CONCERTATION SUR LE TOURISME SENEGALAIS - Ça part dans tous les sens

À défaut d'un bilan de la saison touristique 2005-2006, la réunion de concertation convoquée hier par la tutelle a plutôt servi de ritournelle quant aux différentes contraintes liées à la promotion de la destination.
En prélude aux prochaines assises du tourisme prévues au mois de mai 2006, la rencontre aura tout de même permis de lever le voile sur une certaine cacophonie.

On était parti pour dresser un bilan de la saison touristique 2005-2006 tel que libellé dans l'ordre du jour de la réunion de concertation initiée hier par la tutelle, mais force est de regretter le sens plutôt désordonné dans lequel sont allées les discussions qui ont regroupé tous les acteurs du secteur touristique. Le moins qu'on puisse dire d'emblée c'est que, entre la tutelle et les professionnels du secteur notamment les hôteliers, la communication ne passe pas. C'est du moins ce qu'on peut comprendre à travers l'intervention d'un représentant des professionnels qui a déploré n'avoir été informé qu'à travers les ondes, de la réunion. Aussi, a-t-il demandé le report de celle-ci afin que les professionnels, entre eux d'abord, puissent accorder leur violon et participer efficacement à la réunion.

De report, il n'en aura pas été question même si le président du Syndicat des professionnels de l'industrie hôtelière du Sénégal(Spihs), Mamadou Racine Sy, a également déploré la manière "peu cavalière" dont la réunion a été préparée. En revanche, tout en se félicitant de la démarche d'échanges qui a prévalu dans l'initiative, il a saisi l'occasion à l'instar de ses collègues professionnels, pour mettre le doigt sur des questions liées à l'Agence nationale de promotion du tourisme(Anpt) notamment à ses moyens financiers, sa visibilité et aux "risques d'une bureaucratie pesante". Les moyens financiers de l'Anpt, comme l'a rappelé Ousmane Masseck Ndiaye, ministre du Tourisme et des transports aériens, tournent uniquement autour du produit de la taxe touristique qui est de 600 FCfa et qui compose le Fonds de promotion touristique désormais géré par l'Agence depuis la création de celle-ci qui dispose d'un conseil d'orientation.

Sur cette même question des ressources sur le fonds de promotion touristique, le directeur général de l'Anpt, Assane Soumaré, apporte la précision que "si la collecte est de l'ordre de 0,92 milliards de FCfa le taux de mobilisation en cash tourne à peu près autour de 750 millions de FCfa". Ce qui apparaît très insuffisant aux yeux de tous les acteurs, d'autant plus qu'avec un taux effectif de reversement en cash de 75 à 83%, on se retrouve avec un gap se traduisant par un déficit en trésorerie de l'ordre de 17%, selon Assane Soumaré. Aussi, pour le ministre, l'"Anpt n'a pas encore les moyens de sa politique."

Du coup, on s'est retrouvé, hier, dans un débat portant sur les contraintes, les pesanteurs qui ont toujours fait le lit des difficultés du secteur tel que la cherté de la destination accentuée par les taxes aéroportuaires jugées "justes" par les représentants de l'Ans, qui arguent malgré tout d'une évolution de 3% entre 2004 et 2005 du volume de trafic au niveau des aéroports du Sénégal, et plus de 230% sur le volet transit. Ce qui n'empêche pas les professionnels du secteur de fustiger la non-compétitivité de la destination par rapport à l'augmentation des taxes aéroportuaires. Toujours est-il que pour le ministre qui, tout en relatant les efforts du gouvernement notamment en matière de textes réglementaires, les taxes aéroportuaires devraient permettre et pousser l'Asecna à participer au financement de la promotion de la destination.

Dans le même contexte de taxes et d'efforts, Ousmane Masseck Ndiaye a enfourché son cheval de bataille de la desserte de la Casamance par Air Sénégal International(Asi) dont le directeur général s'est entendu rappeler l'offre de baisse de 75% des taxes aéroportuaires qui devrait lui permettre de revoir ses tarifs à la baisse et le pousser à accélérer la reprise de la desserte sur Ziguinchor. Là-dessus, les mêmes causes faisant les mêmes effets, cette reprise reste conditionnée, si l'on en croit le Dg de Asi, à la sécurité de l'aéroport de Ziguinchor notamment la fin des travaux y étant en cours.

Dans sa fougue, le ministre a ainsi mis en demeure les responsables de l'Ans pour que les travaux en question soient livrés au plus tard jeudi prochain, étant entendu que le responsable de Asi s'est engagé à reprendre ses vols sur Ziguinchor dès le lendemain.

En définitive, c'est plus à des questions ponctuelles que les uns et les autres se sont attaqués, en lieu et place d'un vrai dialogue stratégique sur les voies et moyens de développer et rendre le tourisme sénégalais réellement compétitif, même si les questions stratégiques ont été renvoyées aux prochaines assises. Il va tout de même sans dire que parler de promotion alors que celle-ci repose d'abord sur le produit et donc les investissements nécessaires aux infrastructures, c'est partir dans tous les sens sans en venir à l'essentiel.