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PLEIN SUD :Pape Malick Ndiaye

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PLEIN SUD :Pape Malick Ndiaye

En général, ce sont les histoires d’amour qui finissent toujours mal. Ce n’est pas moi qui le dis, mais les Rita Mitsouko qui le chantent. Mais là, c’est une histoire d’informatique qui se termine mal. Un jeune homme de vingt-trois ans est en train d’en faire l’amère expérience dans une cellule de la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Pendant que vous lirez cette chronique, il sera sans doute en train de se demander ce qu’il fait là et pourquoi. Ce n’est pas que ce jeune a besoin d’être corrigé ni que la société tienne à ce qu’il soit arrêté. De toute évidence, la place de Pape Malick Ndiaye, fils de Ndakhté et de Rama Diop n’est pas dans une cellule de prison ni dans une chambre d’hôpital. Sa place est à l’université et surtout dans sa famille et parmi ses copains.

Pape Malick, né le 5 décembre 1982, est rentré à Dakar en août 2005, en vue de préparer un voyage d’études au Japon. Il venait d’être admis, après une rude sélection internationale, avec vingt-quatre autres étudiants étrangers à l’université d’Osaka, le seul Africain du groupe. Cette bourse d’études tombait bien : Pape a toujours aimé le pays du soleil levant et il venait d’obtenir son premier diplôme universitaire à Strasbourg. Ndakhté Ndiaye et Rama Diop ne pouvaient que s’en féliciter. Leur petit dernier comblait ainsi leurs attentes. La famille vit modestement, mais dignement à Liberté 4, dans un petit pavillon bien entretenu: Ndakhté, Rama, Moustapha, Ousmane et Pape Malick, leurs trois fils. Mais à eux cinq, cela leur suffit. Ndakhté est à présent à la retraite. Dans l’administration, il a été longtemps le chauffeur de Moustapha Niasse, depuis la présidence de la République où Niasse était le directeur de cabinet de Léopold Sédar Senghor jusqu’au ministère des Affaires étrangères qu’il a dirigé et marqué de son empreinte. Les deux hommes sont très liés. Le fils aîné du couple porte le nom de l’ancien Premier ministre et chef de la diplomatie sénégalaise.

Ndakhté a terminé sa carrière administrative à l’ambassade du Sénégal à Tunis où il a également servi les ambassadeurs Ibra Déguène Kâ, Moustapha Cissé et Mamadou Diop. Aujourd’hui, il cultive son champ de mil à Ndiaye Ndiaye, dans le département de Fatick. Pendant ce temps, à Liberté 4, Rama vend des beignets pour améliorer l’ordinaire de la famille. Voilà donc une famille tranquille et paisible jusqu’au déclenchement de l’affaire dite des pots-de-vin de l’ANOCI. Au moment de l’éclatement du scandale, le père de famille était aux champs. Il a vite rejoint sa famille.

Pape Malick Ndiaye a passé son diplôme universitaire d’études générales (DEUG) en langues étrangères appliquées (LEA). A Dakar, il n’est pas connu pour avoir des activités politiques ni des affinités dans ce milieu. Au contraire, la politique ne l’intéresse même pas. En revanche, comme la majorité des jeunes de tous âges, Pape est féru d’informatique et d’Internet. Ce n’est pas pour rien que les claviers fleurissent et s’épanouissent comme mille fleurs au Sénégal. Et que la téléphonie mobile se développe à une vitesse supersonique qui ne laisse pas les investisseurs indifférents. Le clavier, la souris et l’écran n’ont plus de secrets pour lui. Il se meut dans ce domaine comme un poisson dans l’eau. Pape est un enfant du troisième millénaire. On ne dira jamais assez à nos enfants combien Internet peut être dangereux. Paradoxalement, les ennuis de Pape Malick Ndiaye viendront de sa passion pour le Net.

Le couple Ndiaye a subi les affres de la soudaine célébrité de leur famille dans la plus grande retenue. Leur vie de citoyens anonymes a pris fin dès que la presse s’est emparée de l’événement. Ils se sont gardés de prendre part à la polémique et de s’exprimer dans la presse. Ils sont restés d’un calme presque olympien, surtout le père Ndakhté. Mes confrères avaient écrit à juste raison que la famille vaquait normalement en dépit de la gravité des charges qui semblaient peser sur un des siens. C’était la réalité, en effet. Il doit bien y avoir une raison à cette tranquillité autrefois affichée. Pape Malick, dérangé par sa nouvelle célébrité, se privait de sortir et s’astreignait à rester devant le petit écran. Mais cela ne l’empêchait nullement de prendre l’air devant la porte du domicile familial. Mais aucun signe de nervosité ni d’inquiétude. Force est de constater que la vie continuait son cours chez les Ndiaye dans la confiance. Il devrait y avoir une explication à ce comportement, à cette maîtrise de soi. Une assurance que tout devait bien se terminer pour Pape Malick ? Une certitude que le plus dur était passé ? Une conviction que les choses reviendraient à la normale pour l’étudiant et sa famille ?

Quelque chose d’inattendu, un élément nouveau de dernière minute semble avoir perturbé cette délicate hypothèse. Le scénario du happy end a viré au drame familial. Pour une raison encore inconnue et contre toute attente, Pape Malick s’est retrouvé en prison. Contre toute attente, parce qu’en dépit de lourdes charges présumées, il a toujours été laissé en liberté et en paix par la police et la justice sénégalaises. Notre conviction est que cette affaire qui semble être revêtue des oripeaux de la banalité ne l’est pas en réalité. Une simple histoire de dénonciation calomnieuse ou de chantage présumé ne saurait expliquer le brusque revirement de la justice et de la police sénégalaises à l’encontre de Pape Malick Ndiaye. Il n’est pas logique de passer du tout laxiste au tout répressif, de père cool à père fouettard. La presse avait parlé d’un corbeau qui se serait mis en tête de faire chanter deux ministresses. Que l’on sache, il n’a même pas écopé d’une peine ferme de prison. Est-ce la personnalité des personnes concernées qui différencie les deux affaires ? Pape Malick Ndiaye de toute évidence n’est pas un escroc ni un criminel. Sa place n’est pas à Rebeuss. Il est certain qu’il serait bien mieux à Liberté 4, à préparer un autre avenir que le destin funeste auquel des péripéties informaticiennes, appelons cela ainsi, voudraient le conduire comme le loup mène l’agneau à l’abattoir. Aujourd’hui, la famille Ndiaye aussi prend en main son destin en se dotant des services d’une avocate qui a pignon sur rue. L’action prend le pas sur la passivité.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
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