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Affaire des Aéroglisseurs : Robert SAGNA n'a rien négocié dans ce dossier

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Affaire des Aéroglisseurs : Robert SAGNA n'a rien négocié dans ce dossier

Il ressort clairement des déclarations de Robert Sagna dans la presse, une volonté manifeste d'exploiter ce dossier à des fins de propagande politique... Selon le président du Conseil d'administration de la société Senlis S A, Sada Thiam, qui fait la remarque, le maire socialiste de Ziguinchor n'a été associé à l'opération que sur la base des possibilités qu'il a de porter l'information auprès du chef de l'Etat. Dans l'entretien qui suit, Sada Thiam revient, entre autres, sur les péripéties du dossier des aéroglisseurs, les actions à mener pour que les engins retrouvent les côtes sénégalaises et aident à désenclaver la Casamance. Mais Sada Thiam parle d'abord du sens de sa sortie dans la presse.

Sada THIAM : Je suis le président du Conseil d'administration de la société Senlis et c'est sur cette base que j'interviens dans ce dossier des Hovercraft. Je suis également membre du comité des opérateurs économiques qui ont initié le projet. Celui-ci existe depuis des mois. Des recherches ont été effectuées depuis 18 mois sur les Hovercraft. C'est au moment de finaliser avec le vendeur, qui est un Britannique, qu'une des exigences est survenue, à savoir qu'il ne pouvait vendre qu'à une Fondation qui vise des buts humanitaires et sociaux. C'est ainsi qu'un de nos associés, notamment le Français Marcel Bedon, nous a fait découvrir le président de la Fondation «Faib», Jean Pierre Senghor. Ce dernier a aussitôt vu l'intérêt du projet pour le Sénégal d'abord et pour la Casamance en ensuite. Des séances de travail ont eu lieu dans les bureaux de Senlis pendant plusieurs mois avec d'autres acteurs qui sont aussi bien sénégalais qu'européens. Et le groupe m'a fait le plaisir de présider ces réunions.

Walfadjri : Robert Sagna a-t-il participé à ces réunions ?

Sada THIAM : Du tout. Il n'était même pas encore au courant de l'existence de ce dossier des Hovercraft, piloté par des privés sénégalais et étrangers. Il n'a été informé que quand il s'est agi de s'ouvrir les portes de la présidence, pour conclure cette opération. Parce qu'un dossier comme celui-là, il ne peut se réaliser qu'avec l'appui et le concours de l'Etat. Il s'agit quand même d'un problème de navigation, doublé d'une nécessité de désenclaver une région. C'est un problème dans lequel l'Etat est au centre. Et l'Etat, aujourd'hui, est symbolisé au plus haut point par le président de la République. C'est ainsi que quand j'ai senti qu'on arrivait au but, j'ai demandé par téléphone au cabinet du président de la République d'être reçu. Par suite, j'ai envoyé et même renouvelé des correspondances. Et au bout de quatre tentatives, n'ayant pas eu d'échos, nous nous sommes résolus à rencontrer Robert Sagna parce que simplement Jean Pierre Senghor est son beau-fils. Robert Sagna est un patriote qui s'est illustré d'ailleurs dans des aspects humanitaires et sociaux puisqu'il préside une Fondation. Et ce problème du désenclavement de la Casamance entre dans le cadre de ces actions. Notre idée (avec Jean Pierre Senghor) était de nous rapprocher de Robert Sagna, compte tenu de sa position, pour arriver à porter l'information auprès du chef de l'Etat. Nous l'avons rencontré à son bureau au Point E pour tenir le langage suivant : 'Nous avons trouvé des Hovercraft, des aéroglisseurs aptes à désenclaver la Casamance et à même faire du transport maritime sur toute la Petite Côte, permettant au passage aux populations de vaquer jusqu'à Bargny, compte tenu des inondations que nous avons connues, mais que ce projet ne peut aboutir qu'avec le concours du chef de l'Etat. Pour ce faire, il faut qu'il soit informé. Et nous avons tenté en vain depuis deux mois de l'informer. D'abord en ma qualité de membre du groupe et ensuite en ma qualité de responsable du Pds.' Je suis secrétaire national du Pds chargé de l'Agro-industrie, membre du Bureau politique bien que, dans cette affaire, je n'ai pas voulu revêtir cette casquette. Parce que cette affaire dépasse l'aspect politique. J'avais dit à Robert Sagna que s'il présentait le projet au président Wade, ce dernier n'y trouvera pas motif à exploitation politique. Il y verra un intérêt final. Et je suis persuadé qu'il va agir. Si le président Wade nous avait accordé une audience, sans doute que nous ne serions pas allés voir Robert Sagna pour lui demander d'aller rencontrer le président Wade. Voilà comment Robert Sagna est entré dans ce dossier.

Walfadjri : C'est à quelle période ?

Sada THIAM : Il est entré dans ce dossier à partir de la mi-février 2006. C'est à la suite de cette réunion, qu'il a décidé d'aller à Londres avec son beau-fils pour être mieux imprégné de ces aéroglisseurs. C'est à la suite de ce voyage qu'il a demandé au président de le rencontrer. C'est pour vous dire que si le courrier existe encore au niveau de la présidence, le chef de l'Etat aurait dû être informé deux mois avant l'arrivée de Robert Sagna. Encore une fois, je n'interviens que dans le cadre de la paternité de ce dossier. Mais Robert Sagna n'a pas du tout trouvé ces aéroglisseurs. Et sur ce point, je suis formel, parce que tous les acteurs de ce dossier sont aujourd'hui ici, à part deux acteurs européens qui sont à l'extérieur.

Walfadjri : Peut-on savoir ce que vous avez concrètement conclu avec le revendeur ?

Sada THIAM : Mais le revendeur qui n'acceptait de traiter qu'avec une fondation, a traité directement avec la Fondation dirigée par Jean Pierre Senghor. A ce jour, les Hovercraft sont acquis par la Fondation.

Walfadjri : Quel est le coût de ces Hovercraft ?

Sada THIAM : Dix millions de dollars, soit environ cinq milliards et demi de francs Cfa, pour deux engins. Alors qu'un seul engin neuf coûte 80 millions de dollars.

Walfadjri : Et vous avez déjà bouclé le financement...

Sada THIAM : C'est pratiquement réglé aujourd'hui puisque le contrat est fait entre la Fondation et le revendeur. Aujourd'hui, ce que nous attendons, c'est que l'Etat, qui doit participer à l'acquisition de ces Hovercraft , s'acquitte de sa tâche. Et je demeure convaincu que le président de la République fera faire le nécessaire par son gouvernement.

Walfadjri : Qu'entendez-vous par l'Etat s'acquitte de sa tâche ?

Sada THIAM : Qu'il prenne la part qui lui revient, c'est-à-dire les 49% du coût de l'opération, dans la mise en œuvre de ces aéroglisseurs au profit de la Casamance.

Walfadjri : Les Anglais n'attendent donc que la réaction de l'Etat pour vous livrer les aéroglisseurs...

Sada THIAM : C'est-à-dire que les frais de livraison, les frais d'emmener, les frais afférents au personnel d'encadrement, notamment sur le plan technique, devront être dégagés. C'est un surcoût, qui doit être estimé et mis à disposition par une société d'exploitation. Et dans cette société d'exploitation, à n'en pas douter, l'Etat prendra sa part.

Walfadjri : Le coût des aéroglisseurs va donc revenir à plus des cinq milliards et demi, déjà annoncés...

Sada THIAM : Il faut savoir que l'acquisition, c'est un coût. La mise à disposition jusqu'à Dakar en est un autre.

Walfadjri : Avez-vous évalué les différents surcoûts

Sada THIAM : C'est estimé, mais ce n'est pas encore évalué.

Walfadjri : C'est estimé à combien ?

Sada THIAM : Pour le moment, nous ne pouvons pas communiquer autour de cette question. Nous n'avons pas arrêté définitivement de chiffres. Parce qu'il va falloir l'intervention des experts nationaux et anglais.

Walfadjri : Quand est-ce que les populations de la Casamance auront la chance de voir ces aéroglisseurs en activités ?

Sada THIAM : Je demeure persuadé que dans quelques mois, le Sénégal verra ces aéroglisseurs. Je demeure également persuadé que le président de la République se fera le privilège d'inaugurer le premier voyage entre Dakar et Ziguinchor.

Walfadjri : Dans quelques mois, vous ne trouvez pas que c'est long...

Sada THIAM : Non, ce n'est pas long. Les aéroglisseurs restent à mon avis une solution des meilleures tant sur le plan coût que sur le plan rapidité. Parce que, pour construire un bateau, cela prend du temps. Mais je crois que d'ici peu, d'ici quelques mois, nous pourrons servir la Casamance.

Walfadjri : Etes-vous d'accord avec Robert Sagna sur les chiffres qu'il avance, notamment avec les passagers ?

Sada THIAM : Tout à fait. Les capacités sont avérés. C'est 500 passagers, c'est 50 à 60 véhicules. C'est environ 300 tonnes de fret. C'est déjà important. Ces aéroglisseurs sont des engins qui faisaient la liaison entre Calais et le Douvre en Angleterre. Et qui n'ont été mis hors service que parce que le tunnel sous la manche est fonctionnel. S'il n'y avait pas de tunnel sous la manche, ces engins auraient continué à servir entre la France et l'Angleterre.

Walfadjri : Vous avez donc eu l'avis des experts sur ces engins...

Sada THIAM : Tout à fait. Létat technique de ces aéroglisseurs est impeccable. Il n'y a rien à retoucher. On les aurait transportés aujourd'hui sur Dakar, on aurait effectué le premier déplacement sur Ziguinchor.

 



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