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CONTREFAÇON DES MEDICAMENTS AU SENEGAL - Un marché noir de 7,8 milliards

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CONTREFAÇON DES MEDICAMENTS AU SENEGAL - Un marché noir de 7,8 milliards

« Quelles solutions préconiser pour ramener la contrefaçon et la piraterie à des proportions minimales ». La question telle que posée et autour de laquelle le ministre sénégalais de l’Intérieur et des Collectivités locales, Ousmane Ngom appelait à la « réflexion urgente », hier à Dakar, renseigne bien sur la complexité du fléau qui a suscité un séminaire national. Rien que sur les médicaments, le marché de la contrefaçon au Sénégal représenterait 7,8 milliards de FCfa.

Au Sénégal, 26% des malades se tournent vers les médicaments contrefaits, selon M. Dime, Directeur sénégalais des opérations douanières, qui se réfère ainsi à une étude de l’Agence de développement des Etats-Unis(Usaid) qui évalue le marché noir des médicaments au Sénégal entre 5,7 et 7,8 milliards de FCfa. Ce qui rejoint les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé(Oms) qui indiquent que 10 à 30% des médicaments consommés dans les pays en développement sont contrefaits.

Mais restons au Sénégal pour souligner que dans ce marché illégal des médicaments, il s’agit de produits pharmaceutiques de base, les plus essentiels (antibiotiques, anti-inflammatoires, analgésiques, anti-paludéens). Pour preuve, les saisies en termes de quantité, de 2005 à octobre 2006 sont estimées à une valeur de 320 millions de Fcfa et portent essentiellement sur les antibiotiques, les anti-inflammatoires, les vermifuges, entre autres anti-paludéens. « Si bien que certains scientifiques se demandent même si les résistances constatées sur le paludisme ne sont pas dues à l’utilisation de ces produits contrefaits », indique M. Dime.

Aussi, dans son propos liminaire, hier lors de l’entame du séminaire national consacré à la lutte contre le fléau, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Maître Ousmane Ngom, a-t-il exhorté les nombreux acteurs venus de partout à mener une « réflexion urgente » pour préconiser des solutions visant à ramener la contrefaçon et la piraterie à des proportions minimales. » C’est dire qu’à défaut de son éradication complète qui apparaît comme une utopie, œuvrer à contenir le fléau à des niveaux beaucoup moins importants.

Cependant, les acteurs qui se sont succédés par la suite au cours des travaux et à travers leurs interventions, ont tous abondé dans le même sens concernant les facteurs qui font le lit du fléau au Sénégal. Il s’agit bien sûr et entre autres, de la paupérisation des populations qui, vue les prix plutôt accessibles des produits contrefaits, trouvent leur « bonheur ». Il s’agit également au plan juridique, de l’inexistence dans le code des douanes sénégalaises, des dispositions consacrées à la contrefaçon dans sa globalité. Le Directeur des Opérations douanières de souligner à ce propos que « seul l’Article 19 dudit code traite des prohibitions relatives à la protection des marques et des indications d’origine, encore que cette disposition ne protège que les produits et industries sénégalais.»

Au niveau de l’autorité nationale de la réglementation incarnée par la Direction nationale de la Pharmacie, il semble qu’un dispositif adéquat de lutte contre la contrefaçon des médicaments est mis en place, avec un système d’assurance-qualité et un circuit de distribution formel, étant entendu que 80 à 90% des besoins en médicaments du pays sont couverts par l’importation. Or, comme l’a indiqué Madame Anna Seck Ndiaye du Conseil de l’Ordre des pharmaciens, seulement 35% des médicaments collectés dans le circuit informel contient des principes actifs. Ce qui donne encore une idée du grave danger que courent les 26% des populations qui se jettent sur les produits pharmaceutiques contrefaits.

Cependant et en attendant les conclusions et recommandations qui seront issues des deux jours de séminaire sur le sujet, il apparaît d’ores et déjà que la lutte contre le fléau ne saurait être sectorielle mais plutôt globale, dans le cadre d’une coopération franche entre les douanes internationales, régionales et sous-régionales, en prenant en compte l’urgente nécessité qui s’impose aux industries sénégalaises, pour le cas d’espèce, de renforcer leurs capacités tout en passant, souligne le directeur général des Douanes sénégalaises, Armand Jean Nanga, « par la nécessaire conciliation entre la qualité et le prix des produits qui sont proposés à la consommation, en rapport constant avec le réel pouvoir d’achat des populations. » Un chantier plutôt titanesque.

Il est simplement regrettable que ce séminaire qui a réunit autant de personnalités des douanes du monde, d’acteurs du secteur privé et de l’Administration sénégalaise, n’ait pas, du moins dans le déroulement du programme, consacré plus de place au débat qui serait plus à même de permettre l’émergence de solutions et propositions concrètes pour lutter contre le fléau.



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