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Dites-nous...Mohamed El YAALAOUI (Directeur général d'Air Sénégal International) : ‘Air Sénégal International profitera du réseau mondial de la Ram’

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Dites-nous...Mohamed El YAALAOUI (Directeur général d'Air Sénégal International) : ‘Air Sénégal International profitera du réseau mondial de la Ram’
La Royal Air Maroc (Ram) ne profite pas de la supression des lignes d'Air Sénégal International. Le directeur général d'Air Sénégal International se veut formel. Dans la deuxième partie de l'entretien qu'il nous a accordé, au sortir de la grève de 48 heures de ses travailleurs, Mohamed El Yaalaoui, qui se dit très optimiste quant à l'avenir de la compagnie, revient aussi sur le partenariat qui lie la Ram et Asi.

Wal Fadjri : Pourquoi la Ram profite-t-elle de la suppression de certaines lignes d'Air Sénégal International pour les exploiter ? Par exemple, Dakar-Accra a été supprimée, et la Ram dessert Casablanca-Accra.

Mohamed El Yaalaoui : Il n'y a aucun lien entre le retrait d'Air Sénégal International et l'implantation de la Royal Air Maroc à Accra (Ghana). Les deux compagnies n'ont pas la même vocation. Air Sénégal International fait surtout de la 3e et 4e liberté. C'est-à-dire le transport des passagers d'un point A vers un point B. Exemple : Accra vers Dakar et vice-versa. Alors que la Ram fait de la 6e liberté. C'est-à-dire des continuations au-delà de Casablanca. Il y a très peu de passagers qui vont à Casablanca au départ d'Accra. Les passagers qui partent d'Accra, c'est pour les continuations vers l'Europe, les Etats-Unis et l'Asie. C'est pour cela que nous exploitons la destination Casa, nous n'avons pas pu rentabiliser cette ligne. Aujourd'hui, nous sommes en train de travailler sur cette possibilité d'utiliser le réseau de la Ram, et compter sur les continuations de notre partenaire pour améliorer notre part de marché. De ce point de vue, nous sommes très optimistes pour l'avenir.

Wal Fadjri : Mais pourquoi Air Sénégal Intertional ne profite-t-elle pas effectivement du réseau mondial de la Ram, sa maison mère ?

Mohamed El Yaalaoui : C'est ce que je viens de dire, nous nous sommes résolument inscrits dans cette démarche. Nous avons demandé à la Ram d'ouvrir son réseau à son partenaire Air Sénégal International. Vous savez, l'avenir de cette compagnie est prometteur. Nous avons l'intention de promouvoir cette synergie entre les deux partenaires. Nous avons besoin de plus de solidarité, plus de bienveillance les uns à l'égard des autres.

Wal Fadjri : Le constat par certains est que le partenariat entre la Ram et Air Sénégal International, profite beaucoup plus aux Marocains, car la Ram effectue quatoze fréquences hebdomadaires sur l'axe Dakar-Casablanca alors qu'Air Sénégal International n'en fait pas autant.

Mohamed El Yaalaoui : Personne n'empêche Air Sénégal International de faire quatorze fréquences. Il a choisi le code-share (association) avec la Ram qui est plus rentable. Avant, Air Sénégal International desservait Casablanca par une fréquence par semaine. Ce qui ne peut pas être rentable. D'autre part, la Ram, comme je l'ai dit tantôt, fait plus de la 6e liberté. Dans un avion de la Ram qui décolle par exemple de Dakar pour Casablanca, le 1/4 à peine des passagers va réellement à Casablanca ; les 3/4 continuent sur d'autres destinations. La Ram fait quatorze déssertes, mais Air Sénégal a aussi la possibilité de le faire s'il le souhaite. Il n'est pas interdit à Air Sénégal Interntaional de faire autant de dessertes que la Ram.

Wal Fadjri : Pourquoi ne le fait-elle pas alors ?

Mohamed El Yaalaoui : Parce que d'abord, nous n'avons pas la flotte pour le faire. Ensuite, nous n'avons pas, pour le moment, les réseaux des continuations pour le faire de manière durable. Mais nous allons peut-être essayer de corriger cela avec le partenariat pour pouvoir utiliser le réseau de la Ram pour les continuations de manière à augmenter notre coefficient de remplissage et envisager dans un proche avenir à remettre le pavillon sénégalais sur Casablanca. Mais il ne s'agira pas d'exploiter la ligne tout simplement pour le prestige. La rentabilité constituera toujours le principe fondamental qui présidera à l'ouverture ou au maintien d'une ligne.

Wal Fadjri : A ce niveau, quand on compare les ratios personnel/avion, on arrive à une flotte composée de quatre appareils. La Ram ne peut-elle pas aussi apporter une assistance dans ce domaine ?

Mohamed El Yaalaoui : Nous avions cinq avions. Et dans le plan de redressement, on a retiré un qui était en leasing (location) pour rentabiliser nos résultats parce que cet avion nous coûtait très cher et était inapproprié. C'était un Boeing 737-500 qui ne pouvait pas être exploité sur l'Europe. Il ne pouvait donc pas remplacer le Dc 737-700 que nous avons. En plus, il avait un taux d'utilisation qui était faible par rapport au Boeing 737-700. Nous avons retiré le coût inhérent à cet avion mais, en revanche, le chiffre d'affaires ne baisse. Parce que nous avons amélioré notre coefficient de remplissage et notre recette par coupon. Le retrait de cet avion fait justement partie du plan de redressement dont je parlais tantôt, et qui vise un retour à un meilleur équilibre de la compagnie. Mais dès que la compagnie reviendra à l'équilibre, nous pouvons encore revoir la flotte en fonction de la demande et en fonction de la part de marché de la compagnie.

Wal Fadjri : Pourquoi la Ram continue-t-elle de définir la politique commerciale d'Air Sénégal International ?

Mohamed El Yaalaoui : La Ram ne définit pas la politique commerciale d'Air Sénégal International. Cette rengaine, je dirais qu'il faut lui tordre le cou définitivement. Air Sénégal International définit sa propre politique commerciale. Il prend peut-être conseils auprès de la Ram en se disant que c'est un partenaire stratégique qui est là pour nous aider, nous conseiller. La politique commerciale d'Air Sénégal International est décidée à partir de Dakar. Vous savez, si nous avons décidé de supprimer le Milan, et je n'arrête pas de le marteler, c'est qu'il est très déficitaire. La demande sur le Milan est essentiellement ethnique. C'est-à-dire les Sénégalais résidant en Italie. Elle est saisonnière et ne permet pas de rentabiliser la ligne toute l'année. Le retrait du Milan pourrait donc être revu dès que la ligne sera rentable.

Wal Fadjri : Confirmez-vous la suppression, à partir du 31 mars, de la desserte Dakar-Milian ?

Mohamed El Yaalaoui : Oui. Il est prévu qu'on arrête la desserte à partir du programme d'été. C'est-à-dire à partir du mois d'avril pour les raisons que j'ai évoquées.

Wal Fadjri : Autrement dit, vous allez adopter une politique du code-share (partenariat commercial) avec Alitalia, comme c'est le cas avec Iberia lorsque vous avez supprimé la ligne Dakar-Madrid ?

Mohamed El Yaalaoui : C'est ce que nous recherchons. C'est une solution bien plus rentable. Et vous savez, lorsque nous nous retirons de Milan, nous injectons les deux fréquences sur Paris. Actuellement, nous exploitons douze fréquences sur Paris, deux sur Marseilles-Lyon, et autant sur Milan pour l'Europe. Le nombre total restera donc le même. Simplement, les deux fréquences sur Milan viendront renforcer les fréquences de Paris qui vont passer à quatorze par semaine. Notre activité, en Europe, ne baisse donc pas. Au contraire, elle se restructure et se renforce, avec le souci permanent de la rentabilité.

Wal Fadjri : Vous allez supprimer Milan le 31 mars. Mais n'êtes-vous pas en train de pécher dans la stratégie commerciale au niveau des dessertes que vous avez déjà ouvertes ?

Mohamed El Yaalaoui : Franchement, je voudrais dire que quand on ferme, ce n'est pas forcément définitif. On ferme une ligne parce qu'elle n'est pas rentable, et puis on en ouvre d'autres parce qu'elles sont rentables. Si vous voulez, un programme, il a une durée de six mois en moyenne. Il ne faut pas considérer les retraits ou les ouvertures de lignes comme étant toujours définitifs. Ils se font en fonction de la demande et des circonstances du marché. Air Sénégal International n'invente absolument rien dans ce domaine. Les ouvertures et fermetures de lignes font partie de la vie quotidienne des compagnies aériennes.

Wal Fadjri : Mais quand même l'Etat sénégalais devait être beaucoup plus vigilant pour ce qui est du partenariat entre Asi et la Ram.

Mohamed El Yaalaoui : Mais, il n'y a aucun problème à cela ! Nous sommes sur le territoire sénégalais. La compagnie est au service du développement du Sénégal, et c'est justement à cet effet qu'elle a été créée (février 2001). D'ailleurs, nous sommes très attentifs par rapport à la demande de l'Etat du Sénégal. Nous n'avons jamais été à l'antipode d'une sollicitation de l'Etat du Sénégal. Le contraire serait un comble !

Wal Fadjri : Quelles sont les solutions que vous aviez prises pour les passagers qui avaient été laissés en rade durant ces deux jours de grève (les 26 et 27 mars derniers) ?

Mohamed El Yaalaoui : Le mouvement a été très violent. Il était même disproportionné. Nous avons pu les héberger en attendant la reprise (Ndlr : le 28 mars à midi). Nous avons pu solliciter d'autres compagnies aériennes parce que nous avions zéro vol. Malheureusement, nous n'avons pas pu re-router tout le monde.

Wal Fadjri : Ce qui risque d'être synonyme de perte de fidélité au sortir de cette grève.

Mohamed El Yaalaoui : Bien sûr. Mais c'est ça le préjudice dont je parlais au début (voir la première partie dans notre dernière édition, Ndlr). Nous allons tout faire pour regagner la confiance de nos clients. C'est la raison pour laquelle je considère que c'était un conflit unique qui ne se reproduira plus. Sinon, ce sera vraiment très malheureux.

Wal Fadjri : Quelle a été l'attitude du Premier ministre avec qui vous aviez eu une rencontre ?

Mohamed El Yaalaoui : Je n'ai pas assisté à cette rencontre avec Monsieur le Premier ministre, donc je ne peux pas vous dire ce qui a été dit au cours de cette rencontre (Ndlr : le 27 mars).

Wal Fadjri : Mais c'est à l'issue de cette rencontre que le mot d'ordre a été levé.

Mohamed El Yaalaoui : Je n'ai pas beaucoup d'informations à ce sujet. Je ne peux que saluer la sortie de crise. Je félicite le Premier ministre et je le remercie sincèrement pour son implication. Je félicite également les partenaires sociaux pour leur compréhension et leur retour à une posture plus conciliante.

Wal Fadjri : Mais sous ce rapport, il faut reconnaître que les travailleurs ont été responsables pour avoir levé le mot d'ordre parce que vous risquiez la cessation de paiement.

Mohamed El Yaalaoui : Moi, je suis un gestionnaire. Je n'ai plus de recettes, mais j'ai les charges. J'ai un découvert, mais une fois que je dépasse le découvert autorisé, je ne peux plus payer mes fournisseurs. La cessation de paiement, c'est quoi ? C'est que vous ne pouvez plus payer vos fournisseurs et rembourser vos dettes : les loyers d'avions, les crédits, les salaires du personnel, le carburant, etc. S'il n'y a plus personne pour vous donner de l'argent, vous êtes en cessation de paiement. Lorsque vous ne voyez pas le bout du tunnel et que le conflit perdure, c'est le dépôt de bilan qui s'ensuit.

Wal Fadjri : Face aux difficultés auxquelles Air Sénégal Interntaional est confrontée, êtes-vous toujours optimiste quant à l'avenir de la compagnie ?

Mohamed El Yaalaoui : Bien sûr que je suis optimiste du fond du cœur. Nous sommes assez grands pour rebondir. Mais nous ne pourrons rebondir qu'avec le personnel. Une seule main n'applaudit pas. Je ne peux rien faire moi seul. Mais ensemble, avec le personnel, nous pouvons bien sûr surmonter ces difficultés sans problème.

Wal Fadjri : Quel appel lancez-vous au personnel ?

Mohamed El Yaalaoui : A l'apaisement, à la confiance mutuelle, à l'espoir, à l'optimisme et à la patience. Tout cela réunit, nous permettra de rebondir. Et ça dans l'intérêt du personnel d'abord, puis dans celui de la compagnie.

Wal Fadjri : Pensez-vous que votre appel sera entendu ?

Mohamed El Yaalaoui : Je le souhaite du fond du cœur. Les femmes et les hommes de cette compagnie sont charmants. Et je sais qu'ils aiment fondamentalement leur compagnie. Je crois donc qu'ils ne permettront pas que leur compagnie soit mise en péril.

Wal Fadjri : N'étiez-vous pas solitaire pendant ces 48 heures de grève (les 26 et 27 mars 2007), en tant que Marocain ?

Mohamed El Yaalaoui : Non. Au Sénégal, je me considère un peu comme un Sénégalais d'adoption. Je suis chez moi, donc je ne pense pas que ma nationalité de Marocain m'ait posé un problème. Mais j'étais malheureux de voir toute la flotte en face de moi dans le hangar, et les clients en train de ruer dans les brancards, de crier. Et moi, impuissant devant une telle situation, en l'absence de tout le personnel, j'étais triste.

Wal Fadjri : Mais vous avez bénéficié quand même de la solidarité de vos proches collaborateurs.

Mohamed El Yaalaoui : Ah oui, et je les remercie très profondément. Mes collaborateurs m'ont apporté tout leur soutien, mais ils ne pouvaient malheureusement pas faire le travail requis pour l'exploitation. Nous étions donc tous malheureux.



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