L’activité du secteur du bâtiment et des travaux publics dans l’espace UEMOA a connu en mars 2025 une évolution à deux vitesses, reflétant les disparités croissantes entre les économies de l’Union. Tandis que certains pays enregistrent une nette accélération, d’autres subissent un net ralentissement, révélateur d’un climat d’investissement inégalement favorable.
Le Sénégal se distingue avec une progression remarquable de l’activité, mesurée à +33,3 points sur le mois, portée par la relance des grands chantiers d’infrastructure, les dépenses publiques soutenues et l’attrait renouvelé des investisseurs. Le Bénin (+25,6) et le Burkina Faso (+14,9) affichent également une dynamique positive, liée à la poursuite de projets structurants et à une relative stabilité macroéconomique.
À l’opposé, le Mali (-42,8) et le Niger (-21,9) enregistrent des baisses brutales, principalement en raison de la détérioration du contexte sécuritaire et des incertitudes politiques pesant sur les dépenses publiques et la confiance des opérateurs. Ces reculs soulignent l’effet immédiat des fragilités institutionnelles sur les secteurs sensibles aux investissements à long terme, comme le BTP.
Ces écarts, bien plus que conjoncturels, posent la question de la cohésion économique au sein de l’UEMOA. Alors que l’intégration régionale progresse sur le plan normatif et financier, les fondamentaux économiques divergent, créant un déséquilibre latent dans l’orientation des capitaux, la répartition des chantiers et la mobilisation de la main-d’œuvre qualifiée.
Le BTP, souvent considéré comme un baromètre de la vitalité économique nationale, révèle ici les lignes de fracture entre des économies résilientes et d’autres en repli. La capacité d’absorption budgétaire, l’environnement des affaires, la stabilité politique et l’accès aux financements extérieurs deviennent des critères déterminants dans cette recomposition silencieuse.
À court terme, ces disparités risquent de renforcer la polarisation des flux d’investissement au sein de l’Union, au détriment des pays les plus fragilisés. À moyen terme, elles interrogent la portée réelle des mécanismes de solidarité régionale et la capacité de l’UEMOA à harmoniser non seulement les règles, mais aussi les trajectoires de croissance.
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