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ABDOULAYE DIOP, MINISTRE D’ETAT, MINISTRE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES « La situation est tendue, mais sous contrôle »

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ABDOULAYE DIOP, MINISTRE D’ETAT, MINISTRE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES « La situation est tendue, mais sous contrôle »
Abdoulaye Diop, le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des finances ne s’alarme pas outre mesure. S’il admet qu’il existe une certaine tension budgétaire, c’est pour dire aussitôt que celle-ci est parfaitement maîtrisée. « La situation économique est certes tendue, mais totalement sous contrôle », assure-t-il. Il précise dans l’entretien accordé à Sud Quotidien « qu’il n’y a aucun risque de voir les salaires des fonctionnaires et autres agents de l’Etat impayés » 

M. le ministre d’Etat, le représentant résident du Fonds Monétaire International (FMI) au Sénégal a récemment fait une sortie considérée comme très alarmante en ce qui concerne la situation économique et financière du pays. Est-il vrai dans ce cadre, s’agissant des salaires des fonctionnaires, qu’il y a un risque de les voir impayés à la fin du mois ?

Je tiens tout d’abord à rappeler le niveau de recouvrement des recettes fiscales et le niveau de la masse salariale. La masse salariale mensuelle se situe en moyenne à environ 28 milliards FCFA tandis que les recettes fiscales mensuelles s’élèvent à plus de 90 milliards, soit plus de trois fois la masse salariale. Le ratio masse salariale rapporté aux recettes fiscales se situe en moyenne à 30% contre un plafond communautaire de 35%. En tout état de cause, les performances nous permettent de couvrir largement les salaires et de mettre en œuvre le budget voté par le Parlement. Pour répondre nettement à votre question, je dirais qu’il n’y a aucun risque de voir les salaires des fonctionnaires et autres agents de l’Etat impayés.

N’empêche qu’en est t-il exactement de la situation économique et financière du pays ?

Je veux préciser que nos rapports avec le Fmi sont excellents. Ils sont jusqu’ici et fondés sur la franchise et la confiance mutuelle. Maintenant s’agissant de l’économie sénégalaise, elle a connu une croissance assez soutenue ces dernières années. La croissance économique réelle s’est située en effet, en moyenne à plus de 6%, sur la période 2003-2005, dans un contexte de maîtrise de l’inflation et des autres fondamentaux de l’économie. L’inflation moyenne annuelle sur la période s’est située à 1,4%, soit largement en dessous du plafond de 3% fixé dans le cadre des critères de convergence de l’Union économique ouest africaine (Uemoa).

Cependant, en 2006 des difficultés ont commencé à apparaître en raison de l’envolée des prix du baril de pétrole et de la crise des ICS. Cette situation a provoqué un ralentissement de l’activité économique avec une croissance de 2,3% en 2006. L’inflation est restée tout de même contenue à 2,1% en raison, notamment des subventions accordées au secteur énergétique pour un montant estimé à 152 milliards FCFa, soit plus de 3% du PIB. Ces subventions ont conduit à un relèvement du déficit budgétaire qui s’est situé à 5,8% du PIB. Hors subventions, ce déficit serait de 2,8% du PIB.

En 2007, l’activité économique s’est redressée avec une croissance économique estimée à 4,8%, selon les dernières estimations, à la faveur du dynamisme du secteur tertiaire et de la reprise du secteur secondaire malgré la persistance de la flambée du prix du baril de pétrole.

Cette embellie s’est-elle refusée au secteur primaire ?

Il est vrai que le secteur primaire a enregistré un léger recul en raison notamment de la baisse de la production agricole consécutive au déficit pluviométrique. La persistance en outre de la flambée du prix du baril de pétrole qui a dépassé la barre des 95 dollars à partir de novembre 2007, conjuguée aux tensions sur les prix des produits alimentaires notamment des céréales, suite aux contre-performances enregistrées par les grands pays producteurs (Thailande, Chine, Indonésie, Argentine Brésil etc.) ont provoqué un renchérissement des prix des produits à la consommation.

L’inflation s’est établie à 5,9% en raison de la hausse des prix des produits énergétiques et alimentaires de plus de 7% contre des hausses beaucoup plus marquées de ces produits sur le marché international.

Quelles conséquences sur les finances publiques ?

Pour atténuer la répercussion sur les ménages de ces tensions sur le marché international, le gouvernement a supporté une partie du coût de la facture énergétique et a procédé dès le second semestre, à la suspension des droits de douane et de la Tva sur les quatre principaux produits de consommation que sont le riz, les produits laitiers, le blé et la farine. Ces subventions ont coûté à l’Etat 77 milliards en 2007.

Ces efforts de l’Etat entre 2006 et 2007 pour un montant total de 230 milliards FCFA ne sont pas sans conséquence sur les finances publiques malgré les performances en matière de recouvrement de recettes fiscales. Celles-ci on progressé de plus 9% en moyenne sur les cinq dernières années nonobstant la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés de 33% à 25%. Ainsi, le taux de pression fiscale progresse de 0,1 point par année depuis 2000 passant de 16% en 2000 à environ de 19,6%, soit le plus élevé de la sous région. Ces performances s’expliquent par la mise en place d’un numéro d’identification unique, notamment le NINEA, l’établissement d’un Centre des Grandes Entreprises (CGE) à la DGID, la numérisation des 40 plus grandes zones urbaines, l’instauration d’une brigade spéciale de contrôle des importations et l’informatisation du système de recouvrement de la douane et des impôts. L’interconnexion des trois régies de recettes fiscales et la finalisation de la cartographie numérique permettront de consolider les performances.

Au total, le déficit budgétaire a été contenu à 3,5% du PIB. Toutefois, l’enveloppe des instances de paiement a augmenté pour atteindre 1,8% du PIB et le gouvernement veille à les régulariser entièrement en 2008.

Je dois préciser à cet égard, que le gouvernement et le FMI s’accordent pour définir comme arriérés de paiement intérieurs, les dépenses publiques ordonnancées et impayées dans un délai de 90 jours après la date de l’ordonnancement. Ainsi, toutes les instances de paiement ne correspondent à des arriérés de paiement. Le gouvernement s’attelle néanmoins à régulariser toutes les dépenses publiques échues pour éviter que le secteur privé soit confronté à des difficultés.

Comment comptez-vous résorber cependant les tensions qui pèsent sur l’entreprise du fait de ce que l’Etat lui doit en arriéré de paiement ?

La situation est certes tendue mais elle est totalement sous contrôle. Nous avons élaboré un cadrage avec le FMI et à cet égard, il est prévu des émissions de bons de trésor d’un montant de 110,8 milliards qui devraient nous aider à apurer totalement les factures impayées au secteur privé.

63 milliards seulement sur 75 recherchés, il y a peu. Vous voulez vous retourner encore sur le marché obligataire pour trouver 110 milliards Fcfa. Le Sénégal a-t-il toujours suffisamment de crédit au regard même de la dernière notation de l’Agence Internationale Standard & Poor’s ?

Nous n’éprouverons aucune difficulté à mobiliser cette somme en raison de la solidité des fondamentaux de l’économie et de la qualité de la signature du Sénégal qui demeure bonne comme en atteste l’Agence Internationale Standard & Poor’s qui confirme les notes à long terme « B+ » et à court terme « B » attribuées au Sénégal depuis 2004 et qui sont similaires à celles accordées à certains pays émergents. Cette notation de Standard & Poor’s est favorisée par le niveau soutenable de la dette publique se situant à environ 26% du PIB en 2008 dont 6,8% du PIB de dette intérieure, soit à un niveau plus faible que la moyenne de la dette des pays de la même catégorie (37% du PIB).

Par ailleurs, la finalisation de l’Accord Cadre d’Appuis Budgétaire (ACAB) et la revue du DSRPII devraient permettre d’augmenter la contribution des bailleurs en appuis budgétaires, ce qui va soulager la trésorerie de l’Etat. Les appuis budgétaires sont estimés en effet à 103 milliards en 2008 contre 67 milliards en 2007, soit une hausse de 53,4%.

Est-t-il vrai que nous risquons de revenir à un programme d’ajustement ?

D’abord il faut rappeler que le Sénégal est actuellement sous programme Ispe (Instrument de soutien à la politique économique) depuis le 2 novembre 2007.

C’est quoi l’Ispe et comment est-on arrivé à un tel programme ?

L’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) est un instrument de programme du FMI destiné à accompagner les pays qui ont atteint un niveau élevé de stabilité macroéconomique et qui réalisent des performances macroéconomiques. C’est un programme rigoureux sans décaissement de ressources du FMI et avec des revues très rigoureuses. En définitive, cet instrument permet de donner aux partenaires extérieurs et potentiels investisseurs, un signal fort des bonnes pratiques de l’économie concernée. Actuellement, nous traversons une conjoncture assez difficile, due aux chocs et mesures que j’ai évoqués tantôt. Eu égard aux gros efforts faits en matière de subvention pour soulager les ménages, il convient également d’ajuster les dépenses publiques.

A cet égard, le Premier ministre devrait signer incessamment une circulaire qui plafonnera les dépenses des différents ministères tout en préservant celles à caractère social. Donc, le gouvernement a déjà bien commencé à ajuster les dépenses, en vue de maintenir certaines subventions, mais celles-ci seront mieux ciblées.

Dans ce cadre, nous travaillons avec les partenaires au développement pour un meilleur ciblage et une plus grande efficacité de la subvention qui devrait essentiellement toucher les couches les plus défavorisées et les groupes les plus vulnérables.

Dans cette même dynamique de rationalisation des dépenses publiques que fait-on des institutions considérées comme budgétivores comme par exemple le Sénat ?

Je n’ai pas le sentiment que ces institutions soient budgétivores comme vous dites. Elles ont été mises en place pour parachever l’architecture institutionnelle du pays dans le cadre de la démocratie. L’exemple du Sénégal n’est point un cas isolé dans ce domaine. S’y ajoute que leur utilité comme toutes les autres institutions n’est pas à démontrer. Si la démocratie a un coût, elle n’a pas de prix. Elle vaut par conséquent bien certaines dépenses. En tout état de cause, la préoccupation actuelle est une rationalisation des dépenses publiques pour soutenir la cadence de la croissance gage de notre émergence.

EXERGUES

1/ Il n’y a aucun risque de voir les salaires des fonctionnaires et autres agents de l’Etat impayés. 2/ Les subventions ont conduit à un relèvement du déficit budgétaire qui s’est situé à 5,8% du PIB. Hors subventions, ce déficit serait de 2,8% du PIB.

3/ Eu égard aux gros efforts faits en matière de subvention pour soulager les ménages, il convient également d’ajuster les dépenses publiques



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