Ce n'est pas que le créancier Samuel Sarr a fait profil bas devant le débiteur Alassane Diallo. La Senelec s'est tournée vers les Ics pour combler son déficit de production. L'accord intervenu, hier, est synonyme d'un échange de bons procédés. Ainsi, pour apurer leurs dettes estimées à 3,6 milliards de francs, les Ics vont mettre à la disposition de la Senelec leurs turbines à l'arrêt depuis plusieurs mois.
La stratégie trouvée est que la société d'électricité va fournir le combustible nécessaire aux Ics. A cet effet, Mboro pourra fournir en premier lieu une puissance de 10 mégawatts à la rue Vincens. Et l'objectif attendu progressivement est la production d'électricité d'une puissance de 17 Mgw. Le combustible fourni par la société de Samuel Sarr sera déduit de l'ardoise due par celle d'Alassane Diallo.
Du côté des Ics, un des responsables de l'Amicale des cadres ne cache guère sa satisfaction. ‘Nous sommes preneurs d'une telle offre. Ce projet existait d'ailleurs depuis des années. Si aujourd'hui, les deux parties parviennent à le mettre en exécution, ce sera une bonne chose d'autant plus que nous sommes condamnés à vivre ensemble’, reconnaît-il.
D'après ses explications, les Industries chimiques du Sénégal disposent de deux chaudières à fuel qui ne fonctionnent plus à cause de l'arrêt de production. ‘Le soufre est notre combustible. Avec le fuel on peut maintenant produire de la vapeur à partir des chaudières qui sera drainée vers les tribunes pour ensuite produire de l'électricité. Ce qui va alléger le déficit de production de la Senelec, mais permettra aussi aux Ics de pouvoir payer à la Senelec’, souligne ce cadre.
Selon lui, cela n'est qu'un moyen offert aux Ics pour honorer leurs engagements auprès de la Senelec. Mais, s'empresse-t-il de préciser, le blocage des comptes constitue un nœud de vipère pour les Ics. ‘Si les contentieux (Godart et la Stc) venaient à être vidés, les Ics n'auraient plus de problème pour redémarrer ses activités de production, et par ricochet, respecter ses engagements auprès de ses créanciers’, croit-il savoir.
Le staff des Industries chimiques du Sénégal, qui était, hier, l'hôte du directeur général de la Senelec, a sensibilisé Samuel Sarr sur les difficultés que traverse le fleuron de l'industrie sénégalaise. Mais la réalité est qu'on ne se plaint pas devant quelqu'un qui a aussi de la peine. Et les Ics en sont conscientes. ‘Nous nous sommes engagés à respecter l'engagement qui consiste à verser à la Senelec un montant de 500 millions de francs à partir de fin septembre. Ensuite 1 milliard de franc en octobre, novembre et décembre prochains. Ce qui va nous permettre d'apurer progressivement nos arriérés et régler nos consommations futures’, souligne une source aux Ics ayant participé à la rencontre.
Selon elle, l'objectif de la réunion était de voir comment apurer les arriérés de paiement dus à la Senelec, et comment faire face à l'avenir. Pour cela, rapporte notre source, les deux parties sont conscientes des difficultés vécues par les Ics et la Senelec. ‘Il y a une réelle volonté de coopérer, de développer des rapports pacifiques et transparents, et un souci de s'entraider. Et nous avons bon espoir de redémarrer, d'ici octobre, nos installations, générer des recettes pour pouvoir payer nos dettes’, souligne un des membres de la délégation des Ics.
Les deux directions générales qui se rencontraient, hier, ont donc convenu de régler leur contentieux en gentlemen. Les Ics n'ont pas d'ailleurs manqué de saluer l'atmosphère dans laquelle la réunion s'est tenue dans les locaux de la Senelec. Résultat, les deux parties ont procédé à un échange de bons procédés. Cette cordialité ne devrait pas être entachée. A la rue Vincens, on s'attend à ce que l'accord soit respecté. La Senelec veut rentrer dans ses fonds. Et les engagements pris à nouveau par les Ics devront permettre de faire un montage financier. Un montage pour payer des dettes dues aux fournisseurs pétroliers.
Sous ce rapport, les créances de la Senelec sont estimées à 14 milliards de francs. ‘Nous allons verser demain (aujourd'hui) 7 milliards de francs à la Sar (Société africaine de raffinage). Les créances restantes sont dues à Shell pour un montant de 2 milliards de francs et Gti (producteur indépendant) 5 milliards de francs. Nous devons donc 14 milliards de francs à ces créanciers. Autrement dit, la Senelec connaît aussi des difficultés. C'est pourquoi, nous comptons beaucoup sur la bonne volonté et l'engagement des Ics pour que nos relations soient plus huilées’, souligne-t-on à la rue Vincens.
Il faut rappeler que les Ics s'étaient engagées, le 31 juillet dernier, à apurer leurs créances de 3,6 milliards de francs Cfa par le règlement de 500 millions de francs par bateau d'acide phosphorique vendu, à raison de 2 par mois.
Un engagement qui n'a pu être respecté du fait du blocage des comptes à New Delhi, principal marché d'exportation de l'acide phosphorique. Et aujourd'hui, tous les yeux sont tournés vers la capitale indienne où devait se dérouler, hier, le procès Ics/Stc (l'armateur grec), après un premier renvoi le 22 août dernier.
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