Il y a un an, le 2 avril 2024, Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, élu à la surprise générale, entrait au Palais comme on entre sur un court central : face à l’histoire, seul face au filet, sous les projecteurs du peuple. Une année plus tard, l’heure n’est plus à la célébration, ni aux échanges de balles verbales sans fin, mais à la concentration, à la rigueur, à la mise en œuvre d’un projet national qui serve enfin les intérêts des Sénégalais.
En tant que spécialiste en capital humain et conseiller en communication, je propose une lecture lucide, apaisée et ambitieuse de cette première manche présidentielle. Car dans ce match long qu’est la gouvernance, un set ne fait pas le tournoi, mais il donne le ton.
Le service gagnant : une dynamique populaire
L’arrivée de Monsieur Diomaye FAYE, sur fond de renouvellement générationnel et d’aspiration populaire à la rupture, a été un coup de théâtre, mais surtout un coup d’accélérateur. Le Sénégal a exprimé un désir de justice, d’éthique et de renouveau. Et il faut le reconnaître : les premières balles ont été bien placées. Volonté de transparence, efforts pour alléger le train de vie de l'État, et ambition de renforcer la souveraineté économique... Le Président a fait preuve d’une intention claire : « jouer pour gagner, pas pour plaire. »
Mais le plus dur commence maintenant. Et c’est là que nous devons, en tant que nation, recentrer notre énergie collective. Car si les tribunes s’enflamment déjà pour le prochain match électoral, c’est le terrain qui doit rester notre priorité. La politique-spectacle ne fera pas décoller l’économie ni créer des emplois.
Capital humain : remettre l’humain au centre du jeu
Dans un pays jeune, dynamique, en quête de perspectives, la plus grande richesse demeure notre capital humain. Former, encadrer, inspirer : voilà le triplé gagnant. L’État ne peut réussir seul ce pari. Il lui faut une société civile exigeante, des entreprises impliquées, et surtout une jeunesse qui ne se contente pas de commenter le match, mais entre sur le terrain avec discipline et créativité.
Investir dans les compétences locales, moderniser l’administration, stimuler l’esprit d’entreprise : ce sont les volées que nous devons réussir pour transformer l’élan de départ en victoire durable.
Communication politique : moins de bruit, plus de sens
En tant que conseiller en communication, je plaide pour une parole publique utile, constructive, alignée avec les objectifs du pays. Le temps n’est plus aux slogans ni aux invectives. Notre peuple mérite mieux qu’un remake permanent de campagne électorale. Il a besoin de clarté, de pédagogie, d’un cap.
Le Président FAYE doit continuer à communiquer avec sincérité et stratégie, mais surtout, il nous revient à tous, acteurs politiques, vrais influenceurs, experts, simples citoyens de pacifier l’espace public. C’est ensemble qu’on construit un récit national porteur, pas en se renvoyant la balle dans une cacophonie stérile.
Une opposition sans lift ni effets
Soyons honnêtes : il n’y a pas aujourd’hui, face au pouvoir en place, une opposition capable de poser un véritable contrepoids intellectuel, stratégique et populaire. L’absence de projet alternatif cohérent, le manque de figures neuves et crédibles, rendent le jeu politique déséquilibré. Or, comme au tennis, un bon match demande deux joueurs de haut niveau.
Il est temps de voir émerger une opposition jeune, dynamique, intelligente, capable de challenger les politiques publiques sans tomber dans l'obstruction systématique. Le Sénégal mérite une relève crédible, formée, qui sache construire, pas juste contester.
Croire en Dieu, c’est aussi honorer Son choix
Je ne m’en cache pas : si mon souhait s’était réalisé, un autre Président serait aujourd’hui au Palais. Mais le destin ne se plie pas aux volontés humaines. Dieu a tranché. Et croire en Lui, c’est aussi accepter sa décision avec foi, humilité et responsabilité. Cela ne signifie pas renoncer à ses convictions, mais reconnaître que l’intérêt du Sénégal dépasse nos préférences individuelles.
Notre principal frein, à mon sens, c’est que trop souvent, la politique est devenue un chemin pour accéder au pouvoir suprême, pas un engagement sincère pour construire le pays. On ne joue plus pour améliorer le jeu, mais uniquement pour gagner le match. Résultat : le développement est relégué au second plan, et la nation en paie le prix.
Il est pourtant possible et nécessaire de critiquer, mais avec honnêteté, rigueur et amour du pays. Une critique bien formulée, transparente, sincère, peut être un levier d’amélioration, pas une arme de déstabilisation. Nous ne sommes peut-être pas dans la même équipe politique, mais nous sommes bel et bien sur le même court, jouant pour le même pays. Comme à la Coupe Davis, chaque joueur compte, chaque point pèse, et la victoire ne sera possible qu’en jouant collectif, avec intelligence et respect.
Balle de match ? Non. Début de tournoi.
Le Sénégal n’en est qu’au premier set d’un long tournoi. Le service est passé, les échanges ont commencé, et les fautes directes comme les coups gagnants jalonneront forcément le parcours. Mais une chose est certaine : si chaque Sénégalais accepte de quitter les gradins pour rejoindre le terrain, de remplacer la critique stérile par la proposition constructive, alors notre pays peut viser bien plus que le maintien. Il peut viser les sommets.
Cessons de jouer en solo. Construisons un double gagnant entre citoyens et institutions. Plaçons la stratégie au-dessus de l’émotion. Servons l’intérêt général, pas l’égo individuel. Et surtout, gardons les yeux sur la balle : le développement, la paix, l’emploi, l’éducation, la justice.
L’histoire ne s’écrit pas en un match, encore moins dans les commentaires. Elle se gagne point par point, main dans la main.
Alors oui, Diomaye a réussi son Ace électoral. Mais pour remporter le tournoi du progrès, il faudra un jeu d’équipe, un jeu juste, un jeu pour tous.
À présent, silence dans les tribunes. Le pays est en jeu.
M. Mansour SECK
Spécialiste Capital Humain / Conseiller en Communication
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