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Les Enjeux d’une Souveraineté du Secteur de l’Électricité (Par Abdoulaye SENE)

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Les Enjeux d’une Souveraineté du Secteur de l’Électricité (Par Abdoulaye SENE)
Une vaste campagne de désinformation est en cours contre la SENELEC, ses dirigeants et les travailleurs pour des raisons qui ne sont pas toujours claires mais surement pour des motivations liées à des intérêts stratégiques dans le sous - secteur. Les acteurs de cette campagne semblent être paradoxalement des partisans de la coalition actuellement au pouvoir. Ils s’adossent à la problématique de la souveraineté énergétique, évoquant la présence dominante des intérêts étrangers dans le secteur. Cependant, est - ce réellement, la souveraineté énergétique qui constitue leur principale motivation. Soulever, la question de la souveraineté énergétique, devrait être un exercice beaucoup plus centré sur les enjeux économiques (financement des investissements), sociaux (liés à l’accès à l’électricité en termes  de couverture du territoire,  au coût du KWh), politiques ( liées au choix des investissements à la viabilité du modèle juridique et ses incidences sur notre souveraineté), anthropologiques (au sens des enjeux de savoirs et de culture ). 

Nous nous invitons à ce débat non pour défendre la SENELEC ou les travailleurs, ou parce que nous avons défendu le service public de l’électricité (en tant que militant du SUTELEC) mais plutôt parce que les enjeux sont plus importants que ce qui semble se donner comme dénonciations sensationnelles de personnes non vertueuses. Nous sommes aussi convaincu, que le secteur doit connaître des ruptures systémiques, dans ses orientations politiques et sa gouvernance. L’avènement de la communication de masse, via les réseaux sociaux a du même coup contribué à la naissance d’experts et d’influenceurs en tout genre qui occupent aujourd’hui les lieux communs de construction, de diffusion, de production de l’information. 

Ils sont de savants chroniqueurs, spécialistes en toute matière (politique, économie, technologie etc..). Dans notre cas, il s’agit de l’énergie où un éminent expert évoque ces questions avec une certaine suffisance que l’on croirait qu’il en est un ingénieur.  Dans une conférence presse qu’il a récemment organisée, il parle  des coûts de l’électricité variant de 25 francs à 71 francs de la part de certains opérateurs et les prix pratiqués par SENELEC notant les subventions de l’État, pour conclure que les subventions vont donc vers ces derniers. Sans entrer dans des détails, il faut simplement dire que l’électricité produite avec des modalités différentes n’a pas le même cout de revient. En effet le cout de l’exploitation de l’énergie est variable selon la source primaire de cette énergie. 

Il y a une corrélation entre le cout de l’énergie primaire et le cout de l’énergie dans son usage final. Ainsi, l’énergie hydro-électrique de Manantali, de Félou (provenant des barrages coute entre  20 frs cout variable et 40 frs cout revient moyen) l’énergie éolienne (source primaire renouvelable – le vent, cout moyen variable 69 frs) ou solaire (entre 25 à 71 frs etc.) et les couts des énergies produites avec une énergie primaire fossile ne sauraient valoir la même chose. En guise d’exemple, une turbine à gaz fonctionnant en cycle non combiné, peut générer des couts variables de (148 frs TAG 4 – 2022 à 385 frs TAG 2 – Rapport annuel Senelec 2022).  Un professionnel de l’information, avec n’importe quel moteur de recherche aurait pu accéder à ces données sans au préalable disposer de connaissances profondes sur la question. En effet, en dehors du cout variable d’exploitation, il y a le cout de revient qui prend en compte les amortissements des investissements, qui sont différents selon la typologie des centrales. La question du cout de l’électricité, les subventions versées par l’État, sont des questions autrement plus sérieuses et complexes que ce qu’en dit notre expert.

Cela signifie que l’expert en question fait de l’amalgame à dessein (distillant de fausses informations) ou se veut expert d’une question qu’il ne maitrise pas. La deuxième hypothèse semble être la bonne, car nous l’avons entendu dire (comme invité dans une émission d’une télé numérique) à propos du dernier incident dans le poste source de Hann, qui est à l’origine d’un black - out sur l’ensemble du réseau interconnecté, qu’il fallait mener des investigations pour déterminer si cela ne relevait pas de sabotage car le réseau interconnecté se situerait du côté du Cap des Biches. Le réseau interconnecté c’est l’ensemble du réseau de SENELEC alimenté par les centrales de production et qui sont liées par le réseau de transport, à travers tout le pays et les pays de l’OMVS (et aujourd’hui la Gambie et la Guinée) pour faire simple. On peut déplorer les négligences coupables à l’origine de cet incident et recommander une enquête comme elle est requise dans de pareilles situations pour déterminer les responsabilités et non suspecter comme du temps de l’ancien régime, la SENELEC comme un repaire de forces dites spéciales. de souveraineté qui nous interpellent.  
De même on peut s’interroger sur motivations patriotiques qui sont à l’origine des points de presse et conférences de presse de quelqu’un qui avait une relation contractuelle, dont la transparence posait un réel problème aux acteurs du secteur (les syndicats notamment) jusqu’à voir l’OFNAC recommander l’examen juridique de la question.

C’est la première fois que l’on voit un entrepreneur du privé organiser une conférence de presse pour dénoncer la nomination d’un DG issu de l’entreprise et annoncer un contrat gré à gré de 3500 milliards  . Certains ont juste pensé qu’il était frustré de ne pas être nommé à ce poste du fait de son engagement dans la coalition DIOMAYE, on pourrait en douter au vu de l’argumentaire qui est convoqué par ce dernier. En effet, prenant prétexte de la prochaine mise en service de la centrale de WAE, un projet dont l’un des actionnaires est Samuel SARR ancien ministre de l’énergie, durant la gouvernance de Wade et aussi ex DG de la SENELEC, il pointe la responsabilité de la SENELEC dans la conclusion de ce contrat.  

Pour montrer que ce contrat serait au détriment de l’entreprise et du pays. On pourrait s’interroger sur les faits convoqués, d’autant que c’est la CRSE (loi 2002 – 01 abrogeant et remplaçant les alinéas 4 et 5 de l’article 19 de la loi 98- 29) qui étudie l’octroi des licences de production et lance les appels d’offres pour le cas des producteurs dits indépendants. La SENELEC, comme acheteur unique dans le cadre de la loi 98- 29 du 14 avril 1998 en tant que concessionnaire ne signait  que les contrats d’achat d’énergie. Il était requis lors de la demande d’une licence d’une concession de montrer un contrat d’achat d’énergie, pour dire que la loi n’empêche pas un privé de négocier un contrat d’achat d’énergie avant de disposer d’une licence de production. 

Au total, il faut analyser le rôle clé joué par ceux qui pilotaient le secteur à cette période et non celui des dirigeants actuels de l’entreprise pour justifier leur manque de transparence. Par ailleurs, on pourrait se demander, pourquoi dans démarche patriotique il ne fait pas le point sur l’état des lieux quant aux positions dominantes du capital étranger au nom de l’IDE très chère à la BM dans la sphère de la production indépendante. En effet, si jusqu’à présent, les coûts de production (variables, comme fixes) sont au niveau où ils sont, cela reste lié aux choix des types de production notamment le recours au tout diesel avec des puissances unitaires faibles (en général inférieurs à 20 MW) avec des rendements non compétitifs. 

En effet, les cycles combinés des turbines à gaz donneraient des rendements plus compétitifs avec des puissances unitaires plus importantes. Des choix politiques inopérants depuis les indépendances dictées par les officines multilatéralistes (FMI- BM) nous ont mis en situation de retard d’investissement avant de nous brider avec ces solutions de sauvetage souvent orientées. La centrale de WAE, quoique l’on puisse en dire, est un investissement propre à des nationaux, ce que l’on ne peut dire à propos de 80 à 90 % des IPPs, installés depuis 1998. Il s’agit aujourd’hui à notre sens, pour sécuriser le secteur, de réaliser des investissements propres à la SENELEC au moins 55 % de la puissance installée dont au moins 25 à 30 % du mix énergétique avec des sources primaires renouvelables.  

En effet, quand au moins, 25 % à 1 /3 de l’énergie vendue est produite par des capacités louées, (Voir rapport annuel 2022 – 2023 Senelec – KPS fournit le tiers de l’énergie vendue par la SENELEC) cela signifie que nous sommes loin de la souveraineté. C’est dire que ces interventions sur la SENELEC, au nom d’un ancrage, d’une influence au sein de la coalition au pouvoir doivent être réorientées vers une véritable analyse du secteur, ses difficultés, les couts onéreux de l’électricité et la présence dominante   des intérêts étrangers (la plupart des IPPs sont aux mains effectivement du capital étranger), sur la réforme en cours et les questions.

Nous voulons simplement dire que le secteur doit régler des défis de souveraineté qui sont l’accès à une électricité moins chère, des taux d’électrification de 100 % couvrant tout le pays à travers l’interconnexion ou des solutions hors réseau avec du renouvelable. Cela suppose une réflexion sur les tous les enjeux , politiques ( notre capacité à décider par nous-mêmes, de ce que nous voulons ) économiques ( un intérêt à disposer de mécanismes de financement qui ne nous enlisent pas et nous libèrent de l’endettement – une planification bien pensée )  sociaux ( l’électrification universelle , des emplois décents dans le secteur , des accords d’entreprise et ou de secteur – énergie – favorisant l’épanouissement des travailleurs actifs comme des retraités) , anthropologiques (au sens des savoirs acquis , des savoirs produits à diffuser pour les nouvelles générations). 

Nous lançons un appel aux acteurs pour des assises qui permettront de penser le devenir du secteur de façon à donner un principe de réalité à la souveraineté énergétique qui est annoncée. Il faut sortir du statut quo. Il y a lieu de revoir le code de l’électricité, de revoir tout le cadre juridique qui est plus une copie coller vendu par la BM dans nos pays. Le problème est plus profond que ne semble le poser les acteurs actuels de cette communication contre la SENELEC. 

Le 17 Septembre 2024

Abdoulaye SENE


4 Commentaires

  1. Auteur

    Deug Rek

    En Septembre, 2024 (20:05 PM)
    J ai suivi cledor avec une ignorance inouïe expliquer le réseau interconnexion,j ai failli m évanouir face à la grandeur de ses mensonges, quand on veut être expert zen tout voilà le résultat.

    Moi j ai pitié des populations surtout des jeunes qui avalent ses paroles sans retenue.
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    • Auteur

      Reply_author

      En Septembre, 2024 (20:15 PM)
      Clédor Séne et Akilé pour ne pas les nommer ont été pour ma part bénéfiques au pays dans les critiques qu'ils formulent en ce sens que dans le secteur de l'électricité on retrouve les anciens dirigeants d'alors de la boîte dans des difficultés qui étaient sensés nous trouvaient et nous proposaient des solutions de sortie de crise, aujourd'hui en alliance avec des étrangers dans le privé en possession d'unité de production d'électricité qui fournissent ce qu'ils.produisent à la Senelec dans des Contrats léonin qui leurs attribuent tous les avantages, qui leurs font la part du lion etc . Et cela est un fait exceptionnel, une bizarrerie que l'on ne retrouve que dans des pays où existe la corruption des agents de l'administration, qui souvent entre en connivence avec le privé pour transformer le bien commun en bien privé. Il n'avait manifestement une collision d'intérêts qui devaient divergés lors des signatures de Contacts et que l'on retrouve ensemble. Cela demande que les nouvelles autorités cherchent à y voir clair d'autant plus que le tarif de l'électricité est maintenant astronomique et insupportable pour les populations, qui ont délaissé l'usage des commodités de la modernité comme le frigo, le climatiseur, le fer à repasser, les éclairages de sécurité etc populations qui ne savent plus à quel saint se vouer.
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  2. Auteur

    En Septembre, 2024 (20:48 PM)
    Est ce que l'état arrivera à payer les fonctionnaires à la fin du mois?
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    • Auteur

      Reply_author

      En Septembre, 2024 (21:01 PM)
      Les gens qui font du guisané ou are guessing c'est à dire souhaitent quelque chose sans le dire directement comme ici que l'état n'arrive plus à payer les salaires comme ci celui qu'ils s'opposent leur adversaire politique est l'état, bref ceux ne sont pas des gens élaborés qui d'ailleurs n'ont pas leurs places dans un forum, ils ne sont pas intellectuellement outillés pour prendre la parole dans un débat sur l'orientation de notre politique énergétique .
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    Auteur

    En Septembre, 2024 (22:01 PM)
    Oui Cledor et Akili ne sont pas des experts et il s se perdent dans des explications techniques plus que hasardeuses. Mais ils ont le mérite de vous faire sortir du trou. Vous êtes comptable comme tous vos dirigeants de plus de 20 ans de saccage de cette boite. Et vous avez le courage de défendre Sam et son montage honteux . Dans un pays sérieux, tous les gens qui ont trempe dans ce type de contrat devraient faire un tour devant le juge. La réalité c est que il faut un régulateur plus fort et indépendant, un ministère fort qui prend en charge la planification, un opérateur du système et du réseau de transport indépendant , et enfin une senelec forte a qui on laisse les centres secondaires, les turbines a gaz et autres qui font la pointe, et la distribution. Il faut récupérer d une manière ou d une autre toutes les centrales qui ont été attribuées de manière douteuse, repenser la structuration financière avec 51% et plus a partager entre senelec / un fonds d investissement national ( ou on mettra une partie des recettes pétrolières, un peu de retraite et la diaspora) et un

    partenaire national ( on peut créer 2 a 3 champions locaux dans les O&M)….

    Short story vous pouvez réclamer des assises alors que vous faites partie du problème. Il faut sérieusement refondre architecture institutionnelle du secteur, de intégrer senelec et assainir. Il y a des personnes a bannir dans l énergie: sam et sa clique , mais tous les autres petits mangeurs qui ont leur boite et un pied dans l entreprise.
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    Auteur

    Forces Occultes ?

    En Septembre, 2024 (01:43 AM)
    Toute cette littérature « savante » est destinée à défendre la centrale de Sam et ses acolytes. Le dénominateur commun de ces actionnaires privés, c’est l’absence totale d’expérience dans le domaine de l’électricité ou la proximité avec l’ancien régime. Pourquoi engager la Senelec, une société nationale, dans un montage privé sans appel d’offres ? Pour garantir à ces businessman une obligation d’achat de leur production et sur quelle durée ? Quel a été le rôle de l’Etat dans la conception de cet enfant bâtard ? A mille lieux, ça sent le délit d’initié, le forcing, la prise en otage du secteur par l’association de quelques fortunes qu’il faut impérativement justifier d’ailleurs. On ne doit pas laisser des fonds occultes ou des prête-noms s’emparer de secteurs vitaux de notre économie, sous le faux prétexte du nationalisme. La Senelec ne doit être tenue par aucune obligation d’achat, aucun engagement à long terme vis-à-vis d’un quelconque fournisseur indépendant. Le seule constante devra être le prix d’achat et la qualité, dans un environnement concurrentiel. A ce titre elle doit sortir du capital de cette centrale pour éviter toute collusion ou prise d’intérêt occulte ou illégal. L’Etat doit être libre de choisir ses sources et des fournisseurs, et même construire ses propres centrales à gaz. Pourquoi un homme aussi controversé peut-il continuer à jouer les premiers rôles dans notre économie ? Qui ne se rappelle pas du fuel frelaté du temps df wade, avec des milliards envolés, sans compter les centrales endommagées ? De la mybach présidentielle vendue toujours sous wade ? De exelec ? De l’affaire Me SEYE ? Vraiment Wade nous a fait mal.
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