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L'Afrique de l'Ouest résiste à la récession et aux crises

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L'Afrique de l'Ouest résiste à la récession et aux crises

Réunis à Bamako au Mali samedi 20 février, les chefs d'Etat et de gouvernement des huit pays membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) avaient le moral. Et ce malgré le coup d'Etat de l'avant-veille au Niger et les turbulences préélectorales ivoiriennes qui ont empêché Mamadou Tandja et Laurent Gbagbo, les présidents de ces deux pays, de se joindre aux dirigeants des six autres pays de l'Union : le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali, le Sénégal et le Togo.

Certes, la crise mondiale a affecté ce marché commun de 80 millions d'habitants. Comme l'a déclaré José Mario Vaz, ministre des finances de Guinée-Bissau et président du conseil des ministres de l'Uemoa, en 2009, "le taux de croissance de l'Union a enregistré une décélération pour s'établir autour de 3 % contre 3,8 % en 2008". "Le ralentissement a été particulièrement sensible avec la persistance des difficultés de certaines filières agricoles, notamment le coton", a ajouté M. Vaz.

C'est toutefois plus que le médiocre 1 % réalisé par l'ensemble de l'Afrique subsaharienne en 2009. L'Union s'attend même à rebondir en 2010 à 4 % et ses réserves atteignent le niveau appréciable de six mois d'importations.

Ces bons résultats - relatifs car la famine menace au Burkina Faso et au Niger - s'expliquent par une récolte vivrière exceptionnelle, en augmentation de 19,7 % durant la campagne 2008-2009, qui a permis de regarnir les greniers. Ils sont dus aussi au douloureux assainissement des comptes publics de la décennie 1990 qui permet aux "Huit" de supporter la crise : avec un endettement public compris entre 43 % et 45 % du produit intérieur brut (PIB), ceux-ci respectent l'objectif de 70 % fixé par l'Union.

Enfin, ils ont baissé leurs impôts et maintenu leurs investissements dans les infrastructures ou dans l'agriculture afin d'amortir la contraction de la demande étrangère, mais cela met à mal leurs budgets et les empêche de payer leurs fournisseurs.

Au niveau communautaire, le conseil des ministres a donc mobilisé, fin octobre 2009, 700 milliards de francs CFA (1 milliard d'euros) pour commencer à apurer les 1 400 milliards de francs CFA (2,1 milliards d'euros) d'arriérés, avec le concours de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et le renfort des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI).

L'intégration des économies de l'Uemoa progresse comme en témoignent des échanges intra-communautaires passés de 12 % des échanges totaux en 2005 à 15,5 % aujourd'hui. Mais elle demeure laborieuse. En effet, la crise a multiplié les tentations protectionnistes. Ainsi, le Sénégal a bloqué les importations d'huile de palme ivoirienne et le Mali a restreint les importations de blé en provenance du Sénégal. Dans les deux cas, il s'agissait de protéger une production nationale.

Les tensions politiques ont des conséquences lourdes sur les programmes communautaires. Ainsi, les Etats-Unis refusent-ils de financer des voies ferrées en Côte d'Ivoire en raison de l'absence d'élections, ce qui a pour conséquence de retarder l'interconnexion des réseaux sénégalais, maliens, burkinabés et ivoiriens, essentielle pour réduire les coûts d'acheminement des marchandises vers les pays du Sahel.

"Ces péripéties politiques nous tirent vers le bas, c'est vrai, juge Soumaïla Cisse, président de la Commission de l'Uemoa. Mais je note que, malgré ses difficultés, la Côte d'Ivoire, principale économie de l'Union, continue à payer ses cotisations et à appliquer les décisions communes, et que l'Uemoa jouit d'une croissance toujours positive qui résiste aux chocs." Cette résistance pourrait séduire d'autres pays : une réflexion est en cours en Guinée sur les possibilités d'une adhésion.

Les difficultés de transposition des décisions communautaires dans les législations nationales sont comparables à celles rencontrées par l'Union européenne, mais elles sont très pénalisantes, comme en témoignent les lenteurs de la mise en place du visa unique créé en 2009 et qui permettra à un ressortissant étranger de circuler dans les huit pays membres avec un visa délivré par l'une des ambassades de ceux-ci.

M. Cisse pense qu'il sera remédié à ce manque de diligence des ministères concernés lorsque sera institué un vrai Parlement ouest-africain, enfin légitime pour voter le budget comme les directives de l'Union et dont la première pierre du futur siège a été posée, le 20 février, à Bamako.

"Actuellement, siège un simple comité interparlementaire composé de cinq députés par pays, explique-t-il. Le futur Parlement serait, lui, élu par pays sur la base du nombre de ses habitants, mais pas question de suffrage universel comme pour le Parlement européen de Strasbourg, car cela nous coûterait trop cher. La Commission pourrait proposer un collège électoral composé des maires de chacun de nos pays." L'Uemoa a beaucoup pris exemple sur l'Union européenne. Il lui faut désormais inventer une voie qui lui soit propre.

Alain Faujas - Bamako Envoyé spécial



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