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Economie

Demba Moussa Dembélé, Économiste/Chercheur : « Les jours du franc CFA sont comptés »

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Demba Moussa Dembélé, Économiste/Chercheur

L’économiste pronostique la fin du franc CFA dans un avenir plus ou moins lointain. Il juge que les économies africaines devraient tôt ou tard penser à leur souveraineté sur la question monétaire, si elles veulent se développer sérieusement. Explications.

Quel est, selon vous, l'avenir du FCFA?

Tout d’abord, pour vos lecteurs et lectrices, le franc CFA avait été créé le 26 décembre 1945, au lendemain de la 2e Guerre mondiale, par le Général de Gaulle, pour réaffirmer le contrôle de la France sur ses colonies africaines. Donc, le franc CFA a été créé pour servir strictement les intérêts de la France. Cela n’a pas changé, plus de 70 ans après. Le franc CFA n’est donc pas une «monnaie» des Africains, comme l’a dit Monsieur Michel Sapin, le ministre français des Comptes publics, lors de son passage à Dakar, récemment. Si c’était «notre» monnaie, il n’aurait pas eu besoin de le rappeler. On ne peut pas imaginer, Monsieur Sapin aller en Mauritanie pour rappeler que l’ouguiya est une «monnaie mauritanienne» ! Donc, inconsciemment ou non, M. Sapin a fait comprendre aux pays qui utilisent le CFA que cette monnaie n’est pas la leur.

Alors, dans ces conditions, je ne vois pas quel intérêt avons-nous à continuer à l’utiliser. C’est pourquoi c’est ma conviction que les jours du franc CFA sont comptés, quoi qu’en disent ses partisans. Après plus d’un demi-siècle, l’opinion africaine, au-delà des pays qui utilisent cette monnaie, ne comprend pas comment des pays, qui se disent indépendants, peuvent continuer à utiliser une monnaie, symbole de la colonisation, de leur domination et qui n’est pas la leur. D’autant plus que cette monnaie n’a pas apporté les «avantages» qu’elle était supposée procurer aux pays africains. Elle n’a apporté ni l’intégration entre pays membres ni le développement. Dans les pays de l’Uemoa, les échanges entre pays membres ne dépassent pas 15% de leur commerce total. Dans la Cemac(Afrique centrale), ces échanges sont de moins de 10%. En matière de développement, sur les 14 pays africains qui utilisent le franc CFA, 10 -soit près des trois quarts-, sont classés comme «pays moins avancés» (PMA) par les Nations-Unies. Et leurs indicateurs de développement sont parmi les plus bas du monde, selon le Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud).

Pour résumer : une monnaie, qui ne n’est pas africaine, qui ne reflète pas les fondamentaux économiques des pays qui l’utilisent, qui n’a pas contribué à leur intégration et qui n’a pas apporté le développement, ne peut pas avoir d’avenir. Elle doit disparaître et être remplacée par une monnaie africaine.

Pensez-vous que le FCFA soit un frein au développement de l'Afrique?

Bien sûr, pour trois raisons fondamentales. En premier lieu, les politiques monétaires de la Bceao et de la Beac (Afrique centrale) sont calquées sur celles de la Banque centrale européenne (BCE), qui est la Banque de pays parmi les plus développés du monde. Ce sont des politiques monétaristes, dont la priorité est la lutte contre l’inflation. Cela est complètement absurde et contribue à étouffer le financement de nos économies, notamment les Petites et moyennes entreprises (Pme), qui constituent l’essentiel de notre tissu industriel. En deuxième lieu, nos pays sont obligés de déposer la moitié (50%) de leurs réserves de change (les devises durement gagnées) auprès du Trésor français. Cela signifie qu’ils sont privés de sommes considérables alors qu’ils sont obligés de s’endetter sur les marchés extérieurs pour financer leurs économies. La troisième et dernière raison est que parmi les mécanismes de fonctionnement de la Zone Franc, il y a la liberté totale de circulation des capitaux entre nos pays et la France, ce qui favorise la fuite des capitaux.

Donc, avec un tel système, il est impossible de se développer. Je pourrais ajouter que le sort du franc CFA se décide à Paris, à Francfort (siège de la Banque centrale européenne) et à Bruxelles (siège de la Commission européenne). En effet, depuis la disparition du franc français et l’avènement de l’euro, une triple tutelle s’exerce sur le franc CFA. 

Aujourd'hui, les pays de la zone franc ont l'obligation de déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor français. Comment peut-on apprécier cela?

Dans les accords monétaires passés avec la France, il est dit que celle-ci «garantit la convertibilité» du franc CFA. Mais en contrepartie, les pays africains, qui utilisent cette monnaie, doivent déposer une partie de leurs devises auprès du Trésor français. Les accords de 2005 ont ramené ce taux à 50% alors que dans les accords précédents, ce taux était de 65%.

Ce dépôt est un autre symbole de la tutelle de la France sur les pays africains. Sur le plan économique, ce dépôt contribue à plomber leurs possibilités de développement, comme expliqué dans la question précédente. Cela veut dire que des sommes, qui auraient dû contribuer à nos besoins d’investissements pour soutenir notre développement, nous échappent. Imaginez si la zone euro devait déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Réserve fédérale (Banque centrale américaine), de quelle marge de manœuvre disposerait la BCE pour financer les économies des pays membres? Une marge très limitée.

Peut-on continuer à se déclarer indépendant alors que le CFA est fabriqué en France?

Tous les mécanismes de fonctionnement de la Zone Franc montrent que nos pays ne sont pas indépendants. Quand le sort du CFA se détermine en dehors d’eux, comme ce fut le cas lors de la dévaluation de 1994, il ne peut y avoir d'indépendance. La question de la monnaie est d’abord fondamentalement une question politique. C’est une question de souveraineté et même de sécurité !

Quelle solution proposez-vous pour sortir de la zone  franc?

En Afrique de l’Ouest, au sein de la Cedeao, il y a un processus, lancé depuis plusieurs années, pour créer une monnaie unique à la place des 8 monnaies qui circulent dans cet espace communautaire. Il faut rappeler qu’en dehors du franc CFA, que partagent 8 pays, il y a les monnaies du Cap-Vert, de la Guinée, de la Gambie, du Ghana, du Liberia, du Nigeria et de la Sierra Leone.

Imaginez que tous ces pays puissent utiliser la même monnaie : cela donnerait un formidable coup de fouet au processus d’intégration économique et contribuer à faire de la Cedeao un grand espace économique puissant, qui présenterait d’énormes opportunités pour créer des industries très compétitives capables de procurer des emplois à des millions de citoyens.

Ce projet de monnaie unique est un objectif fixé à l’horizon 2020. Nous nous battons pour que ce délai soit respecté. C’est de cette façon qu’on pourra faire disparaître le franc CFA et sortir de la zone franc.  

Aujourd'hui, est-ce que les pays appartenant à la zone franc ont la capacité de créer leur propre monnaie?

Bien sûr. Nous ne voulons pas que chaque pays crée sa propre monnaie. Ils doivent rester solidaires. Nous sommes pour une monnaie commune et non pour des monnaies individuelles. Nous sommes pour tout ce qui peut contribuer à l’intégration sous-régionale et continentale. Dans cette perspective donc, les pays africains ont tout ce qu’il faut : une expérience commune de plusieurs dizaines d’années,  un potentiel économique indéniable et des citoyens bien formés dans la gestion d’une monnaie.

Quelles peuvent être les conséquences sur le plan économique ou de la coopération si ces pays venaient à couper les liens?

Mais de nos jours, la coopération Sud-Sud, surtout avec les pays émergents, offre aux pays africains des alternatives auxquelles ils peuvent se tourner. Cela leur donne une grande marge de manœuvre qu’ils n’avaient pas quelques décennies auparavant.



21 Commentaires

  1. Auteur

    Noreynibounafan

    En Mai, 2016 (12:05 PM)
    Wakhal diame waye segn bi
  2. Auteur

    Noreynibounafan

    En Mai, 2016 (12:05 PM)
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    Noreynibounafan

    En Mai, 2016 (12:05 PM)
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    Noreynibounafan

    En Mai, 2016 (12:05 PM)
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    Noreynibounafan

    En Mai, 2016 (12:05 PM)
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    Noreynibounafan

    En Mai, 2016 (12:05 PM)
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    Noreynibounafan

    En Mai, 2016 (12:05 PM)
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    Noreynibounafan

    En Mai, 2016 (12:05 PM)
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    Auteur

    Pffff

    En Mai, 2016 (13:05 PM)
    Diamm rek la wakh segn bé
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    Pffff

    En Mai, 2016 (13:05 PM)
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    En Mai, 2016 (13:05 PM)
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    En Mai, 2016 (13:05 PM)
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    En Mai, 2016 (13:05 PM)
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2016 (10:25 AM)
    Diamm rek la cii guiss

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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2016 (13:28 PM)
    Si le FRANC cfa est un frein au développement de notre continent pourquoi alors ne pas quitter et arretons une bonne foi pour toute à passer notre temps à pleurer, prenons notre destin en main encore faut-il en etre capable.
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2016 (15:59 PM)
    FCFA constitue une veritable moteur de frein pour la croissance économique . on est muselé espionné contrôle on peut pas sortir de là ou avec une veritable main de fer pour en sortir indemne.meme le haut conseil de la BCEAO ET DE LA BEAC est supervisé par les francais .c'est eux qui dirigent en realite nos banques centrales .

     :emoshoot: 
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    Anonyme

    En Mai, 2016 (19:43 PM)
    " des citoyens bien formés à la gestion d'une monnaie...." vaut mieux en rire !!!!!
    Auteur

    Esclavage Monétaire

    En Mai, 2016 (01:35 AM)
    Après la traite de nos ancetres, transplantés par millions par les europeens en Amerique et reduits a l'esclavage, La France dirigee par le monstre, l'implacable colonisateur degaulle a su perpetuer cette domination, cette mainmise sur l'Afrique noire (ex-AOF et AEF) en nous imposant l'esclavage monétaire. Eh oui, le CFA est bel et bien l'instrument par lequel la France maintient l'esclavage auquel nous sommes soumis avec la complicité de nos dirigeants corrompus, mafieux, poltrons et leche-culs. A quand l'heure de la liberation de nos peuples du neocolonialisme dans lequel nous maintiennent ces bouffeurs de grenouilles! french frogs!
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    Auteur

    Patriote

    En Juin, 2016 (07:11 AM)
    Le 26 décembre doit etre une occasion de manifester contre le franc cfa de ant le siège de chaque banque centrale et les banques françaises présentes en zone cfa.
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    Auteur

    Anonymeousmane

    En Juin, 2016 (19:40 PM)
    Merci monsieur!Voilà le seul combat qui vaille!Se dépertir de la tutelle de la france en

    commençant par nous débarrasser de cette monnaie de singe comme ils le pensent

    là-bas, à juste raison d'ailleurs!
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    Auteur

    Anonyme

    En Juillet, 2016 (14:32 PM)
    En tous cas je n ai pas encore entendu un opposant le faire figurer dans son programme. Le probleme, on le trouve toujours chez les autres. On ne travaille pas on triche, on fait de la comedie toute la journee. Avec notrr etat d esprit actuel, le CFA est un moindre mal. Attaquons nous d abord aux conditions prealables pouque que cela se fasse au denefice des peuples.

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