Le village artisanal de Soumbédioune ne vit plus. IL est confronté à des problèmes d’accessibilité et de visibilité. Autant de problèmes qui freinent le développement des activités du site. Les artisans en appellent à la responsabilité des autorités.
Le village artisanal de Soumbédioune, un site touristique situé sur la corniche ouest, à hauteur du marché de la Gueule Tapée non loin de la très populeuse Médina.Le site, jadis très fréquenté, n’est plus que l’ombre de lui-même.
Il est 11 heures passé de quelques minutes, ce vendredi 16 octobre. Des œuvres d’art, faites à la main sont exposées devant des boutiques. Des poupées pour enfants, des sacs en cuir, des girafes sculptées, des colliers et d’autres articles renseignent sur l’identité artistique des lieux.
À l’intérieur d’une des boutiques qui servent également de fabriques, des artistes sculptent le bois. Ousmane Gaye est l’un d’eux. L’objet qu’il sculpte a déjà pris forme, et l’on peut deviner aisément qu’il s’agit d’une tortue.
Mais ce qui frappe, le plus, le visiteur dans ce village, c’est le calme qui y règne. Les clients ne sont plus nombreux. «C’est toujours comme ça depuis un certain temps. Les choses ne marchent vraiment pas pour nous», se désole Mme Socé Diouf. À côté d’elle, quelques individus le thé, histoire de meubler le temps.
«Depuis qu’on a commencé les travaux sur la corniche ouest le village est mort, plus personne ne vient, le site est devenu inaccessible », renchérit Malick Sylla, un cordonnier.
Même son de cloche chez Ousmane Gaye, le sculpteur sur bois. «On arrive même plus à payer le loyer tellement la situation est catastrophique», indique-t-il.
Les artisans payent la location des boutiques à la Chambre de commerce de Dakar. Selon Ousmane Gaye, les prix varient entre 6.500 et 7.000 francs CFA. Aussi modique que soit la somme, dit-il, plus de la moitié de ceux qui travaillent dans le village sont dans l’impossibilité de la payer à la fin du mois.
«Nous sommes restés presque deux ans sans travailler et plusieurs d’entre nous ont accumulé des arriérés. Moi-même, je ne suis pas en règle», avoue le sculpteur de bois.
Cette période correspond, également, à la basse saison touristique. Et le village artisanal, logiquement, ressent les effets de cette période. «D’habitude durant cette période, les résidents constituaient l’essentiel de nos clients, mais avec la crise, le pouvoir d’achat des Sénégalais a beaucoup chuté. Ce que nous ressentons rudement», explique Ousmane Gaye.
La réfection du village en voie
Séguine Kanté, un autre artisan établi au village de Soumbédioune depuis 40 ans, voit le problème ailleurs. A son avis, ce sont les responsables de la Chambre des métiers qui ne font pas leur travail. «Il n y a pas de véritable politique au Sénégal pour promouvoir l’artisanat», regrette-t-il, d’un ton amer.
«L’artisanat est en crise depuis plus de 20 ans maintenant et si les autorités ne font rien, il va mourir de sa belle mort», prédit le vieux Séguine Kanté.
Pourtant, souligne Maguette Mbow, président de la Chambre des métiers, l’artisanat fait des rentrées de devises énormes et représente 12 % du produit intérieur brut du Sénégal. Et à l’en croire, l’espoir est encore permis.
En effet, renseigne-t-il, la maquette pour les travaux de réfection du village sera bientôt sur la table du Président de la République. Ceci permettra, croit-il savoir, à Soumbédioune de se moderniser et de retrouver son lustre d’antan.
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