BABACAR LÔ, PRODUCTEUR DE MUSIQUE «Les gens de la jet set sont ingrats»

 

 

C’est un grand événement à la dimension du grand homme qu’était Bob Marley. Cet homme a inspiré toute ma vie. Il a toujours, de son vivant, bataillé pour la condition noire et particulièrement celle des Africains par ses messages, ses combats. Il a, pendant longtemps, fait de l’égalité entre les races, un engagement personnel et a décrié la souffrance du peuple noir, les injustices comme l’esclavage et la colonisation. J’en veux pour preuve, lorsqu’il a chanté «Zimbabwé», trois mois après, ce pays a obtenu son indépendance. D’ailleurs, par la suite, on l’a invité à fêter cela. Ce jour-là, il s’est produit avec son groupe juste après le discours de Robert Mugabé. Ce que les gens ignorent c’est qu’il l’a fait gratuitement et pourtant, il a utilisé 100 millions de son argent pour déplacer ses musiciens. Ses chansons sont également engagées pour cette cause. Dans l’une d’elles (Babylone System), il parlait de la société occidentale impérialiste en les comparant à des vampires et en rappelant les 400 ans d’esclavage. Bob Marley a aussi sorti un album qu’il a dédié à l’unité africaine (Africa United). Dans la pochette de l’opus, tous les drapeaux africains y sont représentés. C’est donc vous dire à nouveau combien le chantre du reggae est un farouche défenseur des Noirs. Ainsi, il mérite amplement que l’on commémore l’anniversaire de sa mort, autant que Cheikh Anta Diop ou d’autres grands noms Africains.

 

À mon sens, l’héritage de Bob Marley se traduit par les œuvres de bienfaisance qui sont faîtes à travers sa fondation et celle de sa femme Rita Marley. Ces fondations s’occupent exclusivement de l’Afrique. À travers celles-ci, des ponts ont été construits et des villages développés. En plus de cela, il y a la philosophie qu’il a toujours véhiculée, (One love, rastafari). S’en inspirer nous permettra de toujours vivre dignement. Toute sa vie n’aura été qu’instructrice en fin de compte.

 

Bob Marley est irremplaçable. Toutefois, je suis d’avis que son fils, Ziggy Marley, est capable de suivre ses pas, à travers son look, sa voix et ses slogans positifs. À part son fils, je verrai bien quelqu’un comme Damion ou Stefanny, mais ils sont encore jeunes et l’expérience fait défaut. Mais ce qu’il convient de retenir, c’est que suivre les pas de Bob relève du possible et le remplacer de l’impossible. En plus d’être le plus grand reggae man, il était révolutionnaire et un panafricaniste à part entière. 

 

Je pense qu’il serait un peu déçu de l’orientation qu’a prise le reggae, de nos jours. Il a toujours prôné le reggae «root’s», pour libérer les peuples noirs. Le reggae a été déformé de sa vocation première.  Maintenant, on l’utilise plus pour parler de la drogue ou ternir l’image de la femme, avec ce qu’il appelle «raggae». Alors que de cette musique, on ne peut rien tirer de positif. 

 

Le reggae au Sénégal n’est pas du tout développé, malgré son importante audience. C’est vraiment lamentable. Il faut que les producteurs s’investissent davantage dans ce créneau. Les reggae-men sénégalais n’ont même pas la possibilité d’avoir une ouverture internationale.

 

J’ai fait 17 années aux Etats-Unis. J’y suis allé avec une Maîtrise en Sciences juridiques et économiques. J’étais à la Faculté avec le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye et Me El Hadj Diouf. C’est donc vous dire que j’ai travaillé dans les plus grandes compagnies aux Etats-Unis. Je m’occupais des réseaux bancaires. Je n’ai jamais travaillé dans les voitures, ce n’est même pas mon domaine. À part cela, j’ai un diplôme d’Ingénieur informatique, j’ai installé les premiers réseaux informatiques pour les Sénégalais qui y résident. Mais tout ce qui touche aux voitures, je n’y ai jamais touché.

 

Jamais je n’ai été inquiété tout le temps que j’y ai vécu. Cela fait trois ans que je suis de retour au Sénégal et depuis, je n’ai pas remis les pieds là-bas. Je suis sorti du pays une seule fois pour aller en vacances au Maroc. Même à ce moment, j’ai entendu du n’importe quoi. Il s’était dit que j’ai fui là-bas et je ne vois pas pourquoi d’ailleurs. Ce que je peux vous dire en revanche, c’est qu’il y a un autre Babacar Lô que l’on surnomme Bady. Il habite à Bronx et non à Manathan. C’est lui qui avait été appréhendé pour une histoire de voitures. D’ailleurs cette histoire date de plus d’un an. Il ne s’agit pas de moi.

 

Quoi ! Je vous assure que j’y ai mis les pieds que quatre fois. Et à toutes ces occasions, j’ai été invité par mon ami Amala qui y travaille et je n’ai reçu aucun franc pour ça.

 

Mes enfants sont au Sénégal, après avoir vécu pendant 17 ans à l’étranger, je me dois de rentrer et de m’occuper d’eux comme il le faut. J’estime aussi que j’ai le plein droit, après des années de labeur et après avoir réussi à avoir quelques biens, de rentrer et d’investir dans mon pays.

 

Il s’est trouvé qu’en 2008, l’Etat voulait faire des travaux d’extensions sur la route des Almadies et la boîte de nuit en question s’y trouvait. Après nous avoir envoyé des sommations et autres, pendant plus d’un an, le Gouvernement nous a intimé l’ordre de quitter les lieux. On a fini par céder, à quoi bon se mettre à se tirailler avec l’Etat, ça ne servirait à rien. D’ailleurs, je n’étais pas le seul, il y avait d’autres gérants de night-club dans mon cas.

 

Je travaille dans la musique. Je suis producteur. Je travaille toujours avec Salam et je viens de produire les Baye Fall Brothers et bien d’autres artistes. Également, je suis dans l’immobilier à Saly. Je collabore avec d’importantes sociétés. Nous vendons des maisons à hauteur de 100 millions.

 

Je n’ai pas de fortune. Je vis comme le commun des Sénégalais, je rends grâce à Dieu. Je ne suis plus ce Babacar Lô, qui était toujours au-devant de la scène et multipliait les apparitions en public à tout bout de champs.

 

Cela ne m’apporte absolument rien. En plus de cela, les gens de ce milieu sont ingrats.