans l’art du retournement de veste et du verbiage, est occupée à flatter l’égo du Roi tout en lui cassant du sucre sur le dos. Ce dernier loin de se douter du double jeu de ses courtisans, n’hésite pas pour se divertir à organiser des péplums où ses fous se livrent à des batailles sans merci, se déchirant à coup de délation, de livres sans substance, mais sans manquer d’être distrayant pour qui a le temps de les lire. L’arène de temps en temps se transforme en un énorme banquet où se mêlent opposants, partisans, aveugles, éternels optimistes et membres du clergé. Les ennemis d’hier, regroupés autour du roi, sont installés sur une table qui en son centre assoit un Veau d’Or reluisant et faisant paraître les mets succulents encore plus impressionnant qu’ils le sont.
Pendant que la cour s'enivre et se goinfre, le Roi observe triomphant. Le peuple lui est acquis pense-t-il et ce à juste cause. Les courtisans tant qu’ils sont nourris ont espoir en lui et se chargent de porter la fausse bonne parole. Quant aux opposants, perdus et ivres d’approbation, de flatterie et de faveurs éphémères, ne se font plus porte-voix du peuple et de toute les façons ils ne peuvent plus discerner le vrai du faux, la misère de la prospérité. Quand ils se battent c’est à peine pour se disputer un peu plus de richesse. Le clergé lui, encore lucide profite des largesses du Roi pour s’occuper de son entourage, mais tellement occupés à construire, acheter et vendre, il ne prêche plus. Par contre il met un point d’honneur à riposter vivement si quiconque daigne s’en prendre à sa façon d’agir.
Pour remercier le monde attaché à sa cause, le Roi fit bâtir des édifices plus spectaculaires les uns que les autres. Pour rappeler qu’il ne se considère pas comme étant le seul régent, il fait construire non pas sa statue, mais une statue le représentant avec femme et enfant. “La famille prenant soin de la famille.”
Au royaume le temps passe étonnement vite. La jeunesse a grandie ou plutôt vieillie, les lieux de divertissement se sont remplis d’une nouvelle jeunesse blasée qui vient s’ajouter à des adultes affables, aux regards éteins. Certains s’arrachent de leur léthargie de temps en temps, tentant tant bien que mal de trouver une certaine stabilité, un emploi… peut-être une propriété. Mais comment travailler, si les heures d’études et à la longue les diplômes ont été troqué par des heures passées en boîte, en vacance, au bord de la mer et dans les hôtels? Les femmes ont de plus en plus de mal à se marier. Les temps sont durs, qui marierait femme et enfant? Sur les nouveaux modèles de CV, lisez: “alcooliques chroniques, ne peut travailler au-delà de 5h par jour.”
La ville elle, a gardé son aspect moderne et neuf. En effet, les tours de fer sont restées aussi vides, les hôtels sont désertés, car pour la nouvelle jeunesse, c’est du déjà-vu. Les invités du Prince qui soit-dit en passant est devenu Roi sans crier gare, se sont envolés vers d’autres contrées par ennuie. Les boites de nuit et casinos reluisant d’entant se sont transformés en bars sordides.
Peu de jeunes se sont miraculeusement réveillés à temps, mais plutôt que de réveiller les autres, ils ont préférés eux-aussi s’enfuir, la tâche étant quasi-impossible. Les éternels optimistes et certains membres du clergé, maintiennent une grande partie de la population à terre, en faisant miroiter un avenir radieux qui semble lointain. Il faut attendre, les temps sont durs… comme un disque qui se répète, les cycles sont les mêmes, mais sans Veau d’Or ni banquet.
Comme pour accompagner l’air du temps qui se dégrade, la ville s’est couverte d’abord d’un voile sombre permanent. Le jour de lourds nuages couvrent le ciel et la nuit tombée un voile encore plus opaque, inquiétant, couvre les maisons, les tours de fer, les routes et pénètre à l’intérieur des foyers. On ne se sent en sécurité nulle part.
Alors que l’on se pensait au bout du gouffre, un jour, la pluie commence à s’abattre sur le royaume. Les paysans furent les premiers à se réjouir pensant qu’enfin ils auraient de bonnes récoltes. Mais la pluie tombe toujours plus fort. Les routes commencent à se remplir, les tunnels et autoroutes deviennent des réceptacles, les maisons prennent l’eau. La pluie tombe et ne semble diminuer. Elle tombe des heures, puis des jours, enfin elle s’arrête. Les nuages font place à un ciel bleu, le soleil est haut et fort. Mais voilà, l’eau ne s’est pas retirée. Les routes sont impraticables, les voitures qui s’aventurent prennent l’eau et leurs passagers se trouvent forcé de faire demi-tour soit à la nage ou les genoux immergés. Les enfants ont pour seul loisir de se promener sur des planches faisant office de radeau, sur les eaux marécageuses et insalubres. Comble de l’horreur, des cadavres de chiens, chats et rats errants qui n’ont pu se mettre à l’abris des pluies flottent autour. Les populations désemparées tentent tant bien que mal de s'accommoder à leur nouvel espace de vie.
Des mois se sont écoulés, les pluies se sont succédées, empêchant la diminution des inondations. Désormais, les maisons ne servent plus de refuges. Les murs s’écroulent sans crier gare, les tours de fer tombent. Les sols gorgés d’eau ne soutiennent plus les monuments et statues qui s’effondrent comme des châteaux de sable. Les ponts s’effritent, il n’y a plus moyen de se déplacer.
Les populations, désemparées se ruent dans les mosquées et églises. Les lieux de cultes, aussi modestes soient-t-ils sont restés intactes. Passés de mode il y a quelques années, ils sont aujourd’hui assaillis et pleins à craquer. Certain ont choisi de s’enfuir pour ne plus jamais revenir, mais la mer en a englouti une partie avant qu’ils n’arrivent à destination.
Lorsqu’en passant, j’ai demandé si il y avait récemment eu une tornade dévastatrice qui est passée inaperçue l’on me répondit que oui…
"C’est une tempête qui a commencé il y a 10 ans. D’abord il y avait un vent doux, puis quelques moments il faisait plus froid, d’autres le vent devenait chaud et sec. Après quelques succession de sècheresse et de pluies éphémères, le vent a fini par se soulever, emportant avec elle nos faux espoirs, nos rancœurs, désespoirs pour former un orage intense, haineux, suivi d’une pluie qui a tout emporté dans son passage, comme pour nous laver de nos impuretés."
A présent, il n’y avait plus rien… reconstruire? Peut-être un autre château de sable, qui sait?
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