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[ Contribution ] MACHIAVEL FAIT PEAU NEUVE : FARBA, EL MALICK, OU LES DINDONS DE LA FARCE JUDICAIRE

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[ Contribution ] MACHIAVEL FAIT PEAU NEUVE : FARBA, EL MALICK, OU LES DINDONS DE LA FARCE JUDICAIRE

Quand Wade nous divertit

En politique, tout est possible, même l’impossible. Tous les coups sont permis, fussent-ils dirigés contre ses plus fervents défenseurs et les plus proches collaborateurs du Prince. Si c’est dans le but de redorer l’image de ce dernier, c’est de bonne guerre.

La République, parfois, peut être pire qu’une scène de théâtre classique ; nos gouvernants ravissent bien la vedette à Molière ou Shakespeare. Les uns usent de ruse, les autres, de corruption ; et quand les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous, la menace et l’intimidation font le reste. L’histoire nous apprend que le Nazisme, bien avant de s’étendre à une bonne partie de l’Europe, avait commencé d’abord par assujettir les « mauvais sujets » du Reich. Cet empire, dans le but de défendre, voire pérenniser une race supérieure, se croyait investi d’un devoir de protection de cette même race, au nom des liens du sang. Face à la montée en puissance de cette idéologie dans les années quarante, qui oserait parier, à l’époque, sur un 8 mai 45 ?

Même carbonisé, le vampire peut toujours renaître de ses cendres.

Devant le désespoir, une main tendue est toujours la bienvenue, une occasion à ne rater sous aucun prétexte, fût-elle la main du diable. Une fois de plus, c’est la main du Fou  qui sauve le Roi. Comme dit le vieux chinois, « il y a dans la vie, des occasions qui ne se présentent qu’une seule fois. » Nos gouvernants seraient ingrats de ne pas remercier Farba, pour leur avoir livré El Malick sur un plateau d’argent. Les pourfendeurs de la presse républicaine peuvent se réjouir d’avance et savourer leur victoire.

Même dans l’histoire des vampires, il est tout à fait banal de sucer le sang d’un proche, après l’avoir décapité, fût-il un frère, une sœur, un père, une mère. Quitte à rester en vie, il le faut, même si l’on n’en a pas envie. C’est seulement dans de telles circonstances que l’on reconnaît les véritables disciples de Machiavel, dont la survie passe obligatoirement par le sacrifice d’un proche. Comme des fauves, ces derniers reculent toujours pour mieux sauter et rebondir sur leur proie, avant de la dévorer à coups de griffes, afin de soumettre la dernière poche de résistance. Ils font peur, en effet, ces fauves, mais leur puissance et leur terreur ne les rendent pas invulnérables pour autant. Le fauve peut bien recevoir des coups ; son talon d’Achille constitue en même temps son anneau de Gisès. Et lorsqu’il est atteint, il gît par terre, il gémit et il inspire la compassion. Seulement, il ne faut jamais se fier à son état pitoyable ; ne jamais crier victoire avant l’assaut final. Il faut l’achever, parce que même terrassée, la bête peut toujours reprendre du poil.

Farba Comedy Show, acte 2.

Qui au Sénégal croirait que Farba Senghor serait un jour, inquiété ? Après les agressions tout azimuts dont les citoyens sont l’objet, sans mentionner les menaces proférées par ce Fou du Roi, qui oserait parier sur sa comparution au tribunal, encore moins devant la Haute Cour de Justice ? Sommes-nous en train d’assister à une tragi-comédie digne de la Grèce antique ?

Évidemment, l’Acte 2 du Farba Comedy Show fait partie de la stratégie de liquidation de l’adversaire, d’où le plan B, dans le processus de musellement de la presse républicaine, pour venir à bout de ces ‘méchants’ journalistes ‘incompétents’ qui, comme El Malick, ‘sapent’ la démocratie sénégalaise et ‘ternissent’ le nom et l’image du Président de la République et de son fils. En envoyant le Fou du Roi à l’échafaud, on en profite pour régler des comptes, pour vaincre le mal par la racine. Toujours la diversion, pour mieux asseoir la division, afin de régner sans partage.

Pour ceux qui savent lire entre les lignes, voici le message du Président de la République : « je livre Farba à la ‘justice’, et entre temps, je règles des comptes. J’en profite pour neutraliser tous les électrons libres et nettoyer au kärcher toute cette racaille de journalistes mal formés qui ‘polluent’ la vie des honnêtes citoyens. »

A cette déclaration de guerre, les frelons ne peuvent qu’applaudir, étant donné que Farba les avait traités de petits marabouts, sans mentionner que ces journalistes essaient de dénicher les dessous de la classe politico maraboutique, un sujet tabou dont personne n’a le droit de parler. Les Sénégalais sont-ils prêts pour lever le voile de l’obscurantisme et relancer le débat dans le processus de désacralisation du pouvoir spirituel, à l’instar du temporel, sans entrer dans le fanatisme ?

El Malick, l’agneau du sacrifice

A défaut de mettre la main sur Latif Coulibaly…

Sacrés politiciens, même le conflit au Proche-Orient peut servir d’inspiration. Comme dans les territoires occupés… L'échange des prisonniers a déjà eu lieu : d’une main, Farba est ‘livré  à la justice’, et de l’autre, El Malick décroche son ticket pour un séjour gratuit à Reubess. C'est donnant-donnant. La machination a bien marché, il est tombé dans le piège. Le poisson Malick vient de mordre à l’hameçon. Cette fois-ci, il est bien dans le filet du pêcheur. A qui le tour ? Quel prochain poisson est dans le viseur ? Et d’ailleurs, après El Malick, quel poisson audacieux osera patauger dans les ‘méandres’ de Korogho ?

La démission de Farba, (un non évènement) n’était qu’un appât, une stratégie visant à apaiser les tensions sociales, et étancher la soif inassouvie de la presse qui n’attendait que ce dénouement trop évident. Fin stratège, Maître Wade. Quand il nous mène en bateau !

Evidemment, quand un ministre de la République est appelé à comparaître devant la plus haute juridiction, la convocation, la garde à vue, voire l’emprisonnement d’un citoyen ordinaire passerait inaperçu, fût-il un journaliste. Pas de  quoi fouetter un chat, avec les gardes à vue prolongées et l’incarcération d’El Malick. La justice est ‘plus qu’indépendante’ au Sénégal, dans la mesure où elle peut entendre n’importe qui, fût-il le Fou du Roi. Surtout, ne soyez pas surpris, et ne criez pas victoire si Farba Senghor est inculpé ou condamné, cela fait partie des règles du jeu, puisque c’est un jeu, un sale jeu, comme au damier. On ivre  un pion à l’ennemi, afin de mieux le neutraliser. Le ‘procès’ imminent de Farba est un cadeau empoisonné.

Mascarade judiciaire : un scénario digne de Hollywood.

Le Sénégal est un Etat démocratique, à coup sûr, seulement, sa démocratie est pathologique, et serait même proche de l’agonie. A quand l’achèvement final ?

Une démocratie ne se mesure pas seulement par le nombre de croissant de journaux, de télés ou de radios mais sur la capacité de la République à assurer une autonomie entre les différents pouvoirs. Tant que le judicaire et le législatif seront assujettis à l’exécutif, il n’en sera rien du rôle de contre-pouvoir que ces derniers devraient jouer.

Encore une mascarade judiciaire, après les chantiers de Thiès dont on ne sait toujours pas de ce qu’il est advenu de l’accusé blanchi par son principal accusateur, puis livré de nouveau aux magistrats, suite à l’échec de leurs négociations secrètes. Plutôt que de faire la lumière ou de mettre la main sur les mis en causes dans les milliards de Korrogo, on s’acharne sur le rapporteur. Au lieu de demander au voleur de prouver son innocence, on exige du rapporteur, plus que des preuves. C’est le monde à l’envers, lorsque les présumés auteurs de vol, au lieu de prouver leur innocence, poursuivent les dénonciateurs. Lorsque l’accusateur n’a aucune preuve de vol, la justice lui demande d’en fournir. Et lorsque ce dernier dispose de ces preuves, il lui est également reproché de les détenir ; il est accusé de ‘recel de documents administratifs’. Le cas « Latif Coulibaly » en est une parfaite illustration. Que faire ?

Affaire Kambel : les auteurs courent toujours.

Les auteurs d’actes de vandalismes contre l’As et 24h chrono font aussi partie des agneaux du sacrifice. Ils croupissent à Rebeuss à la place de leur vénéré maître qui se pavane tranquillement, en attendant son ‘inculpation’ ou sa nomination éventuelle comme ambassadeur de l’impunité dans le royaume des sans voix. Voilà bien une sanction positive. Bienvenue au Sénégal, un vrai ‘pays de droit,’ une fierté pour l’Afrique, un pays où les gouvernants avouent leur impuissance face aux inondations, préférant parler de centrale nucléaire au moment où les sinistrés de la banlieue pataugent désespérément dans les eaux pour devenir des SDF. Voilà bien des gens qui, face à une catastrophe naturelle, perdent la notion et le sens des priorités, préférant se pavaner dans les airs, entre Paris et Dakar, pour recueillir des distinctions. En tout état de cause, ce n’est pas la création d’une agence des inondations (encore un gouffre à milliards) qui réglera le problème de la banlieue. De grâce, encore une fois, arrêtons d’exploiter la misère des populations de la banlieue à des fins purement politiciennes ou électoralistes. Avait-on une seule fois pensé à cette banlieue, lorsqu’on injectait 300 milliards dans les travaux de la corniche, ce luxe ni nécessaire, ni opportun ?

Au secours, où sont passés les porte-voix ?

La presse républicaine, ce dernier bastion de résistance est en train de rendre les armes, à l’image du 8 mai 1945. Une enquête qui piétine, malgré les assurances du procureur de la République. Suite aux agressions impunis de Kambel et Kara, sans mentionner les précédentes, Talla Sylla, Pape Cheikh Fall et j’en passe (faut pas les oublier), a-t-on une seule fois connu un rebondissement dans ces affaires à la fois ‘en cours’ et déjà classées ? Quelle justice oserait enfin mettre la main sur les agresseurs de Talla Sylla ? En tout cas, ce ne sera pas la justice sénégalaise. A moins qu’elle nous surprenne agréablement.

Le fauve, le vrai, ne chasse jamais bredouille. Evidemment, sa vitalité repose sur sa capacité à surgir, là où l’on s’y attend le moins. L’hyène qui rôde tranquillement dans le pré, se dissimule toujours sous une peau de brebis, et devient méconnaissable. Gare à la brebis qui par malchance, croise son chemin. L’hyène sauvage attaque ; elle fonce, elle terrasse, devant le silence complice des porte-voix, rassasiés par les milliards de la corruption, cet argent illicite qui pollue la cour des frelons de la religion. Ces derniers dont la plupart ont la bouche pleine, ont du mal à l’ouvrir, et par conséquent, se bâillonnent eux-mêmes, s’autocensurent devant la détresse des masses qu’ils drainent.

Seuls les imbéciles ne changent pas…

Au contraire, seuls les imbéciles changent. Lorsqu’on est convaincu d’être dans le droit chemin, on ne doit ni faiblir, ni craindre de mourir dans la solitude. Même le bon Dieu n’admet pas de rival, d’où le fondement de la foi monothéiste et du principe de l’unicité divine. L’Etat qui revendique le monopole de la violence légitime soumettrait quiconque se met en travers de son chemin. Thomas More, en refusant de signer le serment de reconnaissance de la suprématie spirituelle de Henri VIII, fut emprisonné puis décapité. C’est dans l’ordre normal des choses. On ne se bat pas contre un Etat, à coup sûr. Quiconque s’amuse à le faire, se jette dans la gueule du loup. El Malick vient de l’apprendre à ses dépens.

Seulement, depuis l’aube des temps, des personnes intègres se sont toujours levées pour dire non. Certains ont payé de leur vie ; d’autres ont fait la prison et subi des tortures sans jamais fléchir dans leur position. Bilal, le premier Noir converti à l’Islam, et par ailleurs, muezzin du prophète, a préféré défier son maître plutôt que de se plier à ses exigences. Sa conversion à la nouvelle religion lui a valu une torture sans fin, précédant son affranchissement. L’Islam lui doit beaucoup, même si par racisme, beaucoup de nos ‘frères’ arabes peinent à reconnaître son héroïsme.

Lorsqu’on refuse de signer le pacte d’allégeance à la hiérarchie suprême, cela se paye cash. Serigne Touba, ne prit-il pas le risque de défier le colon, en accomplissant une prière de deux rakas, dans la grande salle du gouverneur de Saint-Louis ? Son exil forcé dans la forêt hostile de Mayomba (au Gabon) pendant sept ans, n’est-il pas trop payé pour cet homme dont le seul défaut est d’adorer Dieu et d’être le serviteur du prophète de l’Islam ? Si seulement il avait faibli, ne serait-ce qu’une seule fois, la ville de Touba resterait certes dans l’anonymat total, à l’image des guides religieux qui, sous le coup de la menace et de l’intimidation, ont capitulé pour se plier au bien vouloir du gouverneur de Saint-Louis à l’époque. L’histoire se répète toujours ; l’histoire regorge de références, d’hommes vaillants qui face à l’Invincible Armada de l’ennemi, ont toujours su tenir bon. Ils ont déjà montré la voie. Les révélations d’El Malick ne sont rien d’autre que l’arbre qui cache la forêt obscure et sinueuse qu’est devenu le Sénégal, une jungle sauvage où l’engagement, l’intégrité ou la dignité humaine se marchandent, à coup de millions, ou à coups de menaces.

Tenez bon, El Malick, car aujourd’hui, vous êtes en train d’écrire de sombres belles pages dans l’histoire de la presse républicaine. Vous ne serez ni le premier, ni le dernier à payer le prix de votre intégrité et de votre refus de soumission. Pour paraphraser l’illustre Hampâthé Bâ, « on peut certes nous emprisonner, mais jamais on ne pourra nous empêcher de penser. »

Seulement, sommes nous prêts à devenir des El Malick, pour le triomphe de la liberté, de la vérité et de la justice sociale ? 

 



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