Dakar, 3 mai (APS) - Le retard de l’Afrique réside dans ‘’sa non émancipation sur le plan culturel’’, a déclaré lundi à Dakar le Congolais Musanji Ngalasso-Mwatha, enseignant à l’université Michel Montaigne (Bordeaux III), estimant que la culture d’un continent ne peut pas être un obstacle à son développement.
‘’La culture d’un continent ne peut pas être un obstacle à son développement’’ a-t-il dit dans une communication faite au premier jour d’un colloque international sur le thème : ‘’Alioune Diop, l’homme et l’œuvre face aux défis contemporains’’, organisé dans le cadre du centenaire de la naissance du fondateur de Présence africaine.
Selon l’universitaire, la cause du retard de l’Afrique réside dans ‘’sa non émancipation sur la plan culturel’’. L’Afrique cultive ‘’un mimétisme aveugle tout en faisant preuve d’une capacité notoire pour faire valoir sa propre culture’’, a-t-il affirmé dans un texte intitulé : ‘’Décolonisation et devenir culturel de l’Afrique’’.
Pour lui, l’idée selon laquelle ‘’les Africains ne sont pas encore assez entrés dans l’Histoire‘’ ne datent pas d’un 26 juillet 2007 (discours de Nicolas Sarkozy à Dakar), ‘’elle remonte au Siècle des lumières qui a donné une base théorique et une caution scientifique à l’entreprise coloniale’’.
‘’La crise du système éducatif actuel, a-t-il poursuivi, s’explique par l’inadéquation au milieu’’, ajoutant que ‘’le système éducatif ignore tout de l’enfant qu’il doit former en faisant en sorte que l’éducation, la langue, le savoir et le savoir-faire qu’il possède déjà avant de venir à l’école sont considérées comme une ‘’tabula rasa’’ sur laquelle on doit insuffler une culture d’origine étrangère’’.
‘’Il est frappant, note l’universitaire, après cinquante ans d’indépendance, que peu nombreux sont les Etats africains qui ont élevé une de leurs langues nationales au rang de langue officielle en dehors des pays du Maghreb et du Machrek qui ont depuis longtemps adopté l’arabe comme langue officielle’’.
M. Ngalasso cite en exemple trois pays africains qui ont joué un rôle pionnier notamment la Tanzanie, Madagascar et la Guinée Conakry, et s’inscrit en faux contre l’idée selon laquelle les langues et la culture africaines ne sont pas capables porter la modernité. Pour lui, les Africains ont ‘’péché plus dans la méthode que du côté des objectifs’’.
‘’Il est temps de faire un bilan sérieux et rigoureux des cinquante ans d’indépendance et de définir de nouveaux objectifs et surtout comment faire pour changer notre école pour la mettre en adéquation avec les besoins et le contexte réels’’, a-t-il estimé avant de conclure : ‘’Il faut décoloniser les mentalités, les expressions, les langues.’’
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