« Nos voix comptent » : Mamadou Dia réagit à son entrée historique à l’Académie des Oscars
Le réalisateur sénégalais Mamadou Dia, dont les films «Baamum Nafi» et «Demba» ont été primés dans de prestigieux festivals, a récemment intégré l’Académie des Oscars. Il partage cet honneur avec une autre figure emblématique du Sénégal, le chanteur Youssou Ndour, admis dans la catégorie musique.Dans un entretien accordé à L’Observateur, Mamadou Dia dit accueillir cette reconnaissance avec « joie, humilité et responsabilité ». Pour lui, cette distinction dépasse sa personne : c’est un signal fort envoyé au cinéma sénégalais et africain, la preuve que « nos voix comptent désormais sur la scène mondiale ».Déconstruire les stéréotypes sur le cinéma africainLe cinéaste dénonce les représentations réductrices encore trop fréquentes du cinéma africain, souvent coincé entre deux extrêmes : un « misérabilisme appuyé » ou des récits de « héros hors-sol », déconnectés des réalités du continent. L'interlocuteur du quotidien du Groupe futurs médias plaide pour des films « sincères, enracinés dans nos réalités et capables de parler à tous ». Il souligne aussi l’importance pour les cinéastes africains d’accéder aux festivals, plateformes et salles de cinéma, afin de déconstruire les clichés et de faire émerger des récits plus nuancés, justes et universels.Une responsabilité morale et symboliqueEn tant que membre votant de l’Académie, Mamadou Dia se dit conscient d’une responsabilité à la fois morale et symbolique. Bien qu’il ait intégré la branche des réalisateurs, il peut voter dans toutes les catégories, à condition d’avoir vu les films. Il considère ce rôle comme une opportunité d’ouvrir la sélection à des œuvres issues d’horizons divers. « Le changement est lent », admet-il, mais il estime que l’inclusion croissante de voix variées au sein de l’institution permettra d’élargir les critères de reconnaissance et de promouvoir une plus grande diversité esthétique et culturelle.
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