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Economie

BTP - Domaine de non-transparence et de corruption : Les acteurs dénoncent les Agences d’exécution

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BTP - Domaine de non-transparence et de corruption : Les acteurs dénoncent les Agences d’exécution

La création, tous azimuts, des agences au Sénégal est une pratique jugée dans le secteur des Btp comme propice à la corruption et la non-transparence. Hier, au cours du séminaire organisé par la Commission de lutte contre la corruption, la non-transparence et la concussion, le doigt a été mis sur un mal qui se généralise au Sénégal et que tout le monde banalise.

Les étalages ostentatoires de richesse que l’on voit de plus en plus au Sénégal seraient, pour une très grande partie, dus à des pratiques de corruption, ont dénoncé hier des personnes parmi les mieux placées pour savoir de quoi elles parlent. L’architecte Jean-Charles Tall, ancien président de l’Ordre des Architectes a ainsi dénoncé le dynamisme trompeur du secteur des Btp, qui ne correspond en rien à l’activité économique du pays. Mme Aminata Niane, le Directeur-général de l’Agence national de promotion de l’investissement et des grands travaux (Apix), a constaté que les pratiques sociales sénégalaises sont parmi les freins à l’amélioration de l’environnement des affaires dans ce pays. Avec elle, les ministres d’Etat, respectivement chargés de la Justice et de l’Equipement et des Transports, Cheikh Tidiane Sy et Habib Sy, ont reconnu que la corruption tend à se généraliser de plus en plus au Sénégal. C’était au cours de l’atelier convoqué hier par la Commission nationale de lutte contre la non-transparence, la corruption et la concussion (Cnlcc), pour discuter sur «l’Analyse du phénomène de la corruption, l’implication des acteurs, dans le secteur des Btp».

C’était l’occasion, pour les différents acteurs, de dénoncer les «pratiques corruptrices» dans le secteur des Btp. Et surtout, l’absence de volonté politique pour faire changer les choses. Ainsi, Aminata Niane, se félicitant de ce que la Commission a été mise en place à la suite du premier Conseil présidentiel de l’investissement (Cpi), «pour aider à améliorer l’environnement des affaires et donner un signal fort aux investisseurs», constate que tout le monde reconnaît que la corruption gangrène le tissu social, et que le mal est très avancé. «Le paradoxe est que tout le monde reconnaît que le mal est profond, mais aucune action n’est entreprise, personne ne fait rien.» De son côté, Mansour Cama, le président de la Confédération nationale des entreprises du Sénégal (Cnes), et par ailleurs, membre de la Commission, a exprimé le vœu du secteur privé de voir mis en place un Observatoire des Brp, grâce auquel, dit-il, «tous les entrepreneurs pourront avoir en même temps, l’information en ce qui concerne des marchés», et éviter ainsi ce qui veut devenir une pratique actuelle, à savoir la passation des marchés de gré à gré.

ROUTES SURFACTUREES

Cette pratique est surtout le fait, selon les observateurs, des multiples agences qui se mettent en place depuis quelque temps. A l’image du Programme de construction et de réhabilitation du patrimoine bâti de l’Etat (Pcrpe), les agences comme l’Apix, l’Aatr ou l’Agetip cherchent à déroger au droit commun des marchés publics, comme ont voulu le démontrer les orateurs du jour, MM. Yaya Bodian et Abdoulaye Dièye, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). «L’investissement public passe de plus en plus à travers ce que l’on appelle, les Agences. Cette propension comprend un risque, de non transparence, puisque les agences établissent des régimes d’exception», a déploré Mansour Cama, qui ajoute : «Je peux même dire que le Pcrpe, comme d’autres agences créées récemment, ne participe pas à la promotion de la transpa-rence, et donc, à l’équité en matière de marchés publics et bien entendu, à préserver les deniers du citoyen. Toute pratique corruptrice débouche à de la surfacturation, ou à tout le moins à une dérive de l’investissement ou des deniers publics.»

L’un des exemples flagrants de cette dérive est dans la construction des routes. Le ministre des Infrastructures, de l’Equipement, des Transports terrestres et des Transports maritimes intérieurs, Habib Sy, a déclaré que dans ce domaine, «un kilomètre de route genre «bicouche» coûte en moyenne 150 millions de francs Cfa. Si c’est une route genre «enrobé-dense» appliqué désormais dans tous nos programmes, le kilomètre vaut en moyenne 180 millions de francs Cfa». Ce montant, que M. Sy voulait justifier, représente pourtant, aux dires de Aminata Niane et des entrepreneurs présents hier dans la salle, à quatre fois ce qui se fait dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Burkina ou la Mali.

CLASSIFICATION DES ENTREPRISES

Tout cela, surtout, parce qu’il n’y pas de référentiel de prix dans le domaine, comme l’a fait remarquer Mansour Cama, qui considère que, avant ce référentiel, il faudrait surtout activer la mise en place du comité qui s’occupera de classer les entreprises. «Vous ne pouvez pas lancer des offres de marchés sans tenir compte du fait que les entreprises doivent être classées. Toutes les entreprises ne sont pas de même taille et n’ont pas les mêmes capacités. Trop souvent, on a observé qu’en mettant de côté le classement des entreprises, on en arrivait même à la création spontanée des entreprises, qui naissaient parce qu’il y avait un marché qui allait être lancé et les gens étaient au courant.» Il assure que ses collègues et lui onts demandé que la Commission de classification des entreprises de Btp soit installée à la Cciad. Cela permettrait, comme cela existait avant, que l’Etat entreprenne d’abord une évaluation, par le biais d’experts, du volume financier que représenterait tel ou tel investissement. Et cela servait de référence pour lancer des appels d’offres. La fin de cette pratique est la voie ouverte à des surfacturations du genre de ce qui a été relevé dans la construction des infrastructures au Sénégal.

 



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