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Economie

FORMALISATION DE L’ÉCONOMIE INFORMELLE : Innocence Ntap Ndiaye pose le débat

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FORMALISATION DE L’ÉCONOMIE INFORMELLE : Innocence Ntap Ndiaye pose le débat

Le ministre de la Fonction publique, de l’emploi, du travail et des organisations professionnelles, Innocence Ntap Ndiaye, a jeté les bases du dialogue social en vue d’une formalisation de l’économie informelle. C’était lundi dernier 29 septembre 2008 à Dakar lors d’un « ndogou débat » qu’elle a organisé en prélude au prochain colloque international qui se tiendra à Dakar du 20 au 24 octobre prochain.

« Susciter le débat auprès des organisations de travailleurs, du patronat et de la presse pour atteindre la cible (ceux qui évoluent dans le secteur informel) dans le but de favoriser sa meilleure participation au colloque. Mais aussi faire la promotion du travail décent et améliorer les conditions de vie des populations ».

C’est en définitive les raisons qui ont poussé Mme. Innocence Ntap Ndiaye, ministre de la Fonction publique, de l’emploi, du travail et des organisations professionnelles, à organiser lundi dernier 29 septembre un « ndogou débat » qui avait pour thème : « Les risques du travail informel et les opportunités de la formalisation », introduit par le sociologue-économiste et chercheur Ousmane Thioune. « L’économie informelle, face à la persistance du chômage et de la pauvreté, se présente comme une source potentielle non négligeable de créations d’emplois et de revenus, du fait de sa facilité d’accès, ce qui explique sa croissance exponentielle depuis années », a fait savoir Innocence Ntap Ndiaye pour démontrer le potentiel du secteur informel. Dès lors, selon elle, « formaliser l’économie informelle est devenu un enjeu de développement et une préoccupation au niveau mondial », a-t-elle souligné.

Un secteur très dynamique

Pour ce qui concerne notre pays, Innocence Ntap Ndiaye a révélé le dynamisme du secteur informel en notant que « sa contribution au Pib est à plus de 50 % », selon les statistiques. Elle a aussi souligné que « 90 % de la population active est rurale ou évolue dans l’économie informelle ». Dans la même perspective, Innocence Ntap Ndiaye, s’inspirant d’une étude de la Banque mondiale sur le marché du travail au Sénégal, a indiqué que « la part du secteur informel, dans l’emploi, a fortement augmenté au cours de la dernière décennie et comptant même, jusqu’à 97 % des nouveaux emplois créés entre 1995 et 2004 ». De son point de vue, « ce dynamisme de l’économie informelle est visible aux travers les nombreux ateliers et cantines dans les coins de rue ou les nombreux vendeurs ambulants rencontrés dans les artères et rues de Dakar (cireurs, laveurs de voitures, vendeurs de cartes téléphoniques, et autres) ».

Ousmane Thioune, Sociologue-chercheur, a noté que le secteur constitue un énorme potentiel dans la mesure où il couvre 77,7 % des emplois non agricoles. Il constitue, selon les propos d’Innocence Ntap Ndiaye, « une source non négligeable de création de revenus ». Dans une autre mesure, Ousmane Thioune a révélé que le secteur informel contribue à hauteur de 805 milliards FCFA au Pib de sept pays de l’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal. Toutefois, malgré ce dynamisme et l’engagement de ses acteurs, le secteur souffre d’un blocage qui l’empêche de décoller.

En procédant à la définition du concept de « secteur informel », Ousmane Thioune a noté que le terme devenu « économie informelle » revêt sept caractéristiques dont la facilité d’accès, le recours aux ressources locales, le défaut de qualification, un marché échappant à tout règlement. C’est ce qui caractérise son manque d’organisation. Les employés qui y sont impliqués vivent dans la précarité. « Les employés du secteur informel sont souvent vulnérables car ils travaillent dans des conditions précaires, et bénéficient rarement, ou pas du tout, d’une couverture médicale ou d’une protection sociale », a regretté Innocence Ntap Ndiaye.

Pour sa part, notant que « l’informel de survie » doit être différencié de « l’informel de promotion », Ibrahima Sylla, secrétaire général des Travailleurs du Sénégal, s’est offusqué de la « tertialisation » de notre économie en demandant de « remettre en place le système de formation technique pour permettre acteurs du secteur de produire en qualité ».

Pour une bourgeoisie noire

Youssoupha Wade, Président du Comité national pour le Dialogue social, a soulevé la nécessité de faire l’historique de l’évolution et de la naissance du secteur informel. Selon lui, le Gouvernement du Sénégal manifeste par cette initiative sa volonté de recréer une bourgeoisie locale jadis victime de la politique coloniale. « C’est la colonisation qui ne voulait pas avoir une bourgeoisie noire qui a fait venir les Libano-syriens pour servir de tampon entre le colonisateur et la population autochtone. Le Gouvernement sénégalais vient par ce geste manifester une volonté politique de recréer cette bourgeoisie noire », a-t-il expliqué.

C’est dans ce sens que le ministre de la fonction publique a noté dans son allocution que le colloque en vue « reste une initiative du Président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui s’est engagé à impulser l’emploi, notamment celui des jeunes, et à promouvoir la protection sociale, grâce à une meilleure prise en charge du secteur informel ». Pour se faire, Innocence Ntap Ndiaye a souligné qu’il sera nécessaire de « mettre en place des projets ciblés, en leur assurant la formation, l’accès aux financements, la couverture sociale, etc. ».

La formalisation devra aussi passer par la reconnaissance du statut de travailleur aux acteurs de l’informel, pour ainsi disposer d’un certain nombre d’appuis en termes de ressources, d’accès à la propriété et à la protection juridique et sociale, a notamment indiqué le ministre de la fonction publique.

Ces dispositions, ces mesures d’incitation et de soutien qui constituent le rôle principal de l’État et des organisations professionnelles devra aider le secteur informel à mieux s’organiser, à se « formaliser ».

Le représentant du ministre de l’Information s’est demandé si le Sénégalais n’est pas naturellement un entrepreneur ? Un petit tour dans les rues de Dakar, dit-il, suffirait à fournir la réponse. Convaincu qu’il faut quand même « rassembler tout le monde, discuter, chercher les voies et moyens qui permettraient d’obtenir les objectifs escomptés », il a salué la démarche adoptée par l’équipe du ministre Innocence Ntap Ndiaye qui œuvre dans ce sens. Ce qui semble d’ailleurs avoir stimulé et enrichi le débat malgré la contrainte du Ramadan.

Un débat riche et fécond

Si certains acteurs ont déploré le manque de répertoires exacts des entreprises du secteur informel sénégalais en suggérant d’établir une cartographie territoriale, d’autres ont relevé les préalables à prendre en compte pour réussir le défi de la formalisation. Ainsi, faudra-t-il, selon le premier camp, impliquer les collectivités locales pour avoir une idée exacte de toutes les entreprises existantes dans notre pays. L’autre camp a posé le problème d’espace et d’architecture pour assurer la délocalisation de certains marchés ou centres de métiers. « La délocalisation suppose des indemnisations, des localisations à la bourse de l’État », a souligné Ousmane Thioune qui a témoigné de l’expérience au Burkina Faso.

Mais en considérant les contraintes relatives aux résistances des Sénégalais face certaines mesures, il sera nécessaire sans doute de prendre les dispositions juridiques qu’il faut pour accompagner l’informel vers la formalisation. « Il y a des risques de réticence qu’il faut gérer par le dialogue social », a-t-il poursuivi. Le colloque international sur la formalisation de l’Économie informelle sera organisé à Dakar du 20 au 24 octobre prochain par le ministère de la fonction publique en partenariat avec le Bureau international du travail et l’Union africaine. Plus de 15 experts de la sous-région y prendront part.



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