BANQUE MONDIALE : Le portefeuille du Sénégal n'absorbe que 39% des crédits, soit 296,75 millions de dollars

Juste 296,75 millions de dollars sont absorbés par les projets du Sénégal sur un financement de 766,9 millions de dollars de la Banque mondiale. Soit 39% des crédits alloués. Le constat a été fait, hier, lors de la Revue annuelle conjointe de la performance du portefeuille de projets financés par la Banque mondiale.  
 

Malgré un portefeuille de 23 projets actifs au Sénégal et représentant un financement de 766,9 millions de dollars Us, la Banque mondiale a constaté un faible taux d'absorption des crédits qu'elle a mis en place. En effet, lors de la Revue annuelle conjointe de la performance du portefeuille de projets financés par l'institution, hier, le rapport fait à cet effet indique qu'au 15 mars 2010, sur un total d'engagements de 766,9 millions de dollars, le portefeuille a un niveau de décaissement de 296,75 millions de dollars, soit 39%». Un taux de décaissement relativement peu élevé qui s'explique par «le fait que le portefeuille soit jeune». Il est expliqué que «la durée moyenne entre la date d'approbation des projets par le Conseil d'administration (de la Banque mondiale) et la date de mise en vigueur est de 8 mois». Et surtout que «les conditions de base ne sont toujours pas en place pour un démarrage rapide de la mise en oeuvre de certains projets au moment de l'approbation du crédit et ceci se traduit par des décaissements lents au démarrage».

Au-delà de ce constat sur le faible taux de décaissement, la Banque mondiale a passé en revue les projets financés et distribué les bons et mauvais points pour le Sénégal. «Globalement, on peut constater que la qualité du portefeuille s'est maintenue à un niveau satisfaisant ces dernières années», lit-on dans le rapport. Seulement, cette appréciation globale cache des disparités dans les performances générales du Sénégal. En effet, «neuf crédits sont jugés 'satisfaisants' ou 'hautement satisfaisants' en termes de développement et de mise oeuvre». Sept projets de la Banque mondiale sont jugés «moyennement satisfaisants» quant à leur exécution. Il s'agit du projet des Criquets pèlerins, de l'électricité rurale, de la sécurité aérienne, du Precol et dans le secteur de l'éducation.

«Des plans d'action sont en cours d'exécution  pour ramener les projets sur une trajectoire 'satisfaisante'», fait savoir le rapport qui précise qu'«au 15 mars 2010, quatre projets sont jugé 'modérément insatisfaisants'». Il s'agit de deux projets dans le secteur de l'énergie (Preselec- Projet sénégalais de renforcement de l’efficacité du secteur de l’électricité – et l'Appui budgétaire sectoriel énergie), du Ppip et du don Gpoba (Global partnership on output based aid).

Par ailleurs, il est indiqué que la part la plus importante du portefeuille concerne le secteur de l'énergie avec 193,1 millions de dollars (26%), suivi du secteur du développement local avec 130,05 millions de dollars (17%), et du secteur des transports avec 112 millions (15%). Viennent ensuite les secteurs de l'eau et de l'assainissement (11%), l'agriculture (9%), le Vih/sida (7%), le secteur privé (6%), l'environnement (5%) et l'éducation (4%).

Bachir FOFANA    
 
 
 

Ces risques qui peuvent avoir un impact sur les allocations dans les années à venir 

La revue annuelle des projets financés entre les deux parties a été l'occasion pour les deux parties de pointer du doigt les risques qui, dans les années à venir, peuvent influer sur le niveau des allocations de la Banque mondiale au Sénégal. En effet, le rapport mentionne que les résultats globalement satisfaisants «masquent un nombre de risques qui, s'ils ne sont pas pris en compte, peuvent potentiellement faire baisser la qualité du portefeuille, et donc avoir un impact sur les allocations Ida du Sénégal dans les années à venir».

Le document indexe en premier «les retards de mise en vigueur (...) récurrents dans le portefeuille», «la mobilisation des fonds de contrepartie (qui) a subi des retards conséquents en 2009» et enfin «certains projets (qui) présentent des taux de décaissement lents».

Face à ces griefs, le Sénégal et la Banque mondiale ont convenu que «collectivement, l'on donne toute l'attention nécessaire à ce problème» en trouvant les «voies et moyens de faire en sorte que ces fonds soient mis à disposition plus rapidement». Mais aussi que «les missions de supervision et un suivi régulier sur la base d'actions détaillées permettent que des conditions favorables de mise en oeuvre soient maintenues».

B. FOFANA