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PEUT-ON CONJURER L’APOCALYPSE AU SENEGAL ?

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PEUT-ON CONJURER L’APOCALYPSE AU SENEGAL ?

Comme on pouvait s’y attendre, de gros nuages sombres sont en train de s’amonceler dans le ciel sénégalais. Confrontés au lourd héritage wadiste, les tenants du Yoonu Yookuté et leurs alliés ne réussissent pas, pour l’instant,  à atténuer, encore moins à juguler la grave crise sociale, qui sévit dans notre pays. Ne sentant aucune amélioration dans leur vécu quotidien, malgré les campagnes médiatiques plus tapageuses que pertinentes des thuriféraires néo-libéraux, les masses populaires, après une longue période d’expectative, marquée par un profond doute - comme l’a éloquemment indiqué la forte abstention aux dernières législatives - montrent des signes inquiétants de désespérance sociale marquée par l’indiscipline,  l’irresponsabilité et le retour aux théories du conservatisme social. En somme, tout le contraire du projet "yakaariste" porté par l’APR et Benno Bokk Yakaar.

En témoigne la montée inquiétante de l’insécurité illustrée par l’inexorable  spirale de crimes gratuits et d’accidents de la circulation meurtriers et spectaculaires, donnant parfois le sentiment d’une apocalypse imminente. Face à cette situation délétère et aux défaillances des pouvoirs publics à assurer leur sécurité, les populations tendent de plus en plus à instaurer leurs propres systèmes d’autodéfense et à prôner l’instauration d’une justice expéditive, autant de jalons vers la remise en cause des normes et valeurs démocratiques, d’où le succès grandissant d’une nouvelle génération de leaders religieux.

Du fait même de l’étroitesse de la marge de manœuvre dont dispose le nouveau pouvoir sur les questions économiques,  malgré l’enrôlement d’experts de la haute finance, en raison de l’état lamentable des finances publiques mises à mal par le pillage effréné des ressources nationales par les responsables du régime précédent et à cause de la gravité de la situation économique mondiale, le gouvernement d’Abdoul MBAYE serait bien inspiré de s’atteler à mener à bien le processus de refondation institutionnelle, à élaborer une vision claire et à proposer des axes programmatiques pertinents, vers une rupture véritable, ce qu’il est loin de faire. C’est ainsi que, près de cinq mois après l’éviction du Président Wade du pouvoir, l’opinion nationale ressent, après les premières mesures de son successeur, une désagréable impression de déjà-vu.

Entre théâtralisation de la vie politique, effets de manche en lieu et place de solutions concrètes, persistance des travers au niveau de la Justice et des forces de sécurité, recrutement de mercenaires transhumants, on ne peut que constater la similitude des démarches entre le nouveau président et son ex-mentor, en ce que tous deux sous-estiment l’importance de la refondation institutionnelle et du renouveau éthique qui, pourtant demeurent les plus accessibles à l’intervention d’une classe politique chevronnée et expérimentée avec tous les effets induits sur la bonne gouvernance, qui va attirer de nouveaux investisseurs.

Il semblait pourtant, que les forces progressistes de notre pays, pionnières dans la lutte contre les pouvoirs autoritaires et patrimoniaux, étaient depuis longtemps convaincues de la nécessité d’un réaménagement institutionnel en vue de procéder à un rééquilibrage des pouvoirs entre les différentes Institutions par une réduction des attributions de la Présidence et un renforcement des prérogatives du Parlement, sans oublier l’autonomisation du "pouvoir judiciaire".  Ne disposant pas encore d’une représentativité suffisante pour prendre, elles-mêmes, les rênes du pays, les forces de gauche de notre pays,  ont été confrontées aussi bien en 2000 qu’en 2012, à ce qu’il faut bien qualifier de quadrature du cercle ! En effet, il devient de plus en plus clair, qu’il est extrêmement difficile pour un Président déjà élu, subissant de fortes pressions sociales et même familiales (sic !), de toutes sortes, d’initier des mesures visant à la réduction de ses propres pouvoirs ! C’est ce qui faisait toute la pertinence de la transition politique qui implique la rupture avec les anciens régimes dans une optique de préservation des principes démocratiques et de respect de l’Etat de Droit.

Autant dire que la refondation institutionnelle pourra difficilement être octroyée par un leader visionnaire, même bien entouré par une pléthore de conseillers avisés, mais devra être arrachée par le peuple souverain !

Il est indéniable que le leader de l’APR a réussi habilement à rassembler l’essentiel des appareils dirigeants de l’ancienne opposition wadiste autour de sa personne, en vue de remporter successivement les élections présidentielles et législatives. Il faut, toutefois déplorer le fait que la base programmatique présumée (car non encore officialisée), de cette alliance au sommet ne semble pas s’inscrire dans la dynamique des Assises Nationales, occasionnant des grincements de dents au sein du peuple des Assises, notamment les diverses composantes du M23.

Pour cette deuxième alternance de 2012,  tous les espoirs étaient pourtant permis avec l’organisation des Assises Nationales et la révolution citoyenne conduite par les organisations de la société civile et le mouvement Y’EN A MARRE. Les conclusions de cette importante concertation nationale  ont constitué le socle programmatique de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal, qui finira par se désintégrer en plusieurs fragments, laissant ainsi la voie libre à l’APR, dont les réserves sur des éléments décisifs du processus de refondation institutionnelle étaient de notoriété publique. De fait, dès sa prise de fonction, les premières mesures du Président Macky, à une exception près (le retour au quinquennat), vont confirmer son profond scepticisme vis-à-vis des mesures institutionnelles préconisées par les Assises. C’est ainsi qu’il optera pour la continuité concernant trois mesures en porte-à-faux avec le processus de refondation nationale, à savoir le cumul des mandats de président de la République et de secrétaire général de l’APR, la nomination d’un homme politique au Ministère de l’Intérieur et le maintien du Sénat.

Les observateurs attentifs et désintéressés de la vie politique nationale  ont déjà commencé à tirer sur la sonnette d’alarme, sur le hiatus entre une élite politique occupée à se partager des strapontins et des populations plongées dans une misère de plus en plus accentuée. Une révolte sourde couve dans certains grands partis contre des dirigeants, à cause de l’extrême indulgence, dont ils font preuve  vis-à-vis de néolibéraux hostiles aux conclusions des Assises Nationales et faisant montre d’appétits politiciens démesurés.

Pour faire face à la demande sociale exacerbée et  au rétrécissement graduel de la base sociale de  Bennoo Bokk Yakaar, le nouveau pouvoir ne dispose que d’une équipe gouvernementale  composée selon une logique de quotas préjudiciable au leadership du chef de gouvernement et à  l’homogénéité du groupe, d’une Assemblée Nationale,  frappée dès le départ du sceau du marchandage alimentaire et d’un Sénat illégitime et obsolète.

Autant dire que le peuple sénégalais attend, en plus de la résolution des  urgences socio-économiques, l’adoption des mesures rectificatives urgentes et le retour aux valeurs cardinales de la nouvelle citoyenneté, de la refondation institutionnelle et du renouveau moral pour sauver la Patrie en danger.

Puisse Dieu nous préserver de l’Apocalypse qui nous guette !

NIOXOR TINE


4 Commentaires

  1. Auteur

    Citoyen

    En Août, 2012 (01:56 AM)
    Sauvons l'Université publique sénégalaise



    Malgré les moyens substantiels mis à la disposition de l'enseignement supérieur de notre pays, les résultats sont qualitativement et quantitativement loin des normes de l'UNESCO. Nos instituions d'enseignement supérieur ont surtout un problème de management (mal gouvernance, corruption, népotisme, dépenses de prestige, gestion solitaire en lieu et place de la gestion démocratique et légale, non respect des lois et des règlements, etc.) avec la complicité active ou passive de la communauté universitaire (avantages indus, intimidations, etc.), des autorités étatiques qui feignent de ne rien savoir pour éviter la confrontation avec ceux (les amis politiques!) qu'ils ont nommé à la tête de ses structures et qui agissent parfois comme des monarques en gérant la chose publique à leur guise. Face à la démission de l’État, chaque corporation cherche une solution pour améliorer ses conditions d'existence et parfois au détriment de la communauté. Cette situation est donc une conséquence de l'inaction de l’État. En effet quand les dirigeants (nommés par le Président) gèrent la chose publique en dehors des normes établies sans être inquiétés le moindre du monde, les syndicats demanderont des chosent hors normes et c'est le début du CHAOS. A l’État de faire l'état de la gestion de ceux qu'il a nommé, punir ceux qui se sont montrés indélicats et récompenser les autres, ensuite il serait facile de demander aux syndicalistes de faire preuve de mesure et enfin sévir dans le respect de la loi si de besoin. Il est temps de restaurer l’État de droit (et donc des devoirs).

    L’État ne peut continuer à protéger ceux qui mettent à genou nos institutions d'enseignement supérieur et jeter en pâture les syndicats, je pense que les responsabilités sont partagées.

    Des assises avec ceux qui bloquent le système pour des raisons personnelles ou émotives ne serviraient à rien, je proposent des assises des anciens du systèmes pour faire des propositions objectives. Il est souvent difficile d'être juge et parti.



    C'est un appel à tous les patriotes de notre pays, il faut un sursaut national si nous voulons léguer un Sénégal émergeant aux générations futures.
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  2. Auteur

    Xeme

    En Août, 2012 (10:10 AM)
    Tous les gens réfléchis avaient compris que Macky est installé au pouvoir, par une campagne de feu et sang, pour vous faire souffrir. Et pour que la pilule puisse passer, 100 journalistes à son service. Chaque mauvais acte sera peint d'une belle couleur qui fera sourire les niais.
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    Auteur

    Duviet

    En Août, 2012 (11:51 AM)
    ON VA S'EN SORTIR :



    Désormais on devra choisir les œufs et même la poule avant de faire l'omelette ! si on opte pour la la traçabilité la transparence la compétence le contrôle et la sanction nous allons enfin sortir des pays non encore au commencement de l'émergence !
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    Auteur

    N'importe Quoi !

    En Août, 2012 (12:27 PM)
    je préfère celui qui me dit qu'il est prêt à faire face, quelque soit la situation à celui qui me dit qu'il n'y aura pas de problèmes.



    Il n'y a pas de fatalité ni de malédiction,

    il n'y a que des gens qui ne se préparent pas au pire.







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