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Diplomatie

Gianni Pittella peut-il être le futur président du Parlement européen?

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Gianni Pittella peut-il être le futur président du Parlement européen?

Il n’y a pas eu d’effervescence au moment de l’annonce en début d’après-midi de la candidature de Gianni Pittella, ni sur les réseaux sociaux, ni dans les couloirs du Parlement européen. Nombreux étaient ceux parmi les assistants parlementaires à ne pas être encore au courant en début de soirée. Avec la mini-session plénière (jour de vote dans le langage européen) à Bruxelles, l’attention était ailleurs. La réunion du groupe socialiste pour prendre une position sur la présidence du Parlement européen était prévue à l’origine pour le 8 décembre. Mais elle a été avancée pour permettre à Gianni Pittella de ne pas partir affaibli en cas de défaite de Matteo Renzi lors du référendum de dimanche.

 

Depuis l’annonce du départ de la présidence de l'Allemand Martin Schulz le 24 novembre, les discussions sont nombreuses autour du profil devant occuper le poste. Les ambitions se révèlent également. Pourtant, tout aurait pu être assez calme : le Parti Populaire Européen (PPE – centre droit) et les Socialistes et Démocrates (S&D – centre gauche) s’échangent depuis plusieurs années la présidence à mi-mandat, du fait d’un accord appelé « technique ». Cet accord est un symbole de la grande coalition entre PPE et S&D du fait d’un Parlement européen où aucune majorité politique ne peut se dégager sans les deux groupes. Après Martin Schulz devait donc succéder un eurodéputé issu des rangs du PPE.

La candidature Lamassoure en pleine tempête

Or, la droite a beaucoup de mal à présenter un candidat. Alain Lamassoure, eurodéputé français et ancien ministre, avait pourtant fait connaître son ambition depuis plusieurs mois. Personnalité respectée par ses paires, fin connaisseur des institutions européennes et des questions budgétaires, il n’arrive pas à fédérer pour le moment les autres eurodéputés. Les Allemands attendent notamment un signe venant de Berlin.

 

De plus, la candidature d’Alain Lamassoure est affaiblie par deux éléments. Tout d’abord, par le faible poids des eurodéputés français au sein de la délégation du PPE après les élections européennes de 2014 où le FN était arrivé en tête. Autre point faible, l’Elysée n’affiche pas publiquement de soutien.

[Contrairement à ce que nous écrivions dans une version précédente de cet article, Élisabeth Morin-Chartier n’est pas candidate à la présidence du Parlement, mais à la questure, fonction qu’elle occupe déjà depuis juillet 2014.]

Les options Weber et McGuinness au PPE

Des voix poussent le président du groupe PPE, l’allemand Manfred Weber, à se présenter. Après avoir fait savoir qu’il n’est pas candidat, le manque de candidat fort au PPE commence à le faire réfléchir. Mais après deux demi-mandats de Martin Schulz, la perspective qu’un Allemand obtienne de nouveau le perchoir du Parlement passe mal.

[NDLR: Peu de temps après la publication de cet article, Manfred Weber a fait une déclaration lors d'une rencontre avec des journalistes allemands. Il déclare ne pas avoir l'intention de présenter sa candidature pour la présidence du Parlement européen et que sa tâche était de s'assurer que le prochain Président du Parlement européen soit bien issu des rangs du Groupe PPE.] 

La candidature de l’Irlandaise Mairead McGuinness offre une autre possibilité. Soutenue par son Taoiseach (le Premier ministre en Irlande), elle est jugée plus lisse et donnent l’espoir aux non fédéralistes du PPE d’avoir une présidence moins forte qu’avec Martin Schulz. Des doutes existent cependant sur l’opportunité d’avoir une Irlandaise à ce poste stratégique au moment où les négociations sur le Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne) vont commencer en 2017, surtout avec l’épineuse question de l’Irlande du Nord. Si elle réussissait à prendre la présidence, ce serait la première fois qu’une femme obtient ce poste depuis la Française Nicole Fontaine entre 1999 et 2002. 

 

Chez les centristes, déjà la fin de l’aventure Goulard

Du côté des centristes de l’Alliance des Démocrates et Libéraux pour l’Europe (ADLE), la candidature de Sylvie Goulard a été repoussée en réunion de groupe mercredi 30 novembre. L’eurodéputée française n’a pas réussi à créer de dynamique autour d’elle et a dû se résoudre à retirer sa candidature pour éviter un vote écrasant contre elle.

C’est le président du groupe Guy Verhofstadt qui est soutenu par l’ADLE. Si elle devient effective, cette candidature de l’ancien Premier ministre belge permettrait à son groupe de pouvoir négocier des vice-présidences du Parlement européen, tout en offrant une option si PPE et S&D n’arrivent pas à se mettre d’accord. Pour autant, les centristes avanceront avec précaution dans cette course au Perchoir européen. Les cadres du groupe sont encore traumatisées par la défaite du Polonais Bronislaw Geremek en 2004 face à l’Espagnol socialiste Josep Borrell.

Les prochaines étapes

Le PPE fait le dos rond pour le moment. Le parti de centre-droit sait que sans lui aucune candidature n’a de grandes chances d’arriver au bout, même avec la perspective d’un troisième tour dans lequel interviendra un vote à bulletin secret à majorité simple. L’élection du président du Parlement européen aura lieu le 17 janvier et le PPE annoncera officiellement son candidat le 13 décembre après le dépôt des candidatures un jour plus tôt.

Par ailleurs, personne à droite ne croit réellement à la fin de l’accord « technique » avec le S&D. Il est vrai qu’aucune majorité politique stable ne peut exister au Parlement européen sans la grande coalition PPE – S&D (406 sièges sur 751).

Enfin, le poste de président du Parlement européen ne dépend pas uniquement des eurodéputés. En effet, le titulaire du poste fait partie d’un équilibre entre les grandes familles politiques européennes. Actuellement, la présidence de la Commission européenne appartient à un PPE, Jean-Claude Juncker, et la présidence du Conseil européen à un autre PPE, le Polonais Donald Tusk. Si celui-ci réussit à convaincre les chefs d’Etats et de gouvernements de renouveler son mandat, malgré l’opposition probable de ses adversaires politiques du PiS (Droit et Justice) au pouvoir à Varsovie, la présidence du Parlement européen ne pourra pas échoir à un PPE.

C’est tout le pari politique de la candidature de Gianni Pittella.



1 Commentaires

  1. Auteur

    Fall

    En Décembre, 2016 (16:33 PM)
    En quoi ça nous regarde cet article?????vous ne verrez jamais un journal italien ou belge parler de l'election du prèsident du parlement de la cedeao.
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