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Economie

Ibrahima Macodou Fall, dg de la Nsts, accuse : «La reprise de la Sotexka cache une spéculation sur l’important patrimoine foncier de la Sotiba»

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Ibrahima Macodou Fall, dg de la Nsts, accuse : «La reprise de la Sotexka cache une spéculation sur l’important patrimoine foncier de la Sotiba»
Les échecs des récentes tentatives de reprise de la Sotexka ne surprennent pas les professionnels de l’industrie textile sénégalaise.Ibrahima Macodou Fall, patron de la Nouvelle société textile du Sénégal(Nsts), explique ces échecs par un manque de projet industriel des différents repreneurs.Car, pour lui, derrière ces tentatives de reprise de l’entreprise textile, se cache une spéculation foncière orchestrée par de hauts fonctionnaires de l’Etat.

Wal Fadjri : En tant qu’ancien repreneur de la Sotexka, quelle lecture faites-vous des échecs de plusieurs tentatives de redémarrage des usines ?

Ibrahima Macodou Fall : Pour comprendre l’affaire Sotexka, il faut remonter aux années 70. Le projet monté par l’Etat en partenariat avec des investisseurs étrangers a été ébauché en 1976 et n’a pu être bouclé qu’en 1986. La mise en activité de quelques ateliers n’interviendra qu’en 1988 et le montage des équipements n’avait pas été finalisé quand la Sotexka cessait ses activités en 1993 après plusieurs tentatives de démarrage. Et c’est en 1996 que l’Etat du Sénégal m’a demandé d’étudier le dossier Sotexka. Finalement, c’est dans le cadre de la privatisation de celle-ci que la Nouvelle société textile du Sénégal (Nsts) a été retenue pour la reprise de ces usines, la finalisation du montage des équipements et la relance de l’ensemble des activités industrielles des usines de Kahone et de Louga. Un contrat de location-gérance fut signé avec la Sotexka en 1997.

Notre intervention a été une grande réussite industrielle, car nous avons fait fonctionner l’ensemble des départements : la filature, le tissage, le tricotage, la teinture, l’impression, la confection et avons donné une vocation industrielle à ces usines qui étaient à l’abandon. On a ainsi investi à peu près 10 milliards de francs Cfa pour remettre l’outil d’aplomb et démarrer les activités industrielles. Et malgré les difficultés liées à la conjoncture, on a réussi à réaliser une intégration exemplaire des activités des usines de Thiès, Kaolack et de Louga avec, à la clé, 880 emplois. De 1997 à 2008, nous avons réussi à former des travailleurs, à moderniser l’outil et à avoir des contrats à l’exportation dans le cadre de l’Agoa. C’est suite à une vaste campagne de déstabilisation pour la récupération des usines que notre contrat de location-gérance a été rompu illégalement dans le seul but d’installer un soi-disant nouveau repreneur.

Parlons de la reprise proprement dite…

En ce qui concerne les tentatives de reprise, je dirais que Politexka ne peut pas être présenté comme une tentative de reprise des activités de la Sotexka. Ce projet était un simple prétexte pour réaliser une grosse opération de spéculation foncière sur l’important patrimoine foncier de la Sotiba. Le promoteur Jean Marc Secondi a transféré les vieilles machines de la Sotiba sur le site de la Sotexka, les a fait tourner un moment et a pris la fuite après avoir cessé toutes activités. Politexka est, en réalité, une délocalisation incompréhensible de l’activité résiduelle de la Sotiba sur Kahone pour libérer les emprises de la Sotiba aux fins de spéculation foncière. Dire qu’on va intégrer les activités de la Sotiba à celles de la Sotexka relève de la tromperie au regard de la configuration des deux outils. Cette affaire est une véritable machination. Le promoteur qui a déjà, à son actif, la liquidation de plusieurs entreprises et ses soutiens ont abusé le chef de l’Etat. Non seulement ce projet n’a rien apporté à la relance du secteur textile, mais il a surtout permis de réaliser la fermeture de la Sotiba, un crime économique parfait.

Est-ce que le modèle que propose le nouveau repreneur Serigne Mboup, avec Domitexka-Saloum, vous agrée ?

Je n’ai pas entendu parler une seule fois de projet industriel. Je n’ai pas perçu une démarche industrielle ni dans Politexka, encore moins dans Domitexka-Saloum. Même Serigne Mboup pour qui j’ai beaucoup d’estime, a dit que l’Etat doit lui donner un terrain. Il précise aussi que le repreneur technique, ce sont les travailleurs. Et lui, le repreneur financier. Sincèrement, je ne comprends pas et je ne vois aucun projet industriel viable derrière tous ces montages.

‘Dire qu’on va intégrer les activités de la Sotiba à celles de la Sotexka relève de la tromperie au regard de la configuration des deux outils’

Pourtant, ils ont parlé de plus de 1 800 emplois à créer…

Tout industriel qui déclare qu’il peut créer 1 800 emplois sur le site de Kahone et de Sotiba déménagé, raconte des mensonges. C’est industriellement et économiquement impossible. L’outil, je le connais comme ma poche. Il peut porter au maximum 500 emplois, en trois équipes actives et en régime continu. Dire qu’on peut créer 1 800 emplois à Kahone, c’est du bluff. C’est pour, peut-être, justifier quelque chose ou tromper l’Etat. Par contre, Louga peut créer 2 000 emplois.

Comment ?

Nous avons installé plus de 200 nouvelles machines de confection modernes à Louga. En tournant en deux équipes, on peut atteindre cet effectif. On pouvait l’atteindre en 2010 avec le business-plan qu’on avait élaboré avec Stafford si on nous avait laissé travailler.

Donc, pourquoi on vous bloque ?

Je ne sais pas. Par contre, je sais que de hauts fonctionnaires ont organisé le retrait des usines à notre Groupe et ont même tenté la récupération de mes partenaires étrangers afin de poursuivre l’important projet que j’avais réussi à boucler avec les Français, les Indiens, les Canadiens et les Américains. Ils ont attendu qu’on finalise nos investissements, qu’on développe les marchés, qu’on signe les contrats export dans le cadre de l’Agoa, qu’on reçoive les lettres de crédit au niveau des banques sénégalaises, à savoir le Crédit Lyonnais et Ecobank, pour informer l’ambassade du Canada que l’Etat du Sénégal allait retirer les usines au Groupe Nsts avant le terme du contrat de location-gérance. Ayant reçu l’information de leur ambassade, la société Stafford, avec qui on avait signé un contrat de partenariat pour l’exportation de la production aux Usa, rappelle son personnel qui était déjà au Sénégal, et demande des assurances que le gouvernement nous laisserait travailler tranquillement. Nous n’avons jamais pu obtenir ces assurances jusqu’à ce que le ministère de l’Industrie, avec l’aide de la gendarmerie de Kahone, parvienne à installer Jean Marc Secondi avec son fameux projet Politexka sur le site de Kahone. Ainsi, la Sotexka a violé le contrat qui nous lie et a transféré à cet individu, dans des conditions jusqu’ici tenues secrètes, les usines avec nos machines, nos équipements industriels, nos outillages, nos procédés de fabrication, gammes et nomenclatures et nos stocks.

Nous sommes en contentieux avec la Sotexka et l’Etat pour rupture abusive du contrat de location-gérance. L’affaire est pendante devant la Cour d’appel de Dakar. Aussi, le chef de l’Etat a été saisi pour arbitrage par les partenaires étrangers de la Nsts et l’Inspection générale d’Etat (Ige) a été saisie pour diligenter une enquête.

Qui se cache derrière ces manœuvres, selon vous ?

De hauts fonctionnaires qui tournent autour de l’Agence nationale de promotion des investissements et des grands travaux (Apix) et du ministère de l’Industrie. Ce sont eux qui ont organisé cette cabale contre le groupe Nsts.

Pensez-vous que délocaliser l’usine à Kaolack pour des produits destinés au marché dakarois est une bonne stratégie ?

C’est une hérésie. Déjà, le tissu Sotiba n’est pas compétitif. Les tissus chinois sont plus compétitifs que les imprimés sortis de la route de Rufisque. Déménager de vieilles machines de ce lieu jusqu’à Kahone, pour ensuite distribuer les produits sortis de ces machines sur la Rue Galandou Diouf à Dakar ou les exporter à partir du port de Dakar, n’est pas une démarche industrielle rationnelle. C’est l’inverse qui pourrait se justifier industriellement.

Quels sont les atouts du secteur industriel sénégalais aujourd’hui ?

Le secteur textile a des atouts et un potentiel réel. Personnellement, en 10 ans, j’ai réussi à relever le niveau d’industrialisation textile de notre pays et lui donner un rayonnement international. Si on ne m’avait pas mis le bâton dans les roues, tout le coton du Sénégal allait être transformé aujourd’hui. Et c’est cela qui devrait être l’objectif essentiel pour tout pays producteur de coton. Il faut transformer sur place le coton. C’est une aberration économique que de vouloir continuer à exporter le coton brut. Parce que vous ne pouvez pas être dans un pays pauvre, de chômage, un pays qui cherche à booster sa croissance, où le producteur a besoin que ses revenus soient améliorés et vouloir continuer à vendre le coton brut. Je suis triste quand on annonce, avec une grande fierté, que la Chine va nous acheter tout notre coton brut. J’ai mal au cœur quand je vois que notre taux de transformation est tombé à zéro. On est producteur de coton, on a une main d’œuvre abondante et habile et on dispose d’un port stratégiquement bien placé par rapport à l’Europe et les Etats-Unis et proche des plus grands bassins cotonniers de la région. Il faut construire une filière intégrée du coton à la confection pour que, d’une part, on puisse habiller les Sénégalais et, d’autre part, exporter des produits finis. Le pays dépense énormément de devises pour le textile. Nous devons agir efficacement sur ce secteur pour lui redonner ses lettres de noblesse.

‘De hauts fonctionnaires qui tournent autour de l’Apix et du ministère de l’Industrie ont organisé cette cabale contre le groupe Nsts’

Que doit faire l’Etat pour relancer le secteur textile sénégalais ?

D’abord, régler les problèmes juridiques. C’est un préalable. Sotexka est une société anonyme à capitaux publics majoritaires, avec un conseil d’administration. Toutes les décisions prises aujourd’hui peuvent être frappées de nullité, car une reprise d’entreprise ou une transmission d’entreprise de manière générale se fait dans le respect des dispositions légales, statutaires et administratives qui l’organisent. Ensuite, l’Etat doit vider tous les contentieux avec les entreprises du secteur pour que les outils soient placés dans des conditions d’exploitation. Tant que ces difficultés ne sont pas réglées, il y aura toujours des problèmes pour la relance du secteur. La relance dépend essentiellement de la volonté de l’Etat.

L’Etat doit aussi écouter les professionnels, reprendre le dialogue avec tous les acteurs, prendre des mesures de nature à lever les contraintes des entreprises et améliorer la compétitivité du secteur. La crise actuelle a été accentuée par des choix hasardeux et souvent subjectifs, ignorant délibérément les réalisations faites par les acteurs nationaux, ainsi que toutes les conclusions et recommandations d’études faites sur le textile par de grands cabinets spécialisés. A titre d’exemple, le cabinet Gherzy qui a mené les études les plus récentes sur le textile dans le cadre de la formulation de la Stratégie de croissance accélérée (Sca), concluait que la création récente d’Indosen, jointventure entre un groupe asiatique et autre sénégalais, montrait exactement le chemin à suivre et que tout devait être fait pour réussir cette opération exemplaire à nos yeux.

Pourquoi, selon vous, l’Etat n’a pas suivi ces recommandations du cabinet Gherzy ?

Je suis victime de la cupidité de certains fonctionnaires. Ils ont vu que j’ai réussi à donner à la Sotexka une vocation industrielle, que les Américains et les Canadiens s’y intéressaient et sans comprendre, ils ont agi comme des pirates. Mais, vous savez des pirates peuvent bien réussir à contrôler un avion mais, ils ne peuvent aller bien loin sans pilote.

Ecarté du dispositif, songez-vous à abandonner le textile ?

Absolument pas. J’ai d’ailleurs d’autres projets que je suis en train de monter. J’ai énormément investi dans ce secteur et il y a encore beaucoup de choses à faire. Je serai certainement le dernier des mohicans.



5 Commentaires

  1. Auteur

    Doynawar

    En Décembre, 2010 (10:10 AM)
    COURANT AMOUL
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  2. Auteur

    Doynawar

    En Décembre, 2010 (10:16 AM)
    COURANT AMOUL

    MAIS GRAWOUL

    FI DEUKOU DIAMLA

    WALA DEUKOU JAMLA





    COUCO COPIER COLLER YALLAH FAYLA NGUIR YALLAH
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    Auteur

    Samba Sy

    En Décembre, 2010 (10:27 AM)
    COURANT AMOUL

    MAIS GRAWOUL

    FI DEUKOU DIAMLA

    WALA DEUKOU JAMLA





    COUCO COPIER COLLER YALLAH FAYLA NGUIR YALLAH



    ma topsi vive le sénégal
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    Auteur

    Splatacr

    En Décembre, 2010 (10:51 AM)
    +1



    COURANT AMOUL

    MAIS GRAWOUL

    FI DEUKOU DIAMLA

    WALA DEUKOU JAMLA
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    Auteur

    Cheikh Omar Sarr

    En Décembre, 2010 (22:03 PM)
    ki reka ame gnanou wadiour wahkate yi wahlene loungene kham dondou gi gate na trop kouthiye wah rek nanga wah lo hame nite daye mandou senegalais da mandouwale dara loutah lolou kidi ibrahima macodou fall amoule kene kouye doh si souf kouka meneu sedele lou gnaw kou bah la kou tabe kou yatou kou meuneu dimbali nite (balene djambour ki dalena raw beug ngena mel ni mom ta dala sah beugoule mele ni yene tonton ibou mangilaye beugue lou bare bare)
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