Partagé entre l’éternel problème d’acquisition de semences, de matériels agricoles et de commercialisation des récoltes, le monde paysan tend à se prendre en charge devant l’incapacité de l’Etat à dynamiser le secteur agricole. Le Syndicat des cultivateurs, éleveurs et maraîchers du Sénégal (Scems) vient de mettre en place une mutuelle qui se fixe comme objectif de prendre en charge les problèmes paysans.

Le monde rural sénégalais ne compte plus sur le gouvernement pour créer les conditions de sa modernisation et d’une meilleure rentabilité de l’agriculture. Le Syndicat des cultivateurs, éleveurs et maraîchers du Sénégal (Scems), par la mise en place d’une Mutuelle d’épargne et de crédit (Mec), compte prendre les devants dans la prise en charge des problèmes qui secouent le monde rural, laissé à lui même par les autorités de l’Etat : «Dans un contexte où les paysans sont confrontés à des conditions de travail difficiles du fait de leurs maigres moyens, une telle initiative vient en appui dans la prise en charge des problèmes de semences, d’engrais et de matériels agricoles. Sans compter la commercialisation de l’arachide», campe d’emblée Malick Seck, secrétaire général du Scems, en ouverture à la conférence de presse tenue hier au siège de la Confédération des syndicats autonomes (Csa).

Les représentants du monde rural n’ont pas manqué, à travers cette tribune, d’étaler les maux qui gangrènent leur secteur d’activité, laissé en rade. «L’agriculture sénégalaise reste toujours à l’état archaïque, car les rendements du cultivateur sénégalais ne lui permettent guère de subvenir à ses besoins les plus élémentaires. C’est pourquoi, nous voulons œuvrer à rentabiliser ce secteur-clé de l’économie nationale», détaille Bigué Camara, vice-présidente de la Mutuelle d’épargne et de crédit du Scems. Selon cette dernière, le monde rural reste affecté à l’heure actuelle par le problème de l’irrégularité de la distribution des semences. Pire, Mme Camara révèle de nombreuses magouilles dans les actions de dotation de ses collègues agriculteurs en semences : «Les vrais paysans n’accèdent pas aux semences. S’ils en reçoivent, soit c’est très en deçà de la quantité requise, ou alors c’est la mauvaise qualité qui réduit à néant nos chances de nous en sortir.»

Cette mutuelle qui vient de recevoir son agréement , le Scems en avait déjà jeté les bases en octroyant lors de la campagne agricole 2005 des prêts aux paysans pour une valeur globale de 2 millions de francs Cfa. «Cette année, grâce à un appui conséquent de nos partenaires, nous avons pu octroyer des prêts à 66 bénéficiaires pour un montant de près de 10 millions de francs Cfa», se réjouit la vice-présidente de la Mutuelle. Mais Mme Camara ne manque pas d’interpeller le gouvernement sur son devoir d’accompagner le monde paysan pour l’atteinte des objectifs de modernisation que se fixent les agriculteurs à travers leur syndicat et la mutuelle.