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Economie

Assistance financière au Sénégal : Cette manne mal utilisée

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Assistance financière au Sénégal : Cette manne mal utilisée

Le Sénégal est l’un des pays au monde recevant le plus d’aide internationale par habitant. En 2004, ces flux étaient tellement importants que, s’ils avaient été distribués directement à l’ensemble de sa population, chaque Sénégalais pourrait se retrouver avec 100 dollars. Au même moment, chaque ménage aurait reçu plus de 1 000 dollars.

Dans les colonnes de 'Echos de la Banque mondiale', magazine de la représentation de l'institution financière à Dakar, son économiste principal pour le Sénégal, Jacques Morisset, affirme que le versement de l’aide extérieure n’a pas eu les résultats positifs escomptés tant sur la croissance économique que sur la réduction de la pauvreté dans la majorité des pays en développement, y compris africains. Même s'il reconnaît que les résultats auraient pu être pires (notamment en termes de recul de certaines maladies) en l’absence de cette aide, M. Morisset reste tout de même convaincu que le bilan global est décevant.

En évoquant l’importance des flux d’assistance reçus par le Sénégal, l'économiste illustre le malaise qui existe sur la scène internationale concernant l’efficacité de l’aide. A l'en croire, il est l’un des pays au monde recevant le plus d’aide internationale par habitant. En 2004, avance-t-il, ces flux étaient tellement importants que, s’ils avaient été distribués directement à l’ensemble de sa population, chaque sénégalais pourrait se retrouver avec 100 dollars alors que chaque ménage aurait reçu plus de 1 000 dollars.

Pour étayer son propos, il révèle que si l’aide reçue par notre pays en 2004, c’est-à-dire plus d’un milliard de dollars, avait été distribuée à tous les ménages sénégalais, ceux-ci auraient ensuite dépensé cet argent dans le pays (par exemple en achetant des légumes au marchand de primeurs qui, à son tour, acquiert des meubles et ainsi de suite). Sous ce rapport, affirme-t-il, les simples effets multiplicateurs engendrés par ces dépenses auraient créé un cercle vertueux de la croissance permettant une augmentation du revenu de chaque ménage sénégalais allant jusqu’à 6 000 dollars .

De son avis, cet exemple fictif permet d’illustrer que les fonds existants sont largement suffisants et que le problème réside surtout, dans le système actuel, dans l’absence de ces effets multiplicateurs. Ces derniers sont absents car l’aide n’est pas (ou est mal) dépensée à l’intérieur du pays.

Dans son argumentation, M. Morisset révèle qu'en Afrique, il est notoire que de nombreuses 'fuites' existent, à commencer par la corruption faisant que l’argent sert à financer des biens de luxe importés ou aboutit dans des comptes secrets des pays du Nord. 'L’argent quitte également le territoire à cause des conditions imposées par de nombreux bailleurs de fonds, telle que le recours à leurs consultants ou l’achat de leurs biens d’équipements (il était estimé, en 1999, que 80 % de l’aide américaine aux pays en développement repartait vers les États-Unis sous forme de commandes)' affirme-t-il.

Enfin, les effets multiplicateurs sont souvent moindres en raison, comme le répète souvent le président Wade, de la capacité d’absorption limitée de l’Administration publique et des procédures complexes utilisées par les bailleurs de fonds. Un simple regard sur le budget de l’Etat sénégalais montre que l’exécution des projets financés par des fonds extérieurs ne dépassait pas 66 % en 2004.

Le deuxième argument de M. Morisset repose sur la comparaison avec les revenus rapatriés par les Sénégalais de l’extérieur. Sous cet angle, il affirme que le montant de ces revenus est approximativement égal à celui de l’aide extérieure qui se chiffre à environ 1 milliard de dollars par an si l’on inclut les transferts échappant aux circuits officiels.

En définitive, la Banque mondiale arrive à la conclusion que ces revenus rapatriés ont davantage d’effets positifs que ceux associés à l’aide. Face à cette kyrielle d'impairs, l'institution de Bretton Woods se propose d'améliorer l’efficacité de l'assistance aux pays en développement. A cet effet, elle rappelle que plusieurs initiatives ont été déjà lancées, lesquelles préconisent des changements de comportement tant chez les bailleurs de fonds eux-mêmes que chez les pays récipiendaires.

Quatre orientations stratégiques sont ainsi mises en exergue. Il s'agit pour la Banque mondiale de favoriser les pays qui font preuve de transparence dans ses opérations. Bretton Woods compte aussi, d'une part, accroître la responsabilisation des bénéficiaires, et d'autre part, pousser à la simplification des procédures et à l’harmonisation de l’aide. Devant la difficulté à identifier des actions et des programmes crédibles, et pour obtenir des résultats concrets, l’attention des bailleurs se concentre désormais non plus sur les indicateurs de moyens mais sur les indicateurs de résultats et d’impact sur le développement économique et social des populations.



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