Conçue comme un pilier de l’intégration monétaire ouest-africaine, l’Autorité Bancaire de la CEDEAO (ABCA) peine à exister au-delà des textes. Créée pour superviser les établissements financiers régionaux et harmoniser les règles prudentielles, l’institution reste en retrait, largement éclipsée par les banques centrales nationales, au premier rang desquelles la BCEAO.Son mandat est ambitieux mais sa portée concrète reste floue. L’ABCA n’a pas encore les leviers nécessaires pour contraindre les États membres à adopter des réformes coordonnées ni pour exercer un contrôle direct sur les banques transnationales. Les processus de ratification traînent, les moyens humains et financiers sont limités, et les résistances institutionnelles freinent toute avancée décisive.Dans une CEDEAO marquée par une hétérogénéité des systèmes monétaires et des priorités nationales divergentes, l’ABCA illustre les difficultés d’un projet d’intégration financière à marche lente. Elle cristallise aussi un paradoxe plus large : celui d’une Afrique de l’Ouest qui multiplie les structures régionales sans toujours leur donner les moyens d’exister réellement.Pendant que les marchés évoluent, que les fintechs se développent et que les flux de capitaux s’intensifient, le paysage réglementaire reste morcelé. L’ABCA pourrait jouer un rôle stratégique dans ce contexte mouvant, mais à condition de dépasser le stade déclaratif et d’assumer une autorité effective. Faute de quoi, elle risque de devenir un symbole de plus dans l’architecture institutionnelle ouest-africaine, sans prise réelle sur le terrain.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion