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GASOIL, GAZ BUTANE, ÉLECTRICITÉ: Ce qui attend Samuel Sarr

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GASOIL, GAZ BUTANE, ÉLECTRICITÉ: Ce qui attend Samuel Sarr

Un besoin de 140 000 tonnes de Gaz butane annuel avec une demande en forte progression, un déficit de production d’électricité de l’ordre de plus de 100 mégawatts d’une requête annuelle de près de 400 mégawatts, couplé à un déficit de trésorerie de…100 milliards de FCfa, avance-t-on à la Senelec, un besoin de 1,100 kilos tonnes (kt) de pétrole brut et de 650 kt de produits pétroliers représentant l’approvisionnement nécessaire en énergie primaire, une Société africaine de raffinage (sar) qui peine à renaître de ses cendres, des majors qui n’ont pas dit leurs derniers mots. Le tout dans un environnement économique morose. Voilà ce qui attend le tout nouveau ministre de l’Energie qui prend pied dans le gouvernement de « transition » d’avant législatives du 3 juin prochain, de Macky Sall. Samuel Sarr a assurément du pain sur la planche.

Le secteur de l’énergie comme tous les autres secteurs de la vie économique subit les contre-coups de la récession. A cela s’ajoute également des politiques souvent mal pensées ou mal conduites aux conséquences désastreuses. Notre confrère Mamadou Omar Ndiaye parlant de la situation économique nationale et de la panacée gouvernementale de croissance accélérée, dans une récente livraison de l’hebdomadaire, le « Témoin » soulignait : « c’est plutôt de Stratégie de croissance ralentie ou décélérée qu’il faudrait parler en lieu et place de Stratégie de croissance accélérée ! » Et d’ajouter que « tous les indicateurs le laissaient entendre, en effet, le taux de croissance du Pib (produit intérieur brut) national a baissé de plus d’un point au cours de l’année 2006 écoulée. Au lieu des 3,3 % prévus, en effet, la croissance n’aura été que de 2 %… » Mais bien plus, le secteur de l’énergie essuie depuis plus d’un an maintenant un dérèglement qui l’hypothèque sérieusement. Qu’il s’agisse de la fourniture des hydrocarbures, notamment le Gasoil, du gaz butane ou de l’électricité, les perturbations ne se comptent plus.

Le secteur de l’énergie est caractérisé en effet, par l’irrégularité de l’approvisionnement en hydrocarbures dont le plus visible est le récurrent cas du gaz butane dont les retards de livraison et l’attente des butaniers au large de Mbao, le plus souvent pour non-payement de factures arrivées à échéances, sont à l’origine des arrêts répétés des centres remplisseurs et des ruptures de stocks qui déstructurent les budgets des ménages et angoissent la population.

Que dire maintenant de la faiblesse de la capacité de stockage du gaz butane qui est seulement de 10,500 t pour une consommation annuelle de près de 150.000 tonnes ? Rien, sinon de constater qu’il est impossible à la Sar dans une telle situation de respecter un quelconque stock de sécurité de 35 jours entendu que sa capacité à ce niveau ne dépasse pas 25 jours, tout au plus.

Par ailleurs, la forte concentration des dépôts pour les autres hydrocarbures dans la région de Dakar, dans un périmètre enchâssé par les habitations pose assurément un problème environnemental et de sécurité. Tout comme celui des délais d’approvisionnement du reste du pays, notamment pour les régions comme celle de Tambacounda ou de la Casamance naturelle (Ziguinchor et Kolda) ainsi que le renchérissement des coûts de transport obligeant l’Etat à une compensation dans le cadre de la péréquation transport de plus d’un milliard de Fcfa annuellement.

La Société nationale d’électricité (Senelec) est quant à elle au creux de la vague. Le déficit de production s’y conjugue avec celui de trésorerie, de l’ordre dit-on, de 100 milliards de Fcfa !

A LA MERCI ENCORE DES MAJORS

Si la fourniture des autres hydrocarbures a échappé aux grandes perturbations et aux ruptures de stocks « catastrophiques », on le doit encore aux Majors. Ceux-ci ont assuré l’essentiel de l’importation jusqu’à la reprise de l’activité de la Sar en mars dernier, après un an d’arrêt de production. Une reprise qui peine encore. Les conséquences obligent les Majors à importer d’avantage pour combler le déficit. Une situation qui, du fait de la dépendance de la Senelec au fuel lourd et au brut, impacte négativement la production de celle-ci essentiellement d’origine thermique. Résultat des courses : les délestages continuent de plus belle.

Cependant et ceci est quand même curieux aux dires de plusieurs observateurs, depuis 2002, avec le gisement de Gadiaga, il existe une production locale de gaz naturel (15 millions de m3) et de pétrole brut (295 t). Cette production nationale, consommée pour la production d’électricité par la Senelec, reste certes, négligeable au regard des importations en produits pétroliers. Il s’y ajoute qu’outre l’électricité d’origine thermique, le Sénégal dispose également d’une production hydroélectrique avec le barrage de Manantali (293 GWh, soit environ 15 % de la production totale d’électricité). On sait que, la Sogem, la société d’exploitation de l’énergie de Manantali, obligée de redistribuer sa production affectée par la baisse des eaux de ces dernières années, s’était offerte des barges dont la production était égale à celle qu’elle fournit au Sénégal depuis Manantali dans un souci de compensation. En tout état de cause, la production endogène du Sénégal comprend également le bois (2 915 kt), pour la consommation de bois de chauffe et la production de charbon. Les résidus agricoles (350 kt) comprennent la bagasse et les coques d’arachides, respectivement utilisées par la Compagnie Sucrière Sénégalaise (Css) et la Sonacos pour produire de l’électricité.

A cela s’ajoute le fait que plusieurs unités industrielles disposent de leurs propres moyens de production d’électricité (747 GWh) et assurent l’essentiel de leur consommation . Certaines unités peuvent également vendre une part de l’électricité produite à la Senelec. Les auto-producteurs représentent environ un tiers de la production nationale d’électricité. Le rendement énergétique global de la production d’électricité par les auto-producteurs est d’environ 32 %. N’empêche, les pertes techniques de la Senelec s’élèvent à environ 310 GWh, soit environ 16 % de l’énergie transitant à travers son réseau.

DES LETTRES DE POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT AUX EFFETS MITIGES

Pourtant les objectifs de la Lettre de politique de développement de l’énergie (Lpdse) de 1997 comme ceux de 2000 qui vont plus loin assignaient au secteur des tâches précises : éliminer les facteurs d’inefficacité ; diminuer le coût d’approvisionnement supporté par les consommateurs ; favoriser le financement du développement du secteur de l’énergie. En 2000 : parachèvement du programme de réformes opéré dans le secteur de l’énergie entre 1998 et 2000 ; précision des mesures nouvelles que le gouvernement du Sénégal entendait prendre ainsi que le calendrier retenu pour leur mise en œuvre. En 2003, la Lpdse) axait ses objectifs sur la lutte contre la pauvreté et les enjeux sociaux économiques et environnementaux, dans une perspective de développement durable. Elle dit s’articuler autour d’axes qualifiés par les concepteurs d’axes stratégiques principaux : la restructuration du sous-secteur de l’électricité ; le renforcement des conditions de concurrence et l’amélioration de la qualité des produits dans le sous-secteur pétrolier ; l’intensification de la promotion du bassin sédimentaire ; la consolidation de la gestion durable des ressources ligneuses.

Au niveau du sous-secteur électricité : Restructuration industrielle de la Senelec ; promotion du développement de pôles de production d’énergie électrique dans des régions autres que Dakar ; priorité aux entreprises privées de production d’électricité ; possibilité de cession des centrales existantes de production au secteur privé. La Senelec a le monopole du transport de l’électricité sur l’ensemble du territoire, ainsi que l’exclusivité de la distribution dans son périmètre ; elle continuera à exploiter les centrales qui n’auront pas été cédées au secteur privé, indique la Lpdse.

En ce qui concerne le désengagement de l’Etat, elle opte pour une concession pour les activités de la nouvelle société Senelec dont la majorité des actions sera détenue par un partenaire stratégique. Et pour les mesures d’accompagnement, le gouvernement dit attendre « un appui substantiel des bailleurs de fonds pour faciliter la restauration, dans les cinq premières années, des équilibres techniques, économiques et financiers de Senelec ». Avec un financement, à des conditions concessionnelles, du programme d’investissement de Senelec sur les cinq prochaines années.

Au plan de l’électrification rurale, l’objectif était de doubler le taux d’électrification rurale pour le porter de 8 % en 2001 à 15 % en 2005. Ce qui correspond à 71 000 nouveaux ménages électrifiés dont 18 000 par systèmes photovoltaïques familiaux, pour un coût de l’ordre de 50 milliards de FCfa. Le tout sous-tendu par un programme pluriannuel de l’Aser (2003-2022) avec 400 millions de dollars des Etats-Unis étalé sur quatre séquences de cinq années chacune. On attend toujours de connaître l’importance des réalisations dans ce programme alléchant ou les écarts observés ainsi que les solutions préconisées.

En ce qui concerne le sous-secteur pétrolier, la Lpdse 2003 avait recommandé la poursuite de la politique de promotion du bassin sédimentaire. Il était question d’asseoir la présence de Petrosen par une participation, en association avec des compagnies privées étrangères, aux autres segments de la filière. L’intégration des mesures visant à réduire les efforts nocifs sur l’environnement liés à l’utilisation des produits pétroliers par l’amélioration de la qualité des produits ; le lancement d’une étude de faisabilité d’un laboratoire indépendant d’analyses de produits pétroliers ; la réduction des coûts en libéralisant totalement les activités et en stimulant la concurrence ; le développement d’un système de stockage, indépendant pour aider les nouveaux opérateurs, dont la part de marché ne dépasse pas 15 %, à avoir un meilleur accès à ce type d’infrastructures ; la poursuite de la politique de convergence de la fiscalité.

Pour le sous-secteur des combustibles domestiques, le choix était fait de travailler dans le sens de la réalisation de l’objectif général défini en 1997, c’est-à-dire valoriser de manière durable les ressources énergétiques issues des formations forestières . Une place importante aux préoccupations environnementales dans la stratégie avait été retenue. L’introduction et la généralisation, dès le 1er janvier 2004, de la meule casamançaise figurait au programme qui attend encore aujourd’hui en 2007, son application complète. Dans le secteur de l’énergie, les lettres de politiques de développement se suivent et se ressemblent avec des résultats mitigés.

Pour l’heure, la priorité des priorités pour le nouveau ministre et ses collaborateurs devrait certainement être d’offrir les conditions nécessaires à la Senelec pour résorber son gigantesque déficit de trésorerie, ses faiblesses de production et de garantir une fourniture régulière de l’électricité. Autrement dit, mettre fin aux traumatisants délestages. Une recapitalisation qui fournirait des allocations financières substantielles à la Senelec est la condition sine qua non à ce propos. Doit-on cependant s’attendre à un réajustement de la tarification de l’électricité ? Réponse attendue de la commission de régulation de l’électricité.



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