La finalisation des études de faisabilité de la ligne de chemin de fer Ziguinchor-Dakar marque un tournant décisif pour le désenclavement de la région sud et, à terme, pour l’intégration africaine. C’est ce qui se dégage de la cérémonie présidée hier au palais par le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade en présence des cadres casamançais, de l’association des familles des victimes du Joola, de députés de la région et des ministres concernés.
La firme indienne « Rites » a procédé hier au palais de la République à la remise officielle des études de faisabilité du chemin de fer Dakar-Ziguinchor qui doit participer activement au désenclavement de la Casamance. Un projet que le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade a replacé dans le cadre plus global des programmes d’infrastructures à l’échelon africain. Une cérémonie riche en symboles qui s’est déroulée devant un parterre d’invités représentant les populations de la région Sud, en présence de M. Pape Diop, président de l’Assemblée nationale, M. Habib Sy, ministre d’Etat, ministre des Infrastructures, de l’Equipement, des Transports terrestres et des transports maritimes intérieurs, M. Landing Savané, ministre d’Etat auprès du Président de la république, M. Becaye Diop, ministre des Forces armées, M. Madické Niang, ministre de l’Energie et des Mines, M. Thierno Lô, ministre de l’Environnement, M. Abdoulaye Baldé, Secrétaire général de la Présidence, du conseiller à l’architecture Pierre Goudiaby Atepa et aux infrastructures Diène Farba Sarr et de plusieurs députés.
Fruits de la coopération avec l’Inde qui a pris en main le projet dès que le vœu en a été formulé lors de la visite du Président Wade dans ce pays en octobre 2003, les études présentées en ‘’power point’’ par les techniciens de « Rites » ont porté sur le tracé retenu après les relevés topographiques, les essais pédologiques, les enquêtes de terrain et les analyses économiques. Cette présentation a été suivie par des recommandations en vue de la recherche du financement pour sa réalisation.
Partant de Ziguinchor dont le projet de gare est à l’étude, la ligne passera par Kolda, Vélingara et Gouloumbou pour rejoindre par Tambacounda la ligne du Dakar-Bamako. A cet effet, des études comparatives ont été menées sur les deux sections pour saisir toutes les opportunités liées à l’existence d’une vieille voie à écartement métrique. Mais aussi à la construction d’une nouvelle ligne de 361 kilomètres entre Ziguinchor et Tambacounda, qui permettra de contourner la Gambie. Car, les projets de pont et de route à travers ce pays voisin ont trop tardé à se concrétiser, selon Me Wade.
Dès lors, différentes options ont été présentées notamment en partant d’un tronçon souterrain Dakar-Fass Mbao, se poursuivant en surface par une ligne parallèle à l’actuel tracé, pour rejoindre Tambacounda. Vers le Sud, et à partir de là, une nouvelle voie sera construite le long de l’actuelle route nationale dont elle ne déviera que sur une boucle de 22,5 km pour éviter de franchir le fleuve Anambé. Le coût du projet est estimé entre 962,410 et 1494,67 millions de dollars US, suivant l’option écartement métrique ou standard. Pour un taux de remboursement économique de 16,10 % et un retour sur investissements de 5,5 %, en tenant compte également d’un volume de trafic projeté sur l’horizon 2012 et 2027, et partant de l’existant en matériel roulant et en expertise locale, les auteurs de l’étude ont estimé le projet faisable et recommandé le choix d’une ligne de surface à écartement métrique entre Ziguinchor et Fass Mbao et les mêmes caractéristiques pour le tronçon souterrain Fass Mbao-Dakar. Tout en reconnaissant que l’écartement standard présente l’avantage de supporter des trains plus rapides et des charges de fret plus élevées, en plus d’être plus écologiquement acceptable.
Me Wade en faveur de l’écartement Standard
Allant plus loin que les experts de « Rites » qui ont relevé le souci d’intégration sociale qui sous-tend le projet, Me Wade a estimé qu’on devait réfléchir à l’échelle tant du Sénégal et de la Sous-région ouest-africaine, que du continent dans sa globalité. Rappelant qu’il est « le coordonnateur du volet infrastructures pour l’Afrique », le chef de l’Etat a expliqué que le niveau du Sénégal doit considérer l’articulation de cette ligne dans les projets de l’entreprise « Mittal » qui, pour l’acheminement du fer de la Falémé, devra construire une ligne de chemin de fer jusqu’au futur port minéralier dont il entrevoit la construction quelque part au sud de Bargny vers Sendou. Mieux, au-delà du projet des Chemins de fer Matam-Tambacounda ou Matam-Thiès, le Président Wade estime qu’il faut prolonger la ligne à l’étude, pour arriver à Bissau, dans le cadre d’un projet commun entre les deux pays. C’est pourquoi, après avoir révélé les différents financements disponibles auprès de l’Union européenne (6 milliards d’Euros), du Japon (1 milliard de dollars) et de l’Inde, il a recommandé une approche panafricaine. À commencer par l’écartement des voies dont il préconise l’harmonisation avec ce qui est devenu aujourd’hui la norme. « Autant nous avons refusé le grand écartement nord-américain, autant nous devons nous aligner sur l’écartement standard, puisqu’il me semble que c’est le choix de l’Afrique.
Le président Wade a ainsi instruit le ministre d’Etat Habib Sy de confirmer ce choix, dans la mesure où, s’inscrivant dans le long terme, il estime que c’est ce qui convient à l’interconnexion africaine. Le projet doit s’intégrer à la future liaison ferroviaire Dakar-Djibouti, avec carrefour à Ndjaména, dit-il. Pour cela, le Président pense qu’il ne sert à rien d’opter pour l’écartement métrique qui est déjà obsolète.
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