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Culture

La dynastisation de l`Afrique

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La dynastisation de l`Afrique

On croyait révolu le temps ou l’époque des grands empires dynastiques depuis belle lurette. Mais on est tout le temps rattrapé par la réalité quotidienne qui tend toujours de plus en plus à nous ramener plusieurs siècles en arrière. Si à l’époque des grands empereurs, la succession héréditaire était un fait ouvert et connu de tous, elle prend de nos jours une allure masquée. On se sert du couvert de la démocratie pour élever aux plus hauts grades de la nation les fils des dictateurs. Comme une trainée de poudre, ça commence comme un jeu et ça se repend de plus en plus, sous le regard de la communauté internationale qui garde un silence complice et coupable.

Kabila qui prend le pouvoir au Zaïre par la force des armes, décède et son fils s’installe au pouvoir comme à l’époque où on intronisait les fils des rois à titre de successeurs héréditaires. Face à cette grave entrave à la démocratie, face à ce vol de la légitimité du peuple, cette gouvernance à l’arrachée, les maîtres du monde donneurs de leçons de démocratie, qui trouvent leurs comptes dans ce redessinement de la géopolitique planétaire, ne prennent aucune mesure pour restaurer le peuple dans son droit. Le droit légitime de désignation du chef de l’état par le peuple est régulièrement violé sur un continent qui régresse fondamentalement quotidiennement.
Le président togolais Gnassimbé Eyadema est décédé le samedi 5 février, après 38 années passées au pouvoir. La présidence a été confiée par l’armée au fils du président défunt, Faure Eyadema après une révision de la constitution togolaise. Eyadéma est mort, vive Eyadéma. Comme l’a déclaré courageusement Alpha Oumar Konaré « Ce qui est en cours au Togo, appelons les choses par leur nom, c’est la prise de pouvoir par l’armée, c’est un coup d’État militaire ». Le peuple qui se sent agressé dans son intimité, s’affole, se désole, s’exclame et manifeste sa désolation, mais toutes les tentatives de revendications sont matées dans le sang par les thuriféraires défenseurs de la tyrannie que constituent les forces armés sur notre continent. Des soldats qui sont non pas au service du peuple mais au service des rois tyrans que l’on désigne poliment sous le nom de président de la république. Quelle république ! Les républiques bananières, bien entendu, qui voguent au gré du vent.
Omar Bongo est mort le 8 juin à Barcelone à l`âge de 73 ans après avoir régné d`une main de fer plus de 41 ans sur son pays. Le cas du Gabon qui a suscité tant d’espoir n’a été que de la poudre à l’œil car, en réalité, tout était joué d’avance, les clés de la présidence ont été remises au fils Bongo du moment où il était au chevet de son père mourant. Ali Bongo était ministre de la Défense de son père. Ce n’est donc pas l’élection de Bongo fils qui doit surprendre aujourd’hui, c’est plutôt la naïveté de ceux qui ont cru qu’il pouvait y avoir transition au Gabon ou encore que le Gabon pouvait servir d’exemple de démocratie en Afrique Centrale. Mais c’est la désolation totale, la désillusion et le dépit. Meurtrie longuement par une gouvernance ventrale et familiale, le peuple du Gabon n’a plus que ces yeux pour pleurer car, l’armée du de Bongo est là, prête à tout pour sauver le fauteuil du roi-fils.
Au Sénégal, on n’est pas si loin des cas cités plus haut, on gagnerait tout simplement à attendre, car le dictateur Wade, prépare son fils à l’intronisation au trône de Dakar. Il a toutes les cartes en main. Le fils est perdant dans toutes ses tentatives de positionnement pas le vote, mais le père invente pour le fils un super ministère qui va le propulser vers sa succession. Au sujet de la succession de Me Wade par son fils Karim, Lamine Diack affirme : « Le Sénégal n’est pas le Togo ». Lamine Diack fait partie de ceux qui ne souhaitent pas voir Karim Wade succéder directement à son père à la tête de la magistrature suprême.
Moubarak fils pour sa part, se trouve actuellement dans une phase initiatique pour la prise de pouvoir au cas où Moubarak père arrivait à disparaitre. Le président égyptien Hosni Moubarak, au pouvoir depuis plus de 27 ans serait, d’après des observateurs, entrain de préparer son fils Gamal à le remplacer
En Guinée Equatoriale, le très populaire fils de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, ne lésine pas sur les moyens pour construire davantage une popularité artificielle. L’organisation des championnats de vacances pour les jeunes, la remise des dons dans les centres de détention, bref un regain humaniste et humanitaire qui n’est que l’arbre qui cache la forêt.
Qu’en est-il du Cameroun ? Dans les fables de la Fontaine, il est dit « si ce n’est toi, c’est donc ton frère ». Ainsi, il n’est donc pas absurde dans ce cas précis de dire « si ce n’est ton fils, c’est donc ton neveu », par exemple. Une chose est évidente, c’est que le fils aîné du président Biya se préoccupe plus des affaires que de la politique et le second fils est encore bien jeune, mais cela n’empêche qu’un membre de la ligné des Biya soit entrain d’être préparé dans l’ombre, pour obéir à la loi de la succession par hérédité qui est d’actualité dans notre continent.
De toutes les façons la très grande majorité des chefs d’Etat africains ont pour seule envie de transmettre le pouvoir par hérédité à l’un des leurs comme si la présidence d’une république était une affaire familiale ou de caste. Il est urgent que les chefs d’État qui s’arrogent le titre de «président à vie» avec succession à la clé arrêtent cette mascarade qui n’honore pas du tout l’Afrique. Cette forme de démocratie tropicalisée est une honte pour le continent noir.

Blaise HAMENI
Camerounlink Expert
© camerounlink.net, Bertoua



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