C’est à l’Hôpital Américain de Neuilly, en France, où j’étais en traitement, que me sont parvenus les échos de la contribution de Monsieur le Président du Bureau de l’’’Association des Anciens Gouverneurs’’, mon condisciple Souleymane Diène.
Des amis, de Dakar, mais aussi d’ailleurs, du Sénégal, m’ont, en effet, appelé, outrés par la sortie que Monsieur le Gouverneur DIENE a cru devoir faire publier dans la presse.
Que nous vaut, donc, la diatribe de Monsieur DIENE ?
L’article que nous avions fait paraître dans la presse, consacré à l’expression « Commandement Territorial » et à l’appellation de « Gouverneur », semble avoir soulevé l’ire de l’ancien Gouverneur, qui, sans se donner la peine d’analyser notre propos, a, d’emblée, ‘’rué dans les brancards’’.
Un observateur averti a dit un jour que nous, nègres, avons, très souvent, des problèmes avec notre égo.
Faut-il lui donner raison ? L’initiative du Président DIENE, en tout cas, va dans ce sens.
Le ton, manifestement belliqueux, les propos allusifs, à la limite de la malveillance, renseignement sur l’état d’esprit de l’homme, qui s’est voulu, volontiers, polémiste, sans raison objective.
Monsieur DIENE devrait bien réfléchir – c’est le minimum qu’on exigerait d’un président d’une Association de hauts-fonctionnaires – sur son allusion, tout simplement débile, quant à notre qualité usurpée de ‘’porteur de pancartes’’.
Les membres éminents de l’Association des ‘’porteurs de pancartes’’, qui sont des personnalités, souvent de haut niveau, investies de responsabilités, hier et aujourd’hui, seraient des ‘’inconscients’’ qui accepteraient qu’un usurpateur soit placé à la tête de leur Association.
Les Sénégalais de référence, membres fondateurs et actifs de l’Association, que sont Amadou Racine Ndiaye, Tidiane Baïdy Ly, Youssou Diop, Amadou Ndéné Ndaw, Bouré Thiaw, Tamirou Dème Assane Masson Diop, Nguirane Ndoye, Baro Diène, Adja Awa Gaye, Adja Maguette Diop, Alioune Fall Cans, et j’en passe, témoins et acteurs de l’histoire, apprécieront, sans doute.
Mais ils se rappelleront que l’être humain est ainsi fait, que lorsque la méchanceté et l’envie de faire mal l’étreignent, il perd tout sens de la mesure et devient capable de toutes les outrances.
Cette simple remarque suffit comme réponse au questionnement mesquin de Monsieur DIENE, s’agissant de ma participation à l’accueil historique du Général De Gaulle, à la place Protêt de Dakar, le Mardi 26 Août 1958.
Au demeurant, Secrétaire général à l’organisation et à la Propagande, Délégué des jeunes au Bureau politique, Délégué au congrès de Cotonou, plus tard Signataire du Manifeste du PRA-Sénégal du 20 Septembre 1958, je ne pouvais être absent à l’accueil du Général De Gaulle, le 26 Août 1958.
Du reste, Souleymane Diène, me donne l’occasion d’affirmer que je suis fier, aujourd’hui, de pouvoir dire, face à sa malveillance, que j’ai participé, très tôt, et avec vaillance à la longue marche de notre peuple pour l’émancipation et l’Indépendance.
Président DIENE, mon article ne s’intéressait pas à votre corps, prestigieux, de hauts-fonctionnaires, dont notre pays est fier.
Contrairement à votre perception subjective, mon souci était d’un autre ordre : je pense, et continue de penser, que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, depuis 1960.
Je pense, et continue de penser qu’en 2015, les appellations de ‘’Gouverneur’’, et de « Commandement territorial », sont passées de mode.
Elles renvoient à l’ère coloniale, à une période de domination.
Il n’est pas acceptable, Président DIENE, qu’en 2015, plus d’un demi-siècle après l’accession du Sénégal à l’Indépendance, vous affirmiez que l’appellation ‘’Gouverneur’’ ou ‘’Commandement territorial’’, sont neutres et sont sensés renvoyer aux réalités auxquelles elles s’adressent.
Non, Président DIENE.
Notre République de 2015, caractérisée par une démocratie que tout le monde nous envie, ne peut s’accommoder des termes ‘’Commandement Territorial’’ ou ‘’Gouverneur’’.
Le ‘’commandement’’, d’essence militaire, n’a pas besoin d’exégèse.
Il sous-entend l’affirmation d’une autorité qui ne se partage pas et ne se discute pas.
‘’Gouverneur’’, pour nous, Sénégalais, renvoie au temps des Signares et des Fanals.
Le mot évoque Faidherbe, Béchard, Lami, Cornut-Gentille, Messmer etc.
Pensez-vous, vraiment, que le mot n’est pas désuet ?
Ce sont ces réflexions qui ont fait la trame de mon article.
Mes préoccupations n’ont, donc, rien à voir avec votre cours élémentaire de droit administratif, qui est le substrat de votre article polémique.
Dois-je vous rappeler, (alors que nous étions tous deux étudiants-travailleurs), j’étais un des meilleurs étudiants du Doyen Alain Bockel, en droit administratif et en science administrative.
Il est vrai que nous ne pouvons pas avoir les mêmes reflexes, parce que n’étant pas issus du même moule.
En 1960, déjà, j’assumais des fonctions électives de Conseiller Municipal, au titre du quota des jeunes, dans notre vieille commune de plein exercice de Rufisque, aux cotés de Maurice Gueye, Ousmane Socé Diop, Alioune Badara Mbengue, Pierre Crémieux Babacar Ndiaye Ndioro, Abdoulaye Sadji, et autres monuments de la politique Sénégalaise.
Ce sont les acteurs politiques qui ont le monopole des combats politiques, qui ont amené le Sénégal là où il se trouve aujourd’hui, avec un système démocratique reconnu et une Administration, parmi les meilleures en Afrique.
C’est ce postulat qui m’amène à aborder le volet que vous ne voulez pas considérer, dans les réformes à envisager: la suppression de la tutelle.
J’ai l’insigne honneur et la fierté d’avoir participé à des œuvres de réformes qui nous ont ouvert le chemin. C’est la mission de l’homme politique, d’avoir une attitude prospective.
Je me glorifie, d’avoir cheminé avec d’illustres maires, de la trempe de Mamadou Diop, Daby Diagne, Mamba Guirassy, Thierno Birahim Ndaw, Robert Sagna, Balla Moussa Daffé, Abdoulaye Chimère Diaw, le Président Alé Lo, etc. et d’avoir fait inscrire dans notre constitution, que ‘’les collectivités locales s’administrent librement par des conseils élus’’.
C’était en 1990, sous le magistère du Président Abdou Diouf.
En 1996, après de longues batailles dans les commissions de réformes, comme à l’Assemblée nationale, les Maires, dont j’étais le Porte-parole, ont obtenu l’abolition du code de l’administration communale qui soumettait quarante quatre domaines de compétence à ‘’approbation préalable’’, de la Tutelle.
Ainsi, naissait le ’’ Code des collectivités locales’’ qui proclamait l’exécution d’office des actes pris par le Maire et les soumettait à un simple contrôle de légalité.
Mais, Monsieur le Gouverneur Souleymane Diène, sans doute par réflexe conservateur, allergique aux changements, comme seuls savent l’être ceux qui ont peur du progrès, vous vous bouchez les oreilles et vous vous fermez les yeux !
Vous avez peur, inconsciemment, de tout ce qui est innovation.
La suppression de la tutelle vous désorienterait, assurément, vous qui la définissez comme un ‘’rapport de contrôleur à contrôlé’’ (sic).
Le Général De Gaulle a parlé, un jour, de ceux qui étaient nostalgiques des ‘’lampes à huile’’, de ‘’la marine à voile’’ et ‘’du temps des équipages’’.
Nous qui nous réclamons du monde Tiers, qui nous considérons comme sortis du tunnel, après une période de servitude et de domination, pouvons-nous faire l’économie de réformes audacieuses ?
A l’heure du ‘’Plan Sénégal Emergent’’, est-ce concevable que notre système soit plombé par des considérations tutélaires ?
L’esprit des réformes de 1984 et de 1996, serait tout simplement trahi, si des considérations égoïstes de castes statutaires et un conservatisme irrationnel devaient en altérer le sens.
La classe politique et l’administration ont la même responsabilité, quand bien même les considérations et outils de mise en œuvre des volontés communes diffèrent.
L’idéal démocratique veut que l’élu, détenteur de la légitimité populaire, détermine la politique à mettre en œuvre.
Le technicien de l’administration, par sa science administrative traduit en faits, en actes et en situations, la politique ainsi déterminée.
Comme on le constate, par la nature même des responsabilités et des attributions, il ne peut y avoir que synergie. En aucune façon, il ne peut exister de rivalités.
Sauf si les ‘’commandants de cercle’’, version néocoloniale, entendent continuer à exercer la ‘’tutelle’’ sur :
- Le budget
- Les affaires domaniales
- Les plans de développement
- Les conventions financières de coopération internationale
- Les emprunts et les garanties d’emprunt. . .
Ici, un clin d’œil au Ministre des Finances et au Maire de Dakar, sur ‘’l’emprunt obligataire’’ de la ville de Dakar. Nous y reviendrons.
En réalité, la notion de tutelle, juridiquement, emporte des considérations d’incapacité.
L’origine de la tutelle participe de jugements de valeur et est sous-tendue de défiance et de suspicion.
La tutelle part du principe que le responsable, soit-il élu et dépositaire d’une légitimité – comme le Maire – n’en est pas, pour autant, compétent à priori, ou simplement Majeur.
Alors s’est organisée, comme en droit civil, en faveur des mineurs et des incapables, une tutelle comme rempart.
Notre pays peut bien relever le défi de la tutelle, de toutes les tutelles.
C’est s’accrocher, s’agripper au passé, qui correspond à ‘’l’hibernation’’, mon cher Souleymane Diène.
Nous devons arriver, rapidement, à faire sauter ce verrou anti-citoyen et anti-démocratique.
A l’instar de tous les pays à démocratie majeure.
Comment peut on comprendre qu’un conseil municipal de cinquante, soixante dix, voire cent membres, se réunisse pour délibérer, à bon droit, et soumettre pour approbation à une ‘’autorité’’ unique le fruit de ses délibérations.
Non ! Monsieur le Gouverneur. C’est cette pratique d’un autre âge que nous voulons supprimer. L’’’Etat unitaire ‘’n’a rien à voir avec une telle volonté oblique.
C’est pourquoi, j’en appelle à Monsieur le Président de la République, aux Parlementaires, à l’Association des Maires, à tous les Elus locaux, pour tourner la page de la ‘’tutelle’’.
Le Président Senghor, qui a raison, à titre posthume, avait constamment attiré l’attention sur la nécessité de veiller à la prospective, telle que l’avait théorisé Gaston Berger. Nous sommes leurs héritiers.
Cette réplique à Monsieur le Gouverneur Diène est, donc, compte tenu des considérations qui y sont rappelées, une voie royale, pour appeler, respectueusement, l’attention de Monsieur le Président de la République, sur l’impérieuse nécessité d’aller de l’avant, dans le cadre de sa politique de réformes.
Oui ! Monsieur le Président, vous devez réformer.
La tutelle est un concept suranné, pour une Démocratie majeure comme le Sénégal.
Les voies et moyens sont à présent réunis pour revoir notre dispositif législatif en la matière.
Je suggère, respectueusement à Monsieur le Président de la République de soumettre, lors d’un prochain Conseil des Ministres, l’abolition du terme ‘’commandement territorial’’, la suppression, tout au moins, une meilleure définition de la tutelle, en ce qui concerne l’organisation et le fonctionnement des collectivités locales de notre pays.
Rufisque le 12 Mars 2015
Maître Mbaye-Jacques DIOP :
Président de l’Association nationale ‘’les Porteurs de Pancartes’’
10 Commentaires
Fjk
En Mars, 2015 (16:17 PM)Le spécialiste de l'ardoise .. sur le dos du contribuable.
Vous comprenez MAINTENANT pourquoi ils tiennent à leur place et mentent sans arrêt? et vous de les croire et de les réélire... Lamentable! Cette tafiole s'est toujours servie dans les poches des autres quitte à retourner la veste autant de fois qu'il le faut. Ces grosses sous mairdes tellement habitués à se gaver sur notre dos ! Et on vient donner des leçons sur la bonne conduite à avoir, sur l'éducation des enfants,...!!!
C Moi
En Mars, 2015 (16:24 PM)Monsieur le Gouverneur DIENE peut se tromper mais cela ne te donne pas l'occasion de légitimer ta position d'arriviste et d'opportuniste qui n'est intéressé que par son bonheur
Dis moi quel est ton métier, ta formation et où là tu exerçais au lieu de faire de la politique politicienne et de marchander les intérêts des populations avec le parti au pouvoir.
Zembla1
En Mars, 2015 (16:36 PM)Ardobaro
En Mars, 2015 (21:20 PM)Atypico
En Mars, 2015 (00:07 AM)Le Juste
En Mars, 2015 (00:11 AM)Bakhayokho
En Mars, 2015 (00:17 AM)Simpatisant
En Mars, 2015 (00:22 AM)Rufisquois
En Mars, 2015 (00:52 AM)ALORS AIMEZ LE OU FOUTEZ LUI LA PAIX
Rufiscois
En Mars, 2015 (13:21 PM)Participer à la Discussion