Bras de fer fiscal entre le Sénégal et Woodside Energy : entre souveraineté nationale et attractivité économique, l’exécutif face à un tournant stratégique
En entreprenant la révision des contrats pétroliers, gaziers et miniers conclus sous les précédentes administrations, le gouvernement sénégalais entend affirmer sa souveraineté économique. Depuis avril 2024, une commission dédiée a été chargée d’auditer l’ensemble des accords en vigueur, avec pour objectif de corriger ce que le nouveau pouvoir considère comme des déséquilibres contractuels au détriment de l’État.
Dans les faits, cette orientation s’est traduite par la suspension ou la dénonciation de plusieurs projets. Celui conclu avec la société saoudienne Acwa Power pour une usine de dessalement a été annulé, jugé non conforme aux intérêts du pays. Cette inflexion traduit un repositionnement politique assumé, dans un contexte de remise en cause du modèle extractiviste tel qu’il a été construit ces dernières décennies.
Mais cette politique de renégociation n’est pas sans répercussions. Plusieurs contrats comportent des clauses de stabilité juridique et fiscale, engageant l’État sur plusieurs années. Leur révision pourrait exposer Dakar à des procédures d’arbitrage international. Le pays s’expose ainsi à un double risque : un ralentissement des flux d’investissement directs étrangers et une dégradation de la perception de son climat des affaires, dans un contexte où ses besoins en capitaux et en technologies restent élevés.
Si la dynamique actuelle traduit un changement de paradigme, son efficacité dépendra de la capacité des autorités à articuler exigence de justice économique et sécurité des investissements. Dans un pays où le secteur extractif représente une part croissante des recettes futures, la posture adoptée aujourd’hui pourrait redéfinir les équilibres de demain.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion