PAR CELESTINO RODRIGUES PEREIRA
« Ce qu’il faut savoir sur la maladie sexuellement transmissible des verrues du papilloma virus humain (HPV) »
Les virus de la verrue humaine, appelés par le monde scientifique : « virus du papillome humain (HPV) » ou « Sotiet » en Wolof sont beaucoup moins inoffensifs qu’il ne paraît au premier abord. En effet, le virus présent dans toutes les verrues humaines est responsable des cancers localisés dans la sphère anale et génitale dans la majeure partie des cas. Autant les hommes que les femmes peuvent être porteurs de verrues et donc du virus de l’HPV. Ce que peu de gens savent c’est que le virus de la verrue est premièrement transmissible, deuxièmement que cette transmission sur les voies génitales passe inaperçue et peut se développer en maladies mortelles (cancer).
On estime que 80% d’hommes et de femmes sexuellement actifs à un moment ou un autre dans leur vie ont été en contact avec ce virus. Vu la plus grande faiblesse de leur système immunitaire les femmes et les homosexuels sont plus souvent touchés par les cancers dus aux virus du papillome humain que les hommes. C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez la femme dans le monde (dans plusieurs pays en voie de développement il est le premier) et aussi la deuxième cause de mortalité par cancer chez la femme principalement dans les pays en voie de développement. Ces infections sont les plus fréquentes parmi les infections sexuellement transmissibles. On estime que plus de la moitié des hommes et femmes sexuellement actifs sont des porteurs potentiels de ce virus. L’infection à la verrue humaine doit être une priorité de santé publique.
D’ou vient donc cette verrue sournoise ?
Historiquement, bien avant le premier siècle avant Jésus-Christ, les égyptiens et les grecs décrivirent des verrues génitales visibles en leur donnant le nom de « Ficus » car elles leur rappelaient le fruit séché de la figue. Plus de 150 sous-types du virus de la verrue humaine (HPV) ont été mis à jour par la biologie moléculaire.
Il existe trois formes de lésions à l’HPV à la surface de la peau ou des muqueuses qui peuvent apparaître plusieurs semaines, voire des mois après les premiers rapports sexuels contaminants. Ces lésions peuvent prendre plusieurs formes qui peuvent être visible à l’œil nu mais aussi très souvent seulement au microscope (Infections du Col de l’utérus et de l’endocol).
Notons que dans plus de 80% des cas, les personnes infectées par l’HPV ne développent pas de lésions verruqueuses visibles. On estime qu’il faut 6 mois après un premier contact sexuel contaminant pour que le virus s’intègre au système cellulaire du ou de la partenaire infecté(e). Une fois la personne contaminée, elle peut porter durant toute sa vie le virus de l’HPV même si les lésions précancéreuses visibles ont été traitées. Certaines lésions verruqueuses ou condylomateuses peuvent régresser toutes seules sans avoir dû à être traitées.
Les HPV ou « Sotiet » (appelés aussi condylomes) peuvent être localisés chez la femme et chez l’homme à différents endroits :
Attention, il faut cependant distinguer les types de virus et les lieux de l’infection : une verrue plantaire ou sur les mains n’est pas due à une infection par un virus du même type que ceux qui infectent les parties génitales et éventuellement buccales ou pharyngées (mais la verrue plantaire fait partie de la même famille virale). Ces infections, bien que bénignes, n’en sont pas moins contagieuses.
Les facteurs favorisant une exposition à la verrue humaine ou « Sotiet » sont les relations sexuelles précoces, les partenaires multiples et/ou le vagabondage sexuel. Un comportement sexuel adéquat permet de réduire le risque de contamination, en particulier chez les adolescentes ou jeunes filles.
On peut également s’infecter par une mauvaise hygiène, les linges de toilette ou par des vêtements contaminés. Par conséquent, des gestes d’hygiène simples sont à respecter comme le lavage régulier des mains et l’utilisation de linges lavés ou de papiers jetables.
Une question éthique et culturelle se pose : Faut-il ou pas conseiller de s’abstenir de se donner la main en signe de salutation à chaque coin de rue ou pour n’importe quelle occasion? Ce geste est fortement ancré dans la société africaine.
D’autres cofacteurs liés à l’infection par l’HPV responsables des lésions précancéreuses sont la fumée, la pilule contraceptive et une diminution des défenses immunitaires.
Le dépistage du papillome virus humain (HPV) à un stade invisible, précancéreux ou cancéreux se fait par un examen de routine appelé : Test de Papanicolaou (PAP) ou frottis gynécologique. Le prélèvement cellulaire au niveau du col de l’utérus se fait en général lors des examens de routine chez le gynécologue. Pour l’homme une androscopie (passage à la loupe de l’appareil génital masculin dans le but de détecter toute lésion condylomateuse ou verruqueuse potentiellement contagieuse) peut être effectuée chez le dermatologue, l’urologue ou le médecin généraliste. Le matériel recueilli après prélèvement (frottis) est analysé dans un laboratoire de cytopathologie. Suivant la gravité de la lésion et/ou le type d’HPV (qui peut être à haut ou à bas risque) un traitement et un suivi seront appliqués en conséquence.
La cytologie gynécologique permet aussi le diagnostic de toute lésion inflammatoire anale et génitale d’origine parasitaire, bactérienne, virale comme l’herpès Simplex Virus (HSV 2) ou à corps étranger (spirale ou IUD, tampon, gel, crème ou autre produit chimique). Contrairement aux lésions condylomateuses, précancéreuses, l’inflammation vaginale (vaginite) ou du col utérin (cervicite) s’accompagne souvent de pertes malodorantes, de démangeaison, de brûlure, d’ulcération, de douleur et de dyspareunie (pénétration douloureuse).
La cytologie gynécologique permet aussi dans son ensemble d’évaluer la maturation cellulaire durant le cycle hormonal, post-partal, péri- et post-ménopause.
Dans les pays développés comme la Suisse les cas de cancer génital ont diminué très fortement ses 20 dernières années grâce à une campagne de prévention et un dépistage quasi systématique suite aux contrôles de routine.
Contrairement à la pratique déjà établie dans les pays riches, dans les pays en voie de développement comme en Afrique, ce genre de dépistage est presque inexistant. En effet, dans ces parties du monde le premier réflexe pour tout trouble anal et génital, autant chez la femme que chez l’homme, est de s’orienter vers une médecine traditionnelle. Ce réflexe s’explique par le fort ancrage culturel, la pudeur, la croyance mystique. En Afrique, on estime à plus de 80 % de ceux qui viennent en consultation à l’hôpital (dernier recours) ont auparavant déjà vu un guérisseur ou marabout, communément appelé « tradipraticien ». Si le partenariat est bien géré, la médecine traditionnelle peut être une complémentarité nécessaire à la médecine moderne dans plusieurs domaines par exemple dans la recherche de nouveaux produits pharmaceutiques, médicaments, vaccins ou encore la psychiatrie.
Hormis les traitements comme le gel ou la pommade que l’on peut directement appliquer sur les lésions condylomateuses, il existe à ce jour plusieurs autres méthodes curatives :
Du fait de la grande variété des sous-types du virus de la verrue humaine ou du condylome (suivant le continent et le pays indexé les types d’HPV sont différents), un vaccin universel préventif et thérapeutique contre le cancer anal et génital n’est pas pour les années à venir. Néanmoins, tout comme dans d’autres pays de l’Europe de l’ouest ou de l’Amérique du Nord, en Suisse la vaccination préventive contre des types spécifiques du virus de l’HPV à Faible ou à Haut Risque les plus fréquemment rencontrés (HPV Type 6, 11, 16, 18) a commencé cette année. Cette campagne de vaccination a débuté principalement chez les adolescentes, et est repartie en trois vaccins. Du fait de son prix élevé, 200 Euros (131.191 francs CFA) par vaccin, il est difficile d’imaginer dans un proche avenir, que les continents appauvris puissent en bénéficier.
En Afrique, en Asie du Sud-est ou en Amérique latine ou d’autres régions du monde en voie de développement en plus des sous types d’HPV les plus répandues dans les pays occidentaux on y trouve encore d’autres variantes.
Il faudrait encore attendre quelques années pour un vaccin universel thérapeutique qui après sa mise au point doit sûrement s’adapter chaque année aux mutations du virus.
Tout un chacun peut agir contre cette pandémie par une prise de conscience de comment se transmet ce virus et aussi le respect des règles simples d’hygiène. Négliger la verrue ou le « Sotiet » c’est courir le risque non seulement de contracter pour soi une maladie létale mais également de la transmettre à d’autres qui peuvent en mourir.
Par de petits gestes d’auto surveillance de la santé de son propre corps et de moyens de dépistages simples comme par exemple le contrôle gynéco-cytologique ou dermatologique une fois par année, peuvent contraindre le virus de l’HPV à prendre du recul. Parlez en autour de vous.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion
Règles de la communauté :
💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.