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Economie

Et si le bitcoin remplaçait le franc CFA ?

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CRÉDITS : BENOIT TESSIER / REUTERS

La monnaie virtuelle peut apparaître comme une solution aux limites du système financier en vigueur dans l'ouest du continent. Pas si simple, décryptent le professeur d'économie Jérôme Mathis et le doctorant Daniel Ouedraogo.

Dans un contexte de faible bancarisation et de pénétration accrue de la téléphonie mobile en Afrique subsaharienne, le nombre d'utilisateurs de services bancaires mobiles gagne en importance. Cette tendance ouvre la voie aux cryptomonnaies, notamment de la plus populaire d'entre elles : le bitcoin. Certains observateurs suggèrent qu'il remplace la devise nationale, comme le naira au Nigeria. Un tel scénario est-il souhaitable pour la zone CFA dont la monnaie est sous le feu des critiques ?

Plusieurs raisons expliquent l'engouement actuel du continent africain pour le bitcoin. Les téléphones portables, avec leur lot d'applications mobiles, constituent en certains endroits d'Afrique subsaharienne une alternative à la carence d'infrastructures physiques de services bancaires de proximité (guichets et distributeurs automatiques). Grâce à cette dématérialisation, il n'a, par exemple, jamais été aussi simple pour un citadin de transférer de l'argent à des proches situés en zone rurale. Le service bancaire mobile rend effective la dématérialisation de la chaîne de transfert jusqu'à son dernier maillon : le retrait en espèces. Or c'est justement ce dernier maillon que les cryptomonnaies permettent à leur tour de dématérialiser.

Réduire l'économie informelle
Le recours à une monnaie virtuelle, comme le bitcoin, est ressenti par les utilisateurs comme un gage de sécurité contre le vol. Un risque auquel sont exposés de nombreux commerçants, dont les clients ne disposent pas de carte bancaire, et qui ont pour habitude de détenir de fortes sommes en liquide pour leurs transactions.

Par ailleurs, l'usage d'une monnaie autonome de toute Banque centrale, comme le bitcoin, est vécu en certains endroits comme une opportunité pour les populations de s'affranchir d'une politique monétaire qui serait conduite de manière irresponsable. Tout le monde a en mémoire les épisodes désastreux d'hyperinflation de la République démocratique du Congo en 1994, de ceux du Zimbabwe durant les années 2000 ainsi que ceux vécus par le Venezuela depuis près de trois ans maintenant.

Pour peu que les gouvernements mettent en place des outils de traçabilité, l'adoption d'une cryptomonnaie pourrait contribuer à réduire l'économie informelle. Car les barrières à l'entrée du système bancaire traditionnel, et en particulier l'importance des procédures administratives, découragent de nombreux citoyens d'y adhérer, notamment ceux qui sont faiblement scolarisés.

Nonobstant l'attrait populaire actuel pour la cryptomonnaie en zone CFA, deux précautions majeures nous paraissent indispensables pour accompagner sa diffusion. D'une part, si les utilisateurs accueillent à bras ouverts la sécurité physique offerte par une monnaie dématérialisée, ils s'exposent, bien souvent sans le savoir, à une insécurité d'ordre informatique. Car le monde du bitcoin est, depuis ses origines, peuplé de pirates informatiques détroussant les porteurs de bitcoins qu'ils croisent sur leurs routes de navigation.

De plus, et de manière plus préoccupante pour les victimes, un vol en bitcoin n'est jamais remboursé. L'avantage d'un compte bancaire est que l'établissement financier est chargé d'assurer ses clients, même ceux victimes de piratage informatique. On n'ose imaginer le drame d'un commerçant qui, voulant se prémunir du vol en espèces CFA de la recette d'une journée, opte pour un compte bitcoins en ligne et finit par se fairedérober l'épargne d'une vie. Pour résoudre ce problème, il faudrait que soient développés des produits d'assurance destinés aux comptes détenus en cryptomonnaies.

Volatilité
D'autre part, la valeur des monnaies virutelles en général, et celle du bitcoin en particulier, est très volatile. Certaines d'entre elles voient leur cours chuter jusqu'à les faire disparaître, tandis que d'autres, comme le bitcoin, s'apprécient au point de répandre un désir de spéculation chez le néophyte. La variation des cours fait alors le bonheur des uns et le malheur des autres. La redistribution de richesse s'exerce de manière aléatoire et chaotique, au gré de la valse des comportements spéculatifs. Cette volatilité expose donc tout détenteur de cryptomonnaie à un risque conséquent d'érosion de son pouvoir d'achat.

C'est principalement pour répondre à cet aléa que les monnaies traditionnelles, comme l'euro, le dollar ou le franc CFA, sont pilotées par des Banques centrales. Celles-ci mettent en œuvre de puissants outils pour assurer notamment la stabilité monétaire, quitte à faire usage de leurs réserves de changes bien pourvus en devises et en or. Sur ce plan, la comparaison entre la sécurité offerte par le bitcoin et celle du franc CFA est sans appel. D'un côté, le cours de la cryptomonnaie en vogue n'est soutenu par aucune autorité ni agent économique. De l'autre, le franc CFA est ancré à l'euro, et bénéficie d'une garantie illimitée de convertibilité offerte par la Banque centrale européenne, qui constitue, quoi qu'en disent ses détracteurs, l'une des Banques centrales les plus puissantes du monde. La réduction de la volatilité du cours de la cryptomonnaie devrait donc passer par une gestion centralisée.

Si l'adoption d'une cryptomonnaie comme le bitcoin en zone CFA pourrait permettre de parachever le processus de dématérialisation engagé, sa sécurisation par un système d'assurance implique son intégration au système bancaire actuel. Ce qui s'oppose de front à l'idéologie d'affranchissement de ses créateurs. Mais l'usage en décidera peut-être autrement.

Jérôme Mathis est professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine, auteur du livre La Finance au cœur de nos vies (éd. Le tremplin des idées) et Daniel Ouedraogo est doctorant en économie à l'Université Paris-Dauphine.



13 Commentaires

  1. Auteur

    Khatior-bi

    En Janvier, 2018 (00:01 AM)
    D'une republique de voleurs on passera a un continent de voleurs.

    La raison pour laquelle cette monnaie est si prisee par les hackeurs et par les trafiquants parce que elle est intractable.

    Imaginer un moment nos voleurs de dirigeants puissent faire disparaitre la moitie de leurs budgets dans le contenu d'un disque dur ou d'une carte memoire.. Plus besoin de paradis fiscaux. Je vous laisse deviner la suite.
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  2. Auteur

    Anonyme

    En Janvier, 2018 (01:18 AM)
    ALERTE !!! Il va en avoir d'autres ATTENTION ATTENTION !!!

    https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10215372752938709&id=1433025982
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    Auteur

    Pitch

    En Janvier, 2018 (01:35 AM)
    Vous avez une couche de k onnerie innomable...

    prenez des bananes et retournez dans la brousse

    1-limité à 21 millions d'unités

    2-les "mineurs sont la Chine et la Russie

    allez cherchez "mineurs" sur google et allez commenter la lutte..."

    "mineurs", qui consacrent une très grosse puissance de calculinformatique à traiter les transactions dans cette crypto-monnaie et sontrémunérés via des bitcoins nouvellement créés ? Surprise : ils se trouvent pourla plupart... en Chine, qui pèse 80% de l’activité mondiale de "minage", trèsloin devant l’Islande ou le Japon !La deuxième économie mondiale fabrique en effet du matériel informatiquedédié (des serveurs tournant sur des puces économes en énergie), déployé dansdes milliers de centres informatiques. Mais sa domination écrasante estcontestée par… la Russie.Un collaborateur de Vladimir Poutine, Dmitry Marinichev, cherche à leverl’équivalent de 100 millions de dollars en cryptodevises, pour mettre le turbosur le minage. Sa société Russian Miner Coin donnera à ses investisseurs 18% des revenus générés par son activité.Le conseiller internet du Kremlin a, selon Bloomberg, expliqué en conférencede presse :"La Russie a le potentiel de capter 30% du marché global du minage decrypto-monnaies dans le futur."

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    Auteur

    Anonyme

    En Janvier, 2018 (02:42 AM)
    Quelle insulte à notre continent ! Sale babtous, votre avis gardez le. On ne vs a rien demandé. Sene tiote. :taala_sylla:  :sunugaal: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Janvier, 2018 (06:39 AM)
    CEST QUOI MEME BITCOIN?
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    Auteur

    Oustaz

    En Janvier, 2018 (07:25 AM)
    En tout cas les crypto monnaies sont une alternative fiable a nos devises locaux,mais il faudra une volonte politique pour l'implimenter....
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    Auteur

    Anonyme

    En Janvier, 2018 (07:34 AM)
    Dans un continent ou l'internet est un luxe !

    Dakar est a la croisee de la plupart des cables sous marins de telecom et l'internet b'day meme pas accessible aux ecoliers.

    Les assurances privees sont une fiction pour les Senegalais...

    Alors Bonne chance pour le bitcoin!
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    Auteur

    Papi

    En Janvier, 2018 (08:37 AM)
    N'importe quoi !! Soyons sérieux :sunugaal: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Janvier, 2018 (09:02 AM)
    Laissez nous tranquilles avec vos analyses à la con! certains soient disant économistes n'ont aucun thème de prédilection que le Franc CFA.
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    Auteur

    Anonyme

    En Janvier, 2018 (14:14 PM)
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    Auteur

    Anonyme

    En Janvier, 2018 (14:15 PM)
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    Auteur

    Quantanalyst

    En Janvier, 2018 (22:16 PM)
    Il faut commence par adopter la technologie dans son ensemble et optimiser les tranfers de technologie.Il faut une infrastructrue technologique considerable pour supporter le Bitcoin.Le Bitcoin ne remplit pas toutes les fonctions d'une monnaie en sus son ecosysteme est tres limite.Une monnaie qui peut fluctuer de plus de 20 % en jour n'est pas du tout une monnaie. Jamie Dimon le patron de JP Morgan disait ceci a propos du Bitcoin durant une emmission sur CNBC :"If you're stupid enough to buy bitcoin, you'll pay the price one day".Il y a des experts financiers qui pensent que cette rue vers le Bitcoin est un signal de l'euphorie qui anime les marches financiers internationaux. C'est a dire que les valuations boursieres ont atteint un point d'inflection en termes de P/E (price, earning) ou CAPE (cyclical adjusted PE). Grosso modo c'est ce que Alan Greenspan appelait les dangers d'une "exhuberance irrationnelle".
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    Auteur

    Lamine Ndiaye

    En Mars, 2019 (01:50 AM)
    Les cryptos monnaie sont une réalité que vous le voulez ou pas cest parti
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