Ni les tensions diplomatiques, ni les retraits institutionnels n’ont altéré le fond du lien. En 2024, malgré sa sortie de la CEDEAO, le Mali est resté le premier partenaire commercial africain du Sénégal, absorbant plus de 802,8 milliards FCFA d’exportations, soit près de 21 % du total. Un chiffre solide, révélateur d’une interdépendance économique plus forte que les aléas politiques.
Car si les sommets se figent, les routes, elles, restent vivantes. Celles qui relient Dakar à Bamako, pleines de camions chargés de carburant, de ciment, de denrées alimentaires, continuent de battre au rythme du commerce. Le corridor sénégalo-malien reste l’un des poumons logistiques majeurs de la sous-région. Et chaque tonne de riz ou de gasoil qui franchit Kidira confirme une chose : la géographie impose parfois plus que les traités.
Cette solidité commerciale s’explique aussi par un socle commun plus discret mais tout aussi structurant?: l’appartenance à l’UEMOA. Franc CFA, politiques douanières harmonisées, régulations monétaires partagées… Malgré les tensions régionales, cette intégration continue de garantir une certaine fluidité dans les échanges.
Dakar exporte, Bamako achète. Mais l’enjeu va au-delà de la balance commerciale. Cette relation asymétrique nourrit un écosystème logistique, industriel et financier dont dépendent de nombreux emplois et revenus des deux côtés de la frontière. Elle agit comme un ancrage de stabilité dans un environnement régional incertain.
À l’heure où les cartes diplomatiques se redessinent et où les unions régionales se fissurent, cette résilience économique rappelle que les relations de terrain ont souvent plus de mémoire que les traités eux-mêmes. Entre le Sénégal et le Mali, c’est une histoire de proximité, d’intérêts croisés, et de réalités concrètes. Une économie qui parle encore là où les discours se taisent.
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