Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

Amadou Niang, ministre du Commerce : « Les exportations de céréales du Sénégal sont en hausse»

Single Post
Amadou Niang, ministre du Commerce : « Les exportations de céréales du Sénégal sont en hausse»

2007 et 2008 ont été pour le consommateur sénégalais, en particulier, des années difficiles. Les étiquettes des denrées de première nécessité ayant pris l’ascenseur. Pour y faire face, le gouvernement a entrepris plusieurs mesures dans maints domaines. Pour ce qui le concerne, le Département du Commerce a veillé à ce que les prix soient contenus dans des proportions supportables pour les masses. Comment ? Avec quels moyens ? Pour quels résultats ? A ces questions et à d’autres, le ministre du Commerce, Amadou Niang, apporte des réponses.

Wal Fadjri : La filière oignon bénéficie d’une protection des pouvoirs publics. Ce qui fait que, à un moment donné de l’année, les importations de ce produit sont bloquées. Ne pensez-vous pas qu’il faut en faire de même pour la filière du riz local ?

Amadou NIANG : Pour la filière oignon, nous avons choisi de travailler sur la base d’un consensus avec les producteurs. Alors, le résultat c’est que, au moment de la commercialisation de l’oignon, il n’y a pas d’opération d’importation et cela nous l’avons obtenu parce que tous les importateurs se sont engagés à respecter le mot d’ordre et librement. Mais nous n’avons pas mis en place une société de commercialisation de l’oignon local. La différence que nous avons avec le riz, c’est que, non seulement nous appliquerons le même système, mais avec une société dans laquelle vous retrouverez tous les acteurs. C’est-à-dire, les agriculteurs, les coopératives et les importateurs eux-mêmes. Donc, c’est vraiment le point de progrès par rapport au schéma oignon. Je rappelle que, pour le schéma oignon, cette année, le chiffre d’affaires est passé de 3 milliards à 22 milliards. Simplement parce que nous avons réussi à mettre en place ce dispositif. Et nous avons réussi à faire respecter le dispositif par tout le monde.

Par rapport justement à la filière riz local, on voit que vous êtes très optimistes. Sur quoi vous fondez-vous pour être aussi optimisme ?

Je me fonde d’abord sur l’évolution de la production. En 1999, nous étions à 100 000 tonnes de production de riz paddy alors que cette année, nous sommes à plus de 560 000 tonnes. Ce qui fait, à peu près, 400 000 tonnes de riz blanc, c’est-à-dire la moitié de la consommation annuelle du Sénégal. C’est sur la base de cette évolution que nous entendons, d’ici 2015, atteindre les 800 000 tonnes de riz blanc. Et cette position permettra au Sénégal de satisfaire la demande nationale. Donc, c’est une évolution très importante. Pour bien l’accompagner, nous avons mis en place une société de collecte de riz local. La société a déjà tous ses actes notariés. Dans quelques jours, elle se lancera dans ses premières opérations. Nous avons fait ce choix parce que nous avons constaté que, à chaque fois qu’il y avait des gains de compétitivité du riz sur le marché international, nos importateurs ont importé pour plus que nos besoins nationaux. Ils ont même importé pour satisfaire la sous-région. Ce qui a inhibé la filière locale. Les coûts du riz étaient bas. On a importé plus que de nécessaire et cela a toujours inhibé la filière locale. Alors nous avons pris la décision de travailler avec ces importateurs pour leur dire que nous allons poser comme priorité la commercialisation du riz local. Au moment de commercialiser ce riz local, étant donné que vous (les importateurs, Ndlr) ne pouvez pas poursuivre deux lièvres à la fois - et vendre le riz local (par vous-mêmes) et importer pour vous concurrencer au moment de commercialiser le riz local - nous vous demanderons, soit d’arrêter les importations, soit de les modérer de sorte à pouvoir commercialiser le riz que vous avez collecté au Sénégal. Donc, Moustapha Tall, Bocar Samba Dièye, Moustapha Ndiaye, etc. ont accepté de faire partie de cette société. Mettre en place cette société, c’est d’abord libérer des actions. C’est ensuite avoir un business-plan et financer les opérations locales. (…) Je note que toutes les associations de producteurs au niveau de la vallée sont actionnaires dans la société.

Peut-on connaître le bilan des magasins témoin mis en place par l’état depuis l’année dernière ?

Le souci du président de la République, au moment de la mise sur pied de ce programme, était de moderniser la distribution et surtout de permettre la maîtrise des prix. Parce qu’il faut rappeler que c’est un projet qui a été mis en place en 2006. Ce, au moment où les cours mondiaux des produits de base étaient à un niveau très élevé. Nous avons aujourd’hui implanté 200 magasins à travers tout le pays. Pour le programme de cette année, nous implanterons une bonne centaine de magasins. L’objectif de transparence est un objectif que nous avons atteint. Parce que, avec ces magasins-là, nous avons pu avoir une bonne publicité des prix. Et à ce niveau, je dois aussi vous dire que nous avons des collaborateurs qui nous ont permis de véhiculer notre politique de distribution. Il s’agit maintenant de continuer avec un bon maillage. Ce maillage que nous entendons mettre en place sera fait cette année dans les communautés rurales.

Où en êtes-vous aujourd’hui avec la stabilisation des prix des produits de première nécessité ?

En 2007, les produits de grande consommation étaient à un niveau très élevé. Si je donne l’exemple du riz, en 2008, la tonne de riz ordinaire était presque à 1000 dollars. Ces prix ont connu aujourd’hui une pente descendante. Nous avons un bon niveau de prix au niveau des cours internationaux : 400 à 450 dollars. Ce qui nous a permis d’avoir une bonne maîtrise des prix. Mais, ce qui est surtout important par rapport à notre dépendance alimentaire, ce sont les décisions importantes prises par le président de la République depuis 2008 de faire en sorte que le Sénégal soit un pays d’offre surtout en matière de pays agricoles. Nous constatons, à partir de cette décision prise et de la Goana (Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance, Ndlr) qui a été l’instrument d’intervention, que cette année nous avons produit plus d’un million de tonnes d’arachides. Nous avons aussi produit plus de 2 millions de tonnes de céréales et nous sommes à mi-chemin de notre autosuffisance alimentaire en riz. C’est cela qui nous permettra de nous soustraire de la dépendance des marchés internationaux et c’est cela qui nous permettra de nous soustraire des chocs exogènes en matière de prix. Je pense que, d’ici 2015, nous pourrons, pour beaucoup de céréales, atteindre un niveau qui nous assurera, au plan interne, la stabilité des prix. Je note aussi, en passant, que nos exportations de céréales sont sur une évolution en hausse. Cette année, le Sénégal a exporté 3 milliards de francs Cfa de céréales. Et c’est la première fois que nous sommes en position d’exportateur de céréales. Nous avons toujours été dépendant, nous avons toujours importé surtout pendant les périodes de soudure. Et cette soudure, on n’en parle plus.

‘D’ici 2015, nous pourrons, pour beaucoup de céréales, atteindre un niveau qui nous assurera, au plan interne, la stabilité des prix. Je note aussi, en passant, que nos exportations de céréales sont sur une évolution en hausse’

Pour en revenir aux magasins-témoins, d’aucuns se plaignent de leur mauvaise répartition du point de vue géographique. Que leur répondez-vous ?

Notre souci est de faire en sorte que ce projet-là reste un projet privé. Parce qu’on est dans le domaine du commerce. Donc, l’Etat ne peut plus se substituer aux particuliers pour faire le commerce. Aussi, ce que l’Etat a offert, c’est une garantie. Mais, l’opération, dans son montage, est une opération privée. C’est un promoteur qui finance des particuliers et ces particuliers s’engagent, à hauteur de 10 millions, pour obtenir des marchandises. Alors, il était difficile d’avoir une approche régionale ou départementale. Parce que, il faut d’abord que le particulier décide librement d’acquérir un magasin de référence. La deuxième chose est qu’il faut avoir la capacité de mobiliser la garantie qui est de 1 million. Donc, même si vous voulez bien faire et vous choisissez un département, s’il n’y a pas d’opérateurs capables d’apporter cette garantie, le département n’obtiendra pas de magasins de référence. Mais, nous sommes en train de travailler à mobiliser les capacités dans les départements et dans les communautés rurales pour pallier ce que vous venez de signaler.

Sur les prix, l’Etat peine à faire respecter sa volonté. Où se situe l’obstacle ?

Il faut dire que, pour l’essentiel, nous ne fixons pas les prix. Nous travaillons simplement à avoir la transparence. Quand nous voyons des dérapages, nous travaillons à fixer les prix de manière temporaire. Le temps de savoir où se situe la difficulté. Mais, en général, quand nous intervenons, nous identifions la cause et nous nous attaquons à cette cause. Mais, notre approche n’est plus de fixer les prix parce que nous sommes dans une économie de marché. Mais notre mécanisme de surveillance est un mécanisme qui nous a permis de produire beaucoup de résultats. Vous avez suivi le blocage du prix de l’huile, celui du prix du pain, le blocage des prix de sucre. Nous avons, également, bloqué le prix du ciment. Nous avons bloqué le prix des boissons gazeuses et je vous dis que c’est un régime qui n’a pas été utilisé depuis 1968. Si nous l’avons fait pour huit produits, cette année, c’est parce que nous sommes soucieux de savoir, à chaque fois qu’il y a une difficulté, où se situe la difficulté. Si l’industriel ou le commerçant a quelque chose à se reprocher, nous nous sommes toujours évertués à corriger la situation.

Dans le dernier bras de fer entre l’Etat et les boulangers, ces derniers semblent avoir pris le dessus en augmentant le prix du pain. N’est-ce pas une faiblesse du gouvernement ?

Ils n’ont pas pris le dessus. C’est l’Etat qui a pris le dessus pour des raisons très simples : c’est que le prix du blé a varié de 52 à 60 %. S’il y a une variation de 60 %, normalement on doit la retrouver automatiquement sur la farine. On doit aussi la retrouver automatiquement sur le prix du pain. Mais, si vous comparez la variation que nous avons autorisée et qui est de 25 francs, vous verrez que ce n’est pas 25 francs pour le même format. Nous n’avons pas autorisé une augmentation de 25 francs pour le format de 120 g qui était la baguette. Nous avons autorisé 25 francs pour un format dont le poids passe de 180 g à 210 g. C’est donc un format dont le poids a été majoré de 180 g à 210 g. Donc, cela fait 30 grammes de plus. Nominalement, le prix a varié de 25 francs. Donc, si vous faites le rapport variation du prix/variation du poids, vous verrez que c’est une augmentation de, peut-être, 10 à 11 francs. Les boulangers demandaient une hausse de 60 francs et menaçaient de passer à 200 francs alors que le prix plancher était de 140 francs à Dakar. Donc, c’est une hausse de 60 francs que les boulangers demandaient. Je pense qu’ils n’ont pas pris le dessus.

Concernant le pain dit ‘Tapa Lapa’, qu’envisage le ministère pour qu’il soit de qualité et à la portée des bourses des consommateurs ?

Les consommateurs aiment beaucoup le ‘Tapa Lapa’. C’est un produit qui est substantiellement différent et tout le monde le constate. Je reviens de Walaldé (son village, Ndlr) où j’étais parti avec un Suisse. Et quand on est arrivé, il m’a dit : ‘J’espère que je trouverai dans ton village du pain ‘Tapa Lapa’’. Alors, je considère d’abord qu’on doit rénover les moyens de production du ‘Tapa Lapa’ avec un four qui utilise l’énergie d’origine fossile. Il faut, à ce niveau, qu’on apprenne aux boulangers les techniques de production du ‘Tapa Lapa’. Comme on interdit d’utiliser la biomasse dans le secteur de la boulangerie, on pourrait, d’abord, former les boulangers à la production de ce produit et puis en diffuser la production. Une fois qu’on a pris cette précaution de faire en sorte que l’on utilise l’énergie d’origine fossile, on pourrait diffuser la production de ce produit. Pourquoi la diffuser ? Parce qu’il y a beaucoup de Sénégalais et d’étrangers qui aiment ce pain. Donc, autant on n’en vend pas, autant c’est un chiffre d’affaires que nous perdons.

Le Sénégal est-il, aujourd’hui, à l’abri d’une pénurie de gaz ? Si oui, pour combien de temps encore ?

Le secteur du gaz est un secteur qui était confronté à des difficultés de logistique. En fait, nos équipements portuaires ne nous permettaient pas d’accueillir de grands butaniers. Nous recevons des butaniers de 1000, 2000 tonnes ou 3000 tonnes. Ce qu’il nous faut, c’est de pouvoir recevoir des butaniers d’une très grande capacité. Cette difficulté structurelle, le ministre d’Etat, Karim Wade, s’en occupe depuis qu’il a pris service. Vous constatez, avec moi, que depuis un mois, il y a une nette amélioration dans la fourniture du gaz au niveau du marché intérieur. Nous ne pouvons pas faire l’économie des investissements qu’il faut pour recevoir le gaz pour une durée longue et qui nous permet d’assurer la sécurité de notre marché intérieur. Je sais que les autorités qui en sont chargées en sont bien conscientes. Puisqu’elles ont déjà mis en place un comité technique qui est en train de travailler là-dessus. Et dans quelques jours, la population aura toutes les informations sur le gaz ainsi que ce qui est prévu sur ce produit comme investissement pour permettre au Sénégal d’avoir lés capacités de stockage, les capacités de réception au niveau des infrastructures portuaires. Ce qui permettra de sécuriser notre pays.




2 Commentaires

  1. Auteur

    Pisko

    En Novembre, 2010 (03:20 AM)
    sale nistoire
    Top Banner
  2. Auteur

    Inconnu

    En Novembre, 2010 (13:33 PM)
    félicitations à mr le ministre du commerce, voici quelqu'un qui maîtrise son dossier
    {comment_ads}

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email