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Economie

Histoires de routes qui ne tiennent pas la route

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Histoires de routes qui ne tiennent pas la route

Depuis l’avènement de l’alternance politique, le Sénégal vit au rythme d’histoires de routes qui ne tiennent pas la route. Des coûts du kilomètre qui varient d’un endroit à l’autre, aux exigences techniques qui ne sont pas toujours respectées, voici une petite partie du réseau sénégalais des routes qui ne tiennent pas la route.

Thiès : Des routes qui ne tiennent pas dans le budget 4-4-44 !

C’était là l’intitulé du fameux programme d’indépendance délocalisé dans la région de Thiès et qui devait aboutir à la mise à disposition d’un réseau routier dans la ville des deux gares, routes de ‘’dernières générations’’ qui devaient donner à la ville la plus proche de Dakar des routes dignes de son standing en devenir.

Le projet qui a commencé à battre de l’aile avec le report de l’organisation de la fête du 4 avril marquant le 44e anniversaire de notre accession à l’indépendance cachait en réalité une histoire de sous qui ne tenaient pas la route selon les tenants du pouvoir qui à l’évidence voulaient juste régler un problème politique.

Pour déchoir le Maire et numéro deux du parti au pouvoir de son piédestal, Abdoulaye Wade enverra l’inspection générale d’Etat pour fouiner sous l’asphalte qui avait recouvert une grande partie de la voirie communale, une nouvelle bretelle de déviation desservant le nord du pays et une portion reliant la ville de Thiès à Noto.

A défaut de trouver des failles techniques, les inspecteurs se chargèrent de voir le financement pour déceler une surfacturation de la part de l’entreprise en charge des travaux JLS (Jean Lefebvre Sénégal). 

Fatick-Kaolack : Une route au montage bizarre

Dans le même temps et alors que le patron de cette entreprise criait son innocence avant de se refuser de charger le maire de Thiès comme complice ou bénéficiaire de la surfacturation, l’on assiste à la détérioration du tronçon Fatick Kaolack construit par la même entreprise, qui va aller en contentieux avec l’Aatr.

Une route d’une trentaine de kilomètres reliant Fatick à Kaolack, évaluée par l’Etat à 10 milliards de francs, dont l’armature technique est démontée par l’entreprise adjudicataire JLS, mais qui selon cette entreprise sera quand même construite.

Moins de trois ans plus tard, la route qui est fréquentée par de gros porteurs venant notamment du Mali, se dégrade plus que de raison et devient même impraticable. C’est le début d’un conflit entre l’entreprise et l’Etat avec comme premier épilogue la condamnation par le tribunal des référés à la reconstruction de la route aux charges exclusives de l’entreprise sous peine d’une astreinte de 20 millions par jour.  

Sur ce cas, la question est à choix multiple. A l’Etat du Sénégal on demandera pourquoi, alors que l’entreprise l’a informé de l’insuffisance des normes techniques, a-t-on quand même enjoint l’entreprise de Btp de procéder aux travaux ?

A Jean Lefebvre Sénégal, la même question s’adresse : Pourquoi, alors qu’elle était convaincue que les normes techniques n’y étaient pas, JLS a accepté de poursuivre les travaux ? Juste pour gagner un marché et remplir son compte en banque ?

On est pas loin de le penser quand on sait que rien ne s’oppose à ce que JLS déclare cette route inconstructible et à alerter l’opinion sur les tenants du dossier technique.  Cela aurait eu au moins le mérite de tenir la route que Bara Tall enjoigne son entreprise de ne pas faire les travaux.

Ce serait une économie de dix milliards dans le budget du Sénégal et cela nous aurait épargné de vivre ce yo-yo technico juridique.  

Mais ce qui apparaît le plus comme ne tenant pas la route dans cette affaire c’est que presque simultanément, JLS qui est accusé d’avoir fait du mauvais travail va bénéficier d’une part assez importante du marché de construction de routes à Dakar de la part du pouvoir. En collaboration avec la société Henan Chine, JLS s’occupera de l’élargissement et de l’aménagement du tronçon allant de la caserne Malick Sy au rond point de la patte d’oie pour un montant trois fois supérieur à celui qui oppose ladite entreprise à l’Etat du Sénégal sur le tronçon Fatick Kaolack. Allons savoir ...

Le coût du kilomètre de route au Sénégal : Une énigme chinoise ?

Aujourd’hui, au moment où le journaliste d’investigation Abdou Latif Coulibaly semble remettre totalement en cause les coûts de construction de routes dans le cadre du sommet de l’Oci sous le magistère de l’actuel ministre en charge des infrastructures, les routes et les milliards font de nouveau mauvais ménage. 

Au moment où Karim Wade ministre d’Etat en charge notamment des infrastructures annonce un large programme à fort spectre d’emplois de 1500 kilomètres de route et 15 ponts pour un total de 1500 milliards d’ici 2015, Bara Tall et JLS sont condamnés à reprendre une route que les experts évaluent à une trentaine de milliards alors que le coût initial était d’environ 10 milliards.

Le côté bizarre de ces deux affaires c’est qu’en moins de 5 ans, le kilomètre de route au Sénégal est passé de trois cent millions (cas de la route Fatick-Kaolack) à au moins un milliards (cas des 1500 kilomètres à 1500 milliards que propose Karim Wade).

Rappelons nous : Au plus fort du supposé ou réel scandale des chantiers de Thiès, un rapport de l’IGE avait convenu que le kilomètres de route ne devait pas coûter plus de 383 millions (route urbaine avec trottoirs et même systèmes d’évacuation des eaux pluvieuses).

Quelques temps plus tard avec ce qu’on peut appeler les chantiers de l’Anoci et selon les rapports exploités par le journaliste Abdou Latif Coulibaly, l’on se surprend à voir qu’un kilomètre de route a coûté 5 milliards 537 millions. 

Même si on fait dans le réalisme en considérant qu’au lieu de 14 kilomètres il pourrait s’agir de beaucoup plus, la plupart de ces ouvrages étant de deux ou trois voies, il n’en demeure pas moins que toutes ces routes ont été construites sur de l’asphalte existant déjà. D’où l’imbroglio qui nous assaille aujourd’hui.

Tunnel de Soumbédioune : Un gouffre à milliards ?

Un Tunnel à 10 milliards. Construit dans le cadre des chantiers de l’Anoci, le tunnel de Soumbédioune, moins d’un kilomètre de bitume, 2 fois 2 voies a été construit pour un coût total de 10 milliards.  Non seulement dans ce montage on veut faire croire qu’un ouvrage de moins d’un kilomètre coûte plus cher que la construction d’un hôpital moderne à forte capacité d’accueil, mais à y regarder de près avec toutes ces histoires de route, on n’est pas loin de sortir de la route de la logique.

L’histoire de ce tunnel qui heurte la raison la plus élémentaire cache une forte odeur de non-dit. Controversé a d’abord été son choix, les spécialistes en génie civil, ne s’accordant pas pour sa nécessité, Soumbédioune la localité où est érigé ce tunnel ne constituant pas un obstacle naturel (Montagne ou cours d’eau) qui seul appelle la construction de Tunnel pour le contourner.

Ensuite, en lieu et place d’une voie de communication, à la confection certes compliquée puisqu’aucune entreprise de BTP sénégalais ne pouvait en revendiquer la construction dans son cahier d’ouvrage réalisé, l’on assistera à l’érection  d’un ouvrage financier.

De rajout à rajout, l’objet de tant de hantises de la part des automobilistes, coûtera plus cher que le stade Léopold Sédar Senghor, et juste un tout peu moins que le monument de la renaissance. Rafistolé depuis son ouverture à la circulation, le Tunnel est sans doute une de ces œuvres que l’histoire politique du Sénégal n’entérinera jamais.

Les uns, notamment les concepteurs en réclameront toujours la paternité au moment où les autres, l'opposition, mais aussi la société civile et les esprits libres fustigeront toujours son coût et son in-opportunisme.



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