Absents du marché, les Chinois crèvent les revenus des commerçants sénégalais

Dakar, 25 fév (APS) – Plusieurs commerçants dakarois ont été privés de revenus mercredi à cause de la décision de leurs fournisseurs chinois de rester à la maison pour protester contre le meurtre d’un de leurs compatriotes.

Le commerce de produits chinois tourne au ralenti sur les allées du Centenaire de Dakar déserté par les ressortissants de l’Empire du Milieu observant un mot d’ordre de grève de trois jours, depuis mardi.

Le boulevard du Centenaire transformé, depuis plusieurs années, en carrefour de marchandises d’origine chinoise est dans un calme plat en raison de cette grève. Fréquenté seulement par quelques commerçants sénégalais qui cherchent désespérément clients, le ‘’marché chinois’’ a vite rompu avec la grande foule qui, habituellement, s’y donne rendez-vous.

Les commerçants chinois manifestent ainsi leur colère contre l’assassinat, la semaine dernière, d’un compatriote. Certains médias dakarois ont fait état de l’arrestation, par la police, de quatre ressortissants guinéens qui seraient impliqués dans ce meurtre.

‘’La grève des commerçants chinois est malvenue pour nous. Elle fait de mauvais comptes pour nous. Elle freine nos activités’’, fulmine en wolof un jeune commerçant qui range ses affaires pour rejoindre Thiaroye, dans la banlieue dakaroise.

‘’La clientèle se fait rare. C’est très difficile et rien ne va ici…’’, se désole Daba Thiam, une commerçante qui regrette fort la désertion de ses collègues venant des régions de l’intérieur du pays, pour s’approvisionner auprès d’elle.

Cette clientèle venant des régions ne se déplace plus vers le boulevard du Centenaire depuis mardi, tant le mouvement d’humeur des fournisseurs chinois de produits vestimentaires — pour l’essentiel — a vite fait le tour du Sénégal, explique Miatou Diédhiou.

‘’Pour une journée entière, je me suis retrouvée avec un bénéfice de 200 francs CFA, alors que j’ai dépensé 1.200 francs rien que pour mes besoins alimentaires’’, se lamente Miatou.

Selon Arame, ‘’le commerce tourne un tout petit peu’’. Dame Touré, 20 ans, allongé à la devanture du magasin d’un commerçant chinois, pense qu’il ferait ‘’mieux de rester à la maison’’. Ses revenus ont vite chuté en raison de la décision des ressortissants de l’Empire du Milieu de se retirer de ce marché dont ils sont les moteurs.

‘’Si nous sommes là, c’est parce que les Chinois sont là d’abord. S’ils ne viennent pas, nous n’avons rien à faire ici, parce que ce sont eux qui approvisionnent le marché’’, explique un jeune homme.

Souhaitant garder l’anonymat, il ne veut pas entendre parler de ‘’grève’’ des Chinois. ‘’Il n’est pas question de grève’’, s’écrie-t-il, avant d’ajouter : ‘’les Chinois, comme tout le monde, ont besoin d’un environnement sécurisé. Il faut que l’Etat veille sur leur sécurité. Ils ne sont pas du tout en sécurité ici à Dakar.’’

Certains Chinois partagent leur magasin avec les commerçants sénégalais qui leur confient leurs marchandises au moment de rentrer chez eux. Dame, qui fait commerce de chaussures fabriquées en Chine, bénéficie de la ‘’la disponibilité’’ d’un Chinois qui, bien qu’étant ‘’en grève’’, lui ouvre son magasin le matin et le soir, selon qu’il veut sortir ou ranger ses marchandises.

Tout comme Katim Touré, il crédite les commerçants chinois d’une ‘’franche collaboration’’ avec leurs clients sénégalais.