PLUS DE RESPECT AU MONDE RURAL

Dans le cadre de la politique de protection de certaines filières ou de certains produits jugés sensibles, le Gouvernement du Sénégal avait maintenu des dispositions de restrictions des exportations au grand bénéfice des producteurs.

Ces dernières années, les campagnes arachidières se sont conclues avec d’importantes productions de graines ont été enregistrées ; elles  dépassent, régulièrement et très largement les besoins des industries locales de transformation.

Ainsi était introduit, en substance,le rapport de présentation du ministre d’alors pour le projet de décret libéralisant la commercialisation des arachides en 2010.

Le décret 2010-15 du 13 janvier 2010 stipule dans son article premier que« l’exportation de l’arachide, sous quelque formes que ce soit, est libre ». Exception faite sur les semences qui restent soumises à une autorisation du ministre.

Des intermédiaires se regroupant dans des structures d’intérêts communs synonymes de syndicats sont les principaux acteurs de l’Etat dans la filière arachidière et participent activement au mécanisme de fixation du prix de l'arachide au sein du Cadre National Interprofessionnel de l’arachide(CNIA).Avec eux, ces pseudo-syndicats, une mafia est alors née et, est entretenue par l’Etat et les paysans malgré eux.

Les paysans ou agriculteurs du Sénégal représente environ 60% de la population sénégalaise. Ils sont laissés à la merci de ces acteurs qui contrôlent en amont et en aval la filière arachidière pour leur intérêt crypto personnel.

Comment comprendre que des acteurs dits professionnels aussi imprégnés des réalités du marché international contraignent l’Etat (qui pourrait même être complice) à fixer un prix plancher à 210 FCFA/kg avec un grand retard orchestré au démarrage de la campagne arachidière. En même temps, ils surestiment la production annuelle pour disposer d’un quota à l’exportation qui pourrait dépasser la production annuelle réelle. Ainsi après plus de trois semaines de commercialisation réelle sur le terrain, l’Etat démarre sa commercialisation le 03 décembre 2019. Maintenant cela fait juste 10 jours de campagne comme nous le renseigne ce matin un correspondant d’une radio privée très écoutée « que des opérateurs de Tamba attendent le décaissement des banques avant que l’arachide ne soit bazardé dans les marchés hebdomadaires ». Quelle grosse blague ? La mafia installe ses tentacules partout. S’ils réussissent à faire décaisser à la SONACOS de l’argent, ce ne serait pas pour acheter des graines à 210 F CFA car sur le même marché ceux qui proposent 250 F CFA ne trouvent pas de graines aujourd’hui.

A cet égard, il y a lieu de constater que certains producteurs qui s’étaient accordés avec des coopératives d’huilerie pour céder 700 kg par hectare de leur production contre remise des engrais et des semences. Ces producteurs devront se contenter de 210 Fcfa pour la vente de leur production contre 265F CFA le kg sur le marché libre. Et il n’est même pas évident que ces contrats rapportent un tonnage conséquent.

En voilà une situation étrange alors que le prix est censé avoir été fixé en fonction du marché international. Comment le prix du kg de manière quasi miraculeuse bondit à près de 300 F CFA ? Pourquoi les étrangers se bousculent dans nos hameaux et villages et proposent un prix de 250 FCFA à 265 FCFA au prix à la coque et 465 F CFA le kilo le prix des graines triées alors que d’après le CNIA, ils peuvent l’avoir à 170F CFA hors du Sénégal ? Ne nous cachons pas la vérité : il y a un gros mensonge, une grosse arnaque que l’Etat n’a pas su éventer !

Les acteurs présents lors de cette réunion de la CNIA pour fixer le prix du kg d’arachide pour la présente campagne devraient être convoqués et entendus sur le bien fondé de leur affirmation et la fiabilité de leurs documents de travail.

Si la SONACOS débloque 30 milliards pour le démarrage de la campagne le 03 décembre dernier ; après 10 jours de campagne certains travailleurs d’huilerie manifestent pour exiger l’arrêt des exportations, car, disent-ils, le risque est énorme que les huileries ne trouvent des graines pour faire tourner leur presse à huile et des semences pourraient manquer pour la campagne agricole prochaine.Et Que faut comprendre quand certaines autorités demandent aux paysans de ne pas bazarder leur récolte dans les marchés parallèles. Cela fait rigoler car on dirait qu’elles sont en déphasage avec la réalité du moment et font comme si nous en sommes à la situation des années passées. Qu’elles se réveillent ! Les graines sont achetées même au niveau des hameaux et villages les plus reculés à un très bon prix. Et ceux qui ont abusé les autorités en les poussant à fixer le prix de cette année s’en tirent à bon compte avec beaucoup de bénéfice. C’est cela la réalité.

Il y a aujourd’hui à revoir la politique arachidière au Sénégal.Elle ne peut pas être portée par des gens qui n’ont rien à voir avec l’arachide. Les paysans souffrent, les semences subventionnées mises à leur disposition ne leur parviennent pas, les graines invendues gardées pour semences dans les secco métalliques sont toujours de mauvaises qualités et ne sont jamais semés par les paysans qui les utilisent dans l’alimentation.

Ce dont les paysans ont vraiment besoin, ce sont les intrants (engrais et urée) de qualité avec les formules NPK en phase avec les variétés semées. Il faut que l’Etat arrête d’enrichir des gens avec la subvention destinée aux paysans. Le Sénégal dispose d’un Etat organisé avec un démembrement de ses services techniques dans tous les chefs-lieux de département voire d’arrondissement. Pourquoi aujourd’hui abandonné ces fonctionnaires avec leur rapport annuels et leur expertise et croire à des organisations mafieuses qui ne sont là que pour leur intérêt.

Trop c’est trop mettons fin à ce système mafieux qui appauvrisse les cultivateurs et fait sombrer l’économie de notre pays.