Il n’est pas le genre à se laisser cantonner. Né d’une famille de pêcheurs, Baaba Maal est passionné par la musique en grande partie grâce à sa mère qui chante souvent dans des cérémonies. Son baccalauréat en poche, il étudie la musique au conservatoire de Dakar. En marge de sa formation, Baaba part à la rencontre des populations longeant le fleuve Sénégal avec son groupe Yeli Taaré Fouta dont figure son ami de longue date, Mansour Seck. Le premier gros coup de projecteur intervient en février 1986 lors d’une prestation au théâtre Daniel Sorano avec son groupe le Daande Lenol. Le public sénégalais découvre un artiste chanteur assez particulier alliant aussi bien le chant que la danse. Deux ans plus tard, il sort son premier album « Wango » qui fait grand bruit au Sénégal et chez le voisin mauritanien. Dans l’un des morceaux interprétés, l’artiste évoque la stigmatisation que subissent les noirs et plus particulièrement les Toucouleurs dans le pays. Une dénonciation qui lui a valu les foudres des autorités mauritaniennes qui ont procédé à la destruction de ses cassettes et de ses disques. Bien loin d’être abattu, Baaba Maal continue d’être productif en sortant les albums Taara et Baayo. A l’échelle internationale, c’est l’album Firin'In Fouta qui le propulse au devant de la scène avec le titre « African Woman » en 1994. Le succès de ce disque est tel qu’il termine deuxième aux Grammy Awards dans la catégorie World Music. En 2018, il va être à nouveau à l’honneur dans le film Black Panther en étant chanteur et co-auteur de la bande originale. Dans Wakanda Forever, sortie en 2022, Baaba Maal va être de nouveau sollicité cette fois-ci en faisant quelques brèves apparitions dans le film tout en faisant toujours entendre sa somptueuse voix notamment dans un chant en hommage à Chadwick Boseman. Cependant, nombreux sont les mélomanes admirateurs du lead vocal du Daande Lenol estimant qu’il méritait bien de reconnaissance au vu de son immense carrière.
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Sous l’influence des sonorités afro-cubaines très en vogue dans le Dakar des années 1970, la musique sénégalaise a enfanté plusieurs orchestres. Mais un groupe de jeunes « rebelles » est venu casser les codes de cette musique ringarde à leurs yeux. Fruit de la fusion, en 1974, entre le Kadd Orchestra de Baïlo Diagne (où Oumar Pène qui rêvait de devenir footballeur, était apprenti chanteur depuis 1972) et le Tropical Jazz, le Diamono (la génération) s’est opposé à la tyrannie du Mbalax pur et dur en imposant sa trouvaille : « l’Afrofeeling » (un mélange de Jazz, funk et reggae relevé par les rythmes traditionnels).C’est de là, d’ailleurs qu’est née cette rivalité entre ceux qu’on collait l’étiquette de « Orchestre des voyous » pour le look et les idées révolutionnaires de ses membres, le Diamono (devenu Super Diamono en 1976) et le Super étoile de Youssou Ndour. Une ‘’adversité’’ musicale qui a duré près de deux décennies avant un rapprochement inattendu en 1996 avec la collaboration entre le Super Diamono et le Super Etoile dans l’album Euleuk Sibir qui a explosé les ventes. Académie musicale, le Super Diamono a fait éclore plusieurs talents qui ont marqué la musique sénégalaise : Ismaël Lo, Moussa Ngom, Mamadou Lamine Maïga, Mada Ba, Thio Mbaye, Lamine Faye, Salam Diallo, entre autres. En dehors de la Musique, le Super Diamono, à travers l’Amical des fans Afsud créée en 1989, œuvre également dans le social.
1-Youssou Ndour : Le G.O.A.T ![]()
Qui d’autre que lui ? Une question rhétorique comme pour dire que sa place de numéro 1 ne souffre d’aucune contestation. Son titre de « roi du Mbalax » lui a été attribué à l’unanimité. Une reconnaissance fruit d’une carrière qui a su résister à l’impact du temps. A l’âge de 11 ans, il tape dans l’œil d’un musicien qui n’hésite pas à le recommander à l’un des groupes les plus célèbres en ce temps : le Super Diamono. Là-bas, le jeune You fait étalage de son talent et gravit rapidement les échelons. Mais l’adolescent a faim de nouvelles expériences. Il s’engage de 1975 à 1979 avec le Miami. Il décide, tout juste après, de monter l’Étoile de Dakar avec El Hadji Faye. Mais le scintillement du groupe dans la constellation musicale sénégalaise sera de courte durée et Youssou Ndour crée, par la suite, le Super Étoile de Dakar. N’étant plus à présenter sur la scène nationale, il se lance à la conquête du monde. Bien aidé par son ami, Peter Gabriel, qui lui laisse faire ses premières parties de concert à travers le monde, le leader du Super étoile arrive à tisser des liens avec des artistes internationaux. Sa carrière internationale va prendre un véritable coup d’accélérateur après un duo avec la chanteuse Neneh Cherry sur le titre « Seven Seconds » qui va d’ailleurs lui valoir un double disque d’or en 1994. Dans la foulée, il est contacté pour réaliser l’hymne de la coupe du monde 1998 en France « La cour des grands » avec la chanteuse belge Axelle Red. Véritable légende de la musique sénégalaise, Youssou Ndour va, tout au long de sa carrière, réussir à se maintenir sur le devant de la scène et devenir un artiste transgénérationnel. You a pratiquement chanté la vie sous toutes ses formes dans sa vingtaine d’albums. De l’argent, à la propreté, en passant par la paix avec un point d’honneur sur la thématique de l’amour, Youssou Ndour se veut être un griot des valeurs sur un ton mélancolique et des sonorités joyeuses. La joie, c'est aussi le sentiment ressenti par ses fans, qui répondent toujours présents par milliers à ses grands bals de Bercy (Paris) à Dakar Arena en passant par le CICES.
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