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Economie

Face à l’inefficacite des subventions de l’Etat : Le Fmi prone un « salaire » des pauvres

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Face à l’inefficacite des subventions de l’Etat : Le Fmi prone un « salaire » des pauvres
Les politiques des subventions des produits alimentaires et de l’énergie que le gouvernement s’obstine à pratiquer, depuis bientôt deux ans, n’ont toujours pas démontré leur efficacité. Le Fonds monétaire international, qui n’a jamais fait mystère de son opposition à ce système, a produit une étude, par son département Afrique, qui préconise un système alternatif de distribution directe d’argent à des populations les plus pauvres de la population, en échange de la scolarisation de leurs enfants, ou de la fréquentation des systèmes de santé pour tous.
Le Fmi ne démord pas de son hostilité aux subventions des produits alimentaires et de l’énergie. Seulement, ne voulant plus être accusé de maintenir les pauvres populations des pays du Sud, dont le Sénégal, dans une misère sans fin, les fonctionnaires de l’institution de Bretton Woods veulent voir la mise en application d’une formule dont ils disent qu’elle a été essayée dans certains pays d’Amérique latine, avec des succès notable.
Il s’agit de remettre de l’argent en espèces à des couches les plus pauvres de la population, sous certaines conditions. Cette formule, dénommée, en anglais, Conditionnal cash transfer system (Ccts), ou Système de transfert conditionnel d’argent (Stca) en français, vise à faire parvenir les bénéfices des subventions à ceux qui en ont le plus besoin. Par ailleurs, le Fmi voit à travers ce système, le moyen pour le gouvernement de lutter plus efficacement contre la pauvreté, en favorisant l’accès à l’école pour les enfants en bas âge, ou en faisant la promotion des programmes de soins de santé primaires, entre autres.
Isabell Adenauer, du département Afrique du Fmi, qui a préparé une étude sur les politiques mises en place pour protéger les pauvres face aux hausses des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, signale que dans le système de subventions tel qu’il est actuellement pratiqué, les 55% des bénéfices profitent aux 40% les plus aisés de la population. Néanmoins, elle juge que le caractère stratégique du riz justifierait le maintien d’une certaine subvention sur ce produit qui, d’ailleurs signale-t-elle, bénéficie plus aux pauvres.
Néanmoins, sur le transfert direct d’argent aux pauvres, la fonctionnaire du Fmi affirme, également, qu’un programme de ce type «serait une manière plus pérenne de protéger les plus pauvres des réductions de leur bien-être, y compris des hausses des prix des produits alimentaires et de l’énergie». Elle considère que le coût pourrait en être limité à 1% du Pib, environ 50 milliards de francs Cfa, et juge que «ce serait de l’argent bien dépensé».

Des exemples venus d’Amerique
Le projet de Isabell Adenauer a déjà été expérimenté -avec succès, assure-t-elle-, dans des pays d’Amérique latine comme le Brésil, le Mexique ou la Colombie. Dans ces pays, les femmes et les enfants en ont été les plus grands bénéficiaires. L’expérience des pays cités démontre que la réussite de ce genre de projets repose souvent sur un bon ciblage et sur les conditionnalités qui y sont rattachées.
L’étude considère que, si pour les ménages pauvres à l’extrême, l’argent remis «pour financer l’achat de la nourriture peut contribuer à améliorer le bien-être en augmentant le niveau de santé et la productivité, pour des foyers un peu moins pauvres, ce système de transfert d’argent pourrait à la longue créer une sorte de mentalité dépendante». D’où l’intérêt de lier les dons en espèces à des comportements qui permettent d’encourager la fréquentation des enfants à l’école, ou qui favorisent l’accès aux soins de santé primaires.
Ce système de distribution d’argent n’est pas une idée nouvelle chez les fonctionnaires des institutions de Bretton Woods. On se rappelle qu’il y a deux ans, dans la publication du bureau de la Banque mondiale au Sénégal, Les Echos de la Banque mondiale, l’Economiste principal du pays à la Banque, M. Jacques Morisset, publiait un article dans lequel il se demandait si l’aide reçue par le pays n’aurait pas été plus efficace si elle avait été directement répartie au sein de la population. Selon ses calculs, si l’argent injecté dans le pays en 2004 avait été remis directement à chaque Sénégalais, chacune de nos familles aurait pu recevoir l’équivalent de 1 000 dollars, 500 mille francs Cfa environ, au taux de l’époque. Cet argent aurait eu un effet multiplicateur plus important, parce qu’il aurait été vraiment dépensé au pays, pour les besoins essentiels des concernés.
Le but de l’article était de montrer que les fonds reçus par divers canaux au Sénégal, sont suffisants pour faciliter la lutte contre la pauvreté. Le Sénégal est par habitant, l’un des pays les plus assistés au monde. Mais si à ce jour cet argent et ces programmes d’assistance n’ont pas produit de résultat tangible, c’est que quelque part, les fonds ne vont pas aux personnes auxquelles ils sont destinés. Ce programme de subvention par financement direct, en permettant au gouvernement d’économiser de l’argent, permettrait de cibler son aide et de la consacrer à ces couches de la population qui en ont vraiment le plus besoin.

Ressources indues

L’étude de Mme Adenauer recommande que, parallèlement à la mise en œuvre de son système de transfert en espèces, l’on élimine graduellement les subventions sur le gaz et sur l’huile végétale. Elle considère, pour ce dernier produit, que les subventions n’ont servi qu’à créer une belle rente à la Sunéor, qui a remplacé la Sonacos, sans pour autant favoriser la production d’huile d’arachide, ce en quoi elle est loin d’avoir tort. Si cette taxe avait été mise en place pour protéger une industrie nationale concurrencée par les importations, elle a perdu de son intérêt du moment que la société privatisée a mis en place un système d’achat d’huile végétale sur le marché extérieur, qu’elle raffine et revend sur place, en se contentant de vendre sa production d’huile d’arachide, de meilleure qualité, sur le marché international.
De l’autre côté, au moment où la banque centrale et les nombreuses institutions installées dans le pays cherchent à promouvoir la bancarisation, ce système pourrait fortement y contribuer, si les solutions de la fonctionnaire internationale sont suivies.
Elle propose, en effet, que l’argent soit remis aux bénéficiaires par chèques, dans les écoles, les centres de santé ou les hôpitaux, ou en passant par des structures financières ayant pignon sur rue. Ce qui pourrait inciter certains à ouvrir carrément des comptes bancaires.
Quant à savoir d’où pourrait sortir une partie des ressources à consacrer à ce programme, l’étude du Fmi ne se casse pas trop la tête : «Le Sénégal a un large éventail de programmes d’assistance social, qui s’intéressent à des objectifs variables. L’incidence de ces programmes n’est pas très claire, comme il n’y a pas d’analyse d’impact disponible, et certains de ces programmes ne doivent pas être bien ciblés. On pourrait libérer les ressources pour le programme des transferts en espèces, en y consacrant les ressources accordées à certains de ces programmes.»
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