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Economie

Contrecoups de la crise mondiale : Le nombre de touristes accueillis à l’aéroport de Dakar a baissé

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Contrecoups de la crise mondiale : Le nombre de touristes accueillis à l’aéroport de Dakar a baissé
Il n’y a pas que le tourisme, les transferts d’argent des émigrés, les investissements directs étrangers et l’aide publique au développement qui subissent les contrecoups de la crise financière mondiale. Le Directeur de la prévision des études économiques (Dpee) parle des menaces sérieuses qui pèsent aussi sur la Stratégie de croissance accélérée (Sca) et le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp), dont les engagements de financement risquent de ne pas être tenus par l’Etat et les bailleurs de fonds. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Sogué Diarisso est d’avis que l’échéance de réduire de moitié la pauvreté à l’horizon 2015 devrait être décalée.

Wal Fadjri : Comment l’économie sénégalaise vit-elle la crise financière mondiale ?

Sogué Diarisso : La crise financière mondiale se poursuit en 2009. Et elle commence à se propager dans les pays africains en voie de développement. Cependant, les retombées de cette crise ne sont pas identiques pour l’ensemble de ces pays, car elles dépendent en grande partie du degré d’ouverture à l’économie mondiale. Dans le cas du Sénégal, l’intégration au reste du monde est faible. En effet, les flux financiers représentent entre 11 et 12 % du produit intérieur brut (Pib) ces dernières années, contre plus de 60 % pour un pays tel que l’Ile Maurice. D’ailleurs, le chiffre d’affaires des services financiers a progressé de 24,3 % en 2008 et de 23 % sur les trois premiers mois de 2009 par rapport au 1er trimestre 2008.

Toutefois, l’économie réelle pourrait ressentir les contrecoups de cette crise financière. Elle devrait principalement être affectée par la baisse probable des transferts de fonds des émigrés, des investissements directs étrangers (Ide), des recettes d’exportations et peut-être de l’aide publique au développement (Apd). Du reste, en 2009, la croissance économique initialement attendue au-dessus de 5 %, a été révisée à 3,1 % en raison des perspectives peu reluisantes de l’environnement international. En revanche, la détente des cours du baril et de ceux des produits alimentaires, induite par le ralentissement de l’économie mondiale, s’est traduite au niveau intérieur par une maîtrise de l’inflation qui devrait être autour de 2 % en 2009, contre un peu moins de 6 % en 2007 et 2008.

‘Les entrées de touristes à partir de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor (Lss) sont en recul de près de 10 %, sur les deux premiers mois de 2009’

Wal Fadjri : Quels sont les secteurs qui en souffrent le plus et à quel degré ?

Sogué Diarisso : La crise financière mondiale a été à l’origine d’une vague de licenciements massifs qui n’a pas épargné les travailleurs sénégalais installés à l’étranger. Les nombreuses pertes d’emplois ont affecté les envois de fonds. Lesquels sont en baisse de 4,9 % au premier trimestre de 2009, par rapport à la même période de l’année précédente. Les transferts de fonds des émigrés jouent un rôle prépondérant dans l’économie sénégalaise. Ils se sont établis à 635,6 milliards en 2008, soit près de 11 % du Pib et sont essentiellement alloués à la consommation privée ainsi qu’à la construction. De ce fait, la baisse des envois de fonds affectera non seulement la consommation des ménages, mais également le sous-secteur des bâtiments et des travaux publics (Btb).

Le secteur du tourisme devrait également subir les contrecoups de la crise financière mondiale, comme en témoigne le chiffre d’affaires du sous-secteur des ‘hôtels, bars, restaurants’ qui s’est replié de 31 % au premier trimestre de 2009, par rapport à celui de 2008. En outre, les entrées de touristes à partir de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor (Lss) sont en recul de près de 10 %, sur les deux premiers mois de 2009 en variation annuelle.

Dans un autre registre, les investissements directs étrangers (Ide) pourraient connaître des bouleversements en liaison avec la morosité de l’environnement international. Certains gros investissements seraient affectés. C’est le cas notamment du projet d’exploitation du fer de Falémé par Arcelor Mittal, dont le démarrage risque d’accuser un retard. Parallèlement, la mobilisation de l’aide publique au développement devrait nécessiter davantage d’efforts, au vu des injections massives de liquidité opérées par les pays occidentaux dans leurs économies, pour juguler la crise financière.

Au total, l’économie ne serait pas insensible aux effets pervers de la crise. Néanmoins, elle devrait être moins affectée que les pays émergents, et ceux pétroliers plus ouverts au marché international.

Wal Fadjri : Cette crise remet-elle en cause les ambitions de la Stratégie de croissance accélérée (Sca) et des Objectifs de développement du millénaire (Omd) ainsi que du Document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp) ?

Sogué Diarisso : Dans le but d’atteindre les Omd à l’horizon 2015, le Sénégal a mis en œuvre, depuis 2000, d’importants programmes de développement, notamment dans le cadre de la Sca et du Dsrp. Il est évident que ce qui s’est passé ces deux dernières années, ne sera pas sans effet sur le rythme d’exécution de ces programmes. La Sca s’était fixé un objectif de taux de croissance de plus de 7 %, à moyen et long terme, lequel n’a pas encore été réalisé au vu de la tendance observée depuis 2006 où le taux de croissance moyen s’est situé autour de 3 %. Par conséquent, l’horizon 2015 qui a été fixé pour réduire la pauvreté de moitié devrait être décalé à une échéance un peu plus avancée.

De plus, les engagements en matière de financement des deux stratégies risquent de ne pas être tenus aussi bien par l’Etat que par les bailleurs de fonds. En effet, l’objectif initial des recettes budgétaires pourrait ne pas être atteint du fait du ralentissement de l’activité économique domestique d’une part, et d’autre part, les mêmes raisons pourraient conduire les bailleurs de fonds à réduire l’aide publique au développement (Apd).

Wal Fadjri : Peut-on s’attendre au pire au courant de cette année ?

Sogué Diarisso : Nous l’avons évoqué dans la réponse apportée à la première question. Pour rappel, il faut s’attendre à un ralentissement de l’activité dans certains secteurs tels que les Btp et le tourisme, et le taux de croissance du Pib en 2009, initialement projeté à un peu plus de 5 %, a été révisé à 3,1 %.

Wal Fadjri : Quelles stratégies faudra-t-il mettre en place pour atténuer ce choc ?

Sogué Diarisso : La communauté internationale doit être consciente de cette situation pour prendre des mesures exceptionnelles. Une bonne mise en œuvre des solutions issues du sommet du G20 qui s’est tenu récemment à Londres, permettrait d’atténuer l’impact de la crise financière sur les économies africaines, en accordant une place plus importante aux pays en voie de développement au sein des institutions internationales.

Par ailleurs, dans le but d’estomper les effets de la crise dans le continent, la Banque africaine de développement (Bad), lors de ses 44es assemblées annuelles qui se sont tenues à Dakar du 10 au 14 mai 2009, s’est penchée sur la nécessité de dresser un plan d’actions de sortie de crise. En outre, la Bad a institué, depuis l’avènement de la crise, la Facilité de liquidités d’urgence ainsi que l’Initiative de financement du commerce.

Spécifiquement au cas du Sénégal, il a été institué récemment un comité de veille sur les effets de la crise, sur la solvabilité et la liquidité du système bancaire et des marchés financiers. D’importantes réformes dans le cadre de l’amélioration de l’environnement des affaires ont été mises en œuvre, et leur accélération pourrait permettre d’inciter davantage les investisseurs étrangers à orienter leurs surplus de capitaux vers notre pays. Il faut, enfin, orienter les ressources vers les secteurs qui ont le plus d’impact sur la croissance et vers la protection des couches vulnérables.

Wal Fadjri : Peut-on espérer une reprise de la croissance en 2010 ?

Sogué Diarisso : D’après le Fonds monétaire international (Fmi), la croissance mondiale devrait baisser de 1,9 % en 2009 en raison de la crise financière internationale. En 2010, toujours selon le Fmi, il est attendu une reprise de l’activité économique mondiale à 1,9 %, qui, toutefois, proviendrait principalement des pays émergents et ceux en voie développement (+4 %). S’agissant de l’économie sénégalaise, elle devrait bénéficier d’un environnement international plus favorable en 2010.



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