Si, selon les termes mêmes du Daniel Kaufmann, co-auteur du rapport et Directeur de la gouvernance à l’Institut de la Banque mondiale « certains pays progressent rapidement dans le domaine de la gouvernance, notamment en Afrique », cette remarque ne saurait s’appliquer au Sénégal. En effet, sur les cinq indicateurs mis en avant par les techniciens de la Banque mondiale, le Sénégal ne progresse que sur sur un point : celui de la "Stabilité politique et absence de violence". Qui, selon les termes du document, "mesure la probabilité d’une déstabilisation ou d’un renversement de gouvernement par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris le terrorisme". Le point positif du Sénégal, c’est d’avoir réussi à hisser la barre de -0,51 (2000) à -0,18 (2007), soit un saut qualitatif de O,33.
Par contre sur les cinq autres indicateurs de la Bonne gouvernance, le Sénégal regresse. Il en est ainsi de "l’État de droit" qui évalue "le degré de confiance qu’ont les citoyens dans les règles conçues par la société et la manière dont ils s’y conforment et, en particulier, le respect des contrats, les compétences de la police et des tribunaux, ainsi que la perception de la criminalité et de la violence". Sur ce point, le Sénégal qui avait déjà un indice négatif de -0,08 en 2000 regresse de 0,31 pour s’aligner à - 0,39 en 2007.
Même scénario sur l’aspect qui concerne la Corruption que les experts définissent comme "l’utilisation des pouvoirs publics à des fins d’enrichissement personnel, y compris la grande et la petite corruption, ainsi que « la prise en otage » de l’État par les élites et les intérêts privés". Là aussi, l’indice s’est détérioré, selon la Banque mondiale, de 0,24, s’installant en 2007 sur -0,51 alors qu’en 2000, il était de -0,27.
La Voix citoyenne et responsabilité qui "mesure à quel point les citoyens d’un pays peuvent participer à la sélection de leurs gouvernants, ainsi que la liberté d’expression, d’association et de presse", connaît aussi une régression évidente. A la page 82 du rapport, on peut en effet constater que l’indice qui était de +0,03 en 2000, est passé à -0,02 soit une régression de 0,05.
L’Efficacité des pouvoirs publics (qualité des services publics, performances de la fonction publique et niveau d’indépendance vis-à-vis des pressions politiques) ne connaît pas meilleur sort. De -0,05 en 2000, elle s’est effondrée à 0,34 en 2007.
La mesure de la "Qualité de la réglementation" définie comme la capacité des pouvoirs publics à élaborer et appliquer de bonnes politiques et réglementations favorables au développement du secteur privé, est pointée négative. De -0,07 à 2000, elle est passée à 0,35 en 2007 soit un saut négatif de 0,28.
D’autres pays sont pointés dans le rapport qui connaissent des régressions majeures à l’image du Sénégal. Il en est ainsi pour certains pays qui ont vu "leurs performances se dégrader sur plusieurs aspects de la gouvernance, notamment le Zimbabwe, la Côte d’Ivoire, le Belarus, l’Érythrée et le Venezuela". D’autres, plus nombreux encore, "n’ont montré aucun changement significatif au cours de ces dernières années", constatent les experts.
Au nombre des pays qui ont affiché "des améliorations sensibles de la gouvernance, même si dans certains cas ils partaient d’un très faible niveau", il y a le Ghana, l’Indonésie, le Liberia et le Pérou (dans la catégorie Voix citoyenne et responsabilité), le Rwanda, l’Algérie et l’Angola (Stabilité politique et Absence de violence/terrorisme) ; l’Afghanistan, Serbie et Éthiopie (Efficacité des pouvoirs publics), la Géorgie et République démocratique du Congo (Qualité de la réglementation) ; le Tadjikistan (État de droit) ; le Liberia et la Serbie (Lutte contre la corruption).
L’étude disponible sur Internet (www.govindicators.org) "est la septième mise à jour des Indicateurs de gouvernance dans le monde, l’aboutissement d’une longue décennie de travail des chercheurs". Les investigations des experts se fondent, lit-on dans le communiqué qui accompagne le rapport "35 sources de données différentes pour saisir les points de vue de dizaines de milliers de personnes interrogées dans le monde entier au cours de l’enquête, et de milliers d’experts des secteurs privé, public et des ONG".
Aart Kraay, coauteur des Indicateurs et économiste principal du Groupe de recherche sur le développement de la Banque mondiale commande aux utilisateurs de l’étude de prendre "au sérieux les marges d’erreur signalées dans les Indicateurs de gouvernance dans le monde". Marges d’erreur qui, selon lui, "traduisent les difficultés inhérentes aux mesures de la gouvernance au moyen d’un type quelconque de données".
0 Commentaires
Participer à la Discussion