Si le fondement d’un
découpage électoral répond à l’évolution démographique d’une population, il est
donc logique et utile de faire appel à un redécoupage des circonscriptions à chaque
fois que l’équilibre du poids démographique de celles-ci est rompu.
Aujourd’hui, si on regarde l’organisation des circonscriptions électorales pour
le vote des électeurs sénégalais en France, on est tenté de demander à
l’administration d’apporter les corrections nécessaires pour une meilleure
justice électorale.
La diaspora sénégalaise des
régions Île-de-France et de la Normandie est la plus affectée par l’inadaptation
de ce découpage électoral. Un rapide état des lieux de l’existant est largement
édifiant. En effet, aux dernières élections présidentielles et législatives,
l’organisation des circonscriptions électorales, mais surtout des bureaux de
vote, montre l’existence d’un seul centre de vote à Paris pour les sénégalais de
toute la région francilienne. En
plus des concitoyens résidant dans les 20 arrondissements de Paris,
ceux de Cergy, des Mureaux, de Mantes-La-Jolie, se dirigent vers une seule
circonscription électorale avec un seul centre de vote. La diaspora sénégalaise
des régions Centre-Val de Loire et Nord-Pas-de-Calais-Picardie, notamment des
villes d’Orléans, de Montargis et de Compiègne se déplace également à Paris
pour effectuer son devoir civique.
C’est aussi le même
constat pour la région Normandie dont la communauté sénégalaise vote au Havre, à
l’exception de celle d’Evreux qui se déplace à Paris. Toutes les villes à forte
concentration de population sénégalaise, à l’image des métropoles de Rouen,
d’Elbeuf, de Caen et d’Honfleur, dépendent de la circonscription électorale du
Havre.
Par ailleurs, ce même schéma est constaté dans les autres circonscriptions électorales (Bordeaux, Lyon et Marseille). Toutes les autres villes à forte présence de ressortissants sénégalais, ne sont pas des circonscriptions électorales dans le schéma actuel.
En plus de constituer une contrainte pour les compatriotes, déjà très occupés dans ce pays où tout est course contre la montre, ce procédé est un véritable gouffre financier. La location des lieux, les Docks de Paris, pour permettre à la grande communauté sénégalaise de l’Ile-de-France de voter, coûte très cher à nos finances publiques. A cela, s’ajoute le coût de la location des autocars devant transporter les électeurs des villes éloignées du lieu de vote, comme Les Mureaux, Mantes-La-Jolie, Evreux, etc.
S’il est vrai que la loi
électorale conditionne la création d’un centre de vote à l’existence d’une
représentation diplomatique ou consulaire, cette même loi est flexible quant à
la possibilité de rapprocher certains bureaux de vote des villes avec une forte
concentration sénégalaise.
En effet, l’article L284
de la Loi n° 2014-18 du 15 avril 2014 abrogeant et remplaçant la loi n° 2012-01
du 03 janvier 2012 portant code électoral, modifiée, dispose en ces termes, « Si la situation locale l’exige, le chef de
la représentation diplomatique ou consulaire peut créer des bureaux de vote en
dehors des locaux de la représentation diplomatique ou consulaire soit dans la
même ville soit dans des villes différentes ».
Et d’ailleurs, la création de ces bureaux de vote est obligatoire pour chaque tranche de 600 électeurs sénégalais inscrits. L’application de cette disposition permettrait sans nul doute aux sénégalais des villes Les Mureaux, Cergy Pontoise, Mantes-La-Jolie,Evreux, Rouen, et d’autres, considérées comme étant les villes représentatives de l’électorat sénégalais, d’effectuer leur devoir civique dans leur localité de résidence. Ce qui va également contribuer à décongestionner l’unique centre de vote de Paris et permettra un vote rapide sans aucune forme de tracasserie constatée à chaque scrutin présidentiel ou législatif. Aussi, dans ces villes, des salles peuvent être gratuitement mises à la disposition de la communauté sénégalaise par les autorités municipales.
Loin de moi toute idée
tendant à faire des critiques gratuites sur le dispositif actuel, mais je
recherche, par cette contribution, son amélioration à travers un débat pouvant
être suivi de réformes avec
le seul souci de faciliter le vote équitable des sénégalais de l’étranger. Ce sujet
trouve tout son sens aujourd’hui dans la mesure où le président de la
république Macky SALL considère la diaspora comme la 15éme région du Sénégal.
En effet, le chef de l’Etat souhaite engager des réformes qui permettraient, entre
autres, à la diaspora d’élire ses propres représentants à l’Assemblée Nationale.
Cette volonté politique est matérialisée dans le projet de révision
constitutionnelle souhaité par le président Macky SALL en ces termes, « En reconnaissance à la contribution
de la diaspora sénégalaise à l’économie nationale, le constituant accorde pour
la première fois aux Sénégalais de l’extérieur le droit d’élire des députés
selon des modalités prévues par une loi organique ».
6 Commentaires
Souleymane Sow
En Février, 2016 (10:59 AM)Avec la nouvelle réforme constitutionnelle qui va permettre, entre autres à la diasporas d'élire directement ses représentants à l'assemblée nationale. La galère de cette diasporas à l'occasion des scrutins électorales doit être abrégée et cet article de Mr Sall donne des pistes de réflexion que le gouvernement doit approprié.
Joobajubba
En Février, 2016 (11:08 AM)Guelel
En Février, 2016 (12:49 PM)Kane Oussynou Le Havre
En Février, 2016 (18:38 PM)Anonyme
En Février, 2016 (03:15 AM)Peut-etre ce message ne s'adresse pas à nous qui avons la double nationalité.
Pourquoi voter pour quelqu'un qui veut limiter nos droits, nos devoirs de citoyens.
L'hypocrisie, Yen a marre.
Nous avons la double nationalité et nous travaillons fort pour aider nos familles qui sont au Sénégal.
Le Sénégal ne peut pas se developper sans ses ressortissants qui sont à l'etranger.
Alors, le vrai débat....parlons-en.
Anonyme
En Février, 2016 (06:30 AM)Merci de votre contribution Mr SALL.
Double nationalité ou pas, nous restons des acteurs de développement et devons accomplir notre devoir de citoyen. Restons dans le débat pour faire avancer les choses.
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