La Compagnie Sucrière du Sénégal (CSS), créée en 1972, a été dotée de 17 000 hectares (ha) à aménager pour produire du sucre de canne afin de couvrir les besoins du pays.
A cet effet, le « Casier Rizicole » de Richard Toll de 6000 ha, qui était destiné à produire du riz pour réduire notre dépendance à l’importation de ce produit, lui a été cédé afin de lui permettre de minimiser ses coûts d’aménagement, d’installation et de production.
Il lui a été aussi garanti le monopôle de l’importation du sucre avec, comme clause, qu’elle la remplace, progressivement, par sa production locale.
Il se trouve que jusqu’à nos jours, soit plus de 30 ans après, la CSS n’a aménagé que 10.000 ha. Elle bloque sa production locale de sucre de canne à environ 80.00 tonnes(t) et importe le reliquat de la demande en sucre du marché sénégalais, estimée à 150.000 t par an.
C’est ainsi qu’elle a produit de Janvier à Mai, (sa période de production), selon « Repères Statistiques » de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), 80.200t en 2010, 75.000t en 2011, 74.400t en 2012, et 73.200t en 2013 !
Ce qui lui a permis de régulièrement importer du « sucre roux » à raffiner en « sucre blanc » sous forme de « morceaux » et de « poudre » pour satisfaire la demande nationale.
La CSS s’était tellement complu dans cette situation de rente, qu’elle fut soupçonnée même de « frauder » , en important du « sucre blanc » pour le vendre directement dans le marché sénégalais, comme l’avait révélé le scandale du « sucre roux d’aspect blanchâtre » qui avait valu au Groupe SUD un retentissant procès que la Compagnie sucrière lui avait intenté…
C’est contre cette situation de rente- qui fait de l’Industriel un importateur de « produits finis » - que les Commerçants Sénégalais, regroupés au sein de l’UNACOIS, se sont soulevés depuis le « Programme d’Urgence » de 1992.
Pourtant, ce n’est que récemment, avec le Gouvernement du Président Macky Sall, sous la conduite de l’ancien Premier Ministre Abdoul Mbaye, que la décision a été prise, en pleine « crise du sucre » entre la CSS et l’UNACOIS en Juin 2012, d’exclure celle-ci de l’importation du sucre blanc pour qu’elle se consacre exclusivement à sa fonction de production pour satisfaire le marché sénégalais.
Ainsi, et dans ce cadre, le Journal SUD Quotidien du 25 Juin 2012 relate l’accord, intervenu entre le Gouvernement, la CSS et les Commerçants, accord permettant l’importation de 55000t de sucre pour combler le gap entre l’offre de la CSS et la demande nationale, répartie entre la CSS pour 30.000t et les Commerçants pour 25000t.
Il était clairement indiqué que pour 2013, la CSS ne devait plus importer du sucre, en contre partie de quoi aucune importation ne serait autorisée avant épuisement de la production de cette même CSS.
Tous se souviennent de ce que cet accord a produit en matière de « cabales » dans la Presse contre l’Ancien Premier Ministre Abdoul Mbaye, dont le départ, quelques mois plus tard de la Primature, a été souvent lié à cet épisode.
En clair, nombre de Sénégalais ont pensé qu’il avait payé par son départ, pour avoir eu l’audace de mettre fin à la situation de rente dont jouissait la CSS jusque là…
Il n’est pas inutile de rappeler que pour faire face aux contraintes de cet accord qui l’oblige à respecter ses engagements historiques de produire du sucre pour satisfaire la demande du marché sénégalais, la CSS avait exhibé un Projet dénommé « KT 150 » pour produire 150000 t par an, avec un investissement de 90 milliards !
Dans la foulée, elle avait demandé l’octroi de 4000 nouveaux ha dans la Communauté rurale de MBane, dont la superficie totale est de 190.000 ha, dont 100.000ha aménageables. Une surface aménageable qui a été déjà l’objet d’attribution de 232.000 ha à des personnes physiques et morales !
L’on se souvient que selon le « Mémorandum » du Président de la Communauté rurale de MBane de l’époque, sur ces 232.000 ha, 200.000 furent attribués entre 2008 et 2009, en plein essor de la GOANA et du PLAN REVA!
Voilà donc la CSS qui réclame 4000ha dans cette localité, tout en étant, jusqu’ici, incapable d’aménager les 7000 ha qui lui restent encore de sa dotation initiale de 17.000 ha.
Ainsi, avec cette demande de 4000 ha à MBane, le prétexte d’un « obstacle foncier » pour la réalisation du Projet « KT 150 » est vite trouvé, afin de permettre à la CSS de continuer à bloquer sa production à 73.200t de 2013, et d’exiger l’arrêt des importations « en évoquant l’accumulation d’un stock de sa production de sucre invendu de 20.000t »!
Ce qui est le plus étonnant dans cette exigence, c’est le fait qu’en 2011, malgré la baisse, par rapport à 2010, de sa production qui est passée de 80.200t à 75.700t et une hausse spectaculaire des importations qui sont passées, selon le « Le Bulletin du Commerce Extérieur » de l’ANSD, de 105.372t à 124.056t, la CSS n’avait pas crié au « risque de faillite » dû à l’importation, du seul fait qu’elle ne subissait pas, dans l’importation, une concurrence significative des Commerçants !
Cette situation s’était traduite par une hausse des prix du « sucre en moreaux » de 725 Frs en 2010 CFA à 773 Frs CFA le kilogramme en 2011, et du « sucre en poudre » de 603 Frs CFA à 714 Frs CFA !
Cependant et contradictoirement elle n’a pas hésité à agiter le spectre de la « faillite » et de « menace sur l’emploi » dès 2012, malgré une baisse de sa production à 74.400t, avec une baisse concomitante des importations à 96.817t, du seul fait de l’entrée massive des Commerçants dans l’importation du sucre que le Gouvernement de Abdoul Mbaye avait autorisée, pour agir sur les prix à la consommation et les faire baisser !
De sorte que les prix du sucre à la consommation dans l’Agglomération de Dakar sont passés, pour le « sucre en morceaux » (qui est resté le monopôle de la CSS) de 773 Frs CFA le Kilogramme en 2011 à 820 Frs CFA en 2012, tandis que pour le « sucre en poudre », où se livre une forte concurrence entre la CSS et les Commerçants, les prix ont baissé de 714 Frs CFA à 672 Frs CFA, car bénéficiant de la baisse des cours mondiaux du sucre qui sont passés de 28 Cents la Livre en 2011, à 22,6 Cents en 2012!
L’intervention des Commerçants dans l’importation du sucre en 2013 a continué à pousser à la baisse le prix du « sucre en poudre » sur le marché local, qui est passé de 672 Frs CFA, à 636 Frs CFA, répercutant ainsi la baisse des cours du sucre qui sont passés de 22,6 Cents en 2012 à 17,5 Cents en 2013, alors que le « sucre en morceaux » restait quasiment au niveau de 2012 en passant de 820 à 821 Frs CFA !
Ainsi, que les importations augmentent comme en 2011, ou baissent, comme en 2012, ou qu’elles remontent comme en 2013, cela n’empêche pas la CSS de baisser sa production, pour profiter de la baisse tendancielle des cours du sucre, pour pouvoir importer le maximum possible.
C’est cette stratégie qui lui a permis de hausser les prix intérieurs du sucre entre 2010 et 2011, et qui est, depuis 2012, contrée par l’entrée significative des commerçants dans l’importation du sucre, qui a entraîné à la baisse les prix intérieurs du segment de marché du « sucre en poudre ».
C’est donc cette « intrusion » qui casse la situation de rente dont elle a toujours joui qui a poussé la CSS à menacer de « faillite » et de « perte massive » d’emplois.
Il est donc temps de mettre fin à cette stratégie de la CSS qui use de « menaces sur l’emploi » comme moyen de chantage, afin de préserver cette « situation de rente ».
A cet effet, le Gouvernement du Sénégal dispose de moyens juridiques appropriés pour enrayer ce « chantage récurent » d’un autre âge.
Il lui suffit de « porter plainte devant les juridictions nationales, contre la CSS, pour « manœuvres de faillite frauduleuse » et pour « exercice d’un chantage à l’emploi » sur l’Etat, à des fins de préservation d’une situation de rente, que rien, économiquement et socialement, ne justifie plus.
Cette plainte devrait être accompagnée d’une demande de « mise sous administration provisoire » de la CSS, et de « mise sous séquestre » des « biens du PCA et du DG » de l’entreprise, en attendant que la Justice vide le Contentieux qui l’oppose à l’Etat.
Ces deux mesures d’accompagnement de la plainte de l’Etat vont préserver aussi bien ses intérêts que les emplois que cette entreprise utilise comme « monnaie de singe à échanger contre le maintien de sa situation de rente » !
Le Chef de l’Etat qui disait, fort opportunément, en s’adressant à l’Armée nationale et au peuple, lorsqu’ il rendait hommage à nos deux soldats tués à Kidal, au Mali, que le « Sénégal sera toujours debout », ne devrait donc pas perdre de vue, qu’il devrait aussi le rester au plan économique et financier, en combattant sans états d’âme, le « chantage » que des « intérêts privés » exercent sur l’Etat, à des fins de préservation de privilèges indus.
Par rapport à ce défi lancé par la CSS et qu’il faut relever, les Centrales syndicales présentes dans cette entreprise, les Républicains et Démocrates de ce pays, qu’ils soient au pouvoir, dans l’opposition ou de la Société civile, sont interpelés au premier chef. Ils doivent soutenir pareille action judiciaire de l’Etat, afin de restaurer toute son autorité, face aux pouvoirs d’argent et de leurs affidés dans la Presse, qui piétinent quotidiennement, par le chantage, l’honorabilité du Sénégal.
Telle est ma conviction
Ibrahima Sène PIT/SENEGAL
Fait à Dakar le 8 Janvier 2014
20 Commentaires
Ali
En Janvier, 2014 (17:16 PM)Mais si Maky a limoge Abdoul Mbaye a la demande express de mimeran , comment esperer quil fasse front!!
Je vois deja mimeran ou ses acolyte appleer Mandiabal le vendu pour le instruire de pondre un article de reponse..
Mamso
En Janvier, 2014 (17:29 PM)Acd
En Janvier, 2014 (17:32 PM)Nous n'avons pas d'Etat c'est pour quoi n'importe quel étranger se croit en pays conquis
En général,le sénégalais n'est pas patriote
Ok
En Janvier, 2014 (17:56 PM)La Vérité
En Janvier, 2014 (19:01 PM)Respect A M. Sene
En Janvier, 2014 (20:00 PM)Griot Moderne
En Janvier, 2014 (20:33 PM)Huile
En Janvier, 2014 (23:21 PM)Mana
En Janvier, 2014 (00:48 AM)Ndiombor
En Janvier, 2014 (01:32 AM)Un Passant
En Janvier, 2014 (09:44 AM)J’ai néanmoins trois observations :
- D’abord, depuis l’arrivée du nouveau régime en 2012, de nombreux faits et actes posés vont dans le sens opposé à celui que vous souhaitez. Tout semble être fait pour nous remettre entre les mains des étrangers. L’épisode qui se joue actuellement au Port en est une illustration éloquente.
- Ensuite, même si l’Etat ne réagit pas, rien n’empêche les citoyens à saisir la justice. A commencer par les responsables politiques qui défendent – du moins, le prétendent-ils – les intérêts des citoyens.
- Dans votre plaidoirie, la seule solution que vous semblez préconiser est de contraindre la CSS à respecter ses engagements. A supposer qu’elle les respecte, ces engagements militent-ils vraiment en faveur d’un développement de notre économie. Car, au bout du compte, la CSS resterait toujours en situation de monopole. Alors, ne peut-on pas élargir le champ des solutions par une refonte de la réglementation du secteur en donnant la possibilité – et les conditions – à d’autres opérateurs économiques, notamment nationaux, de du sucre dans notre pays ?
Voilà quelques remarques à titre de contribution à votre réflexion. Avec mes meilleurs messages !
Ah Mr Sene
En Janvier, 2014 (12:23 PM)Mr SENE le Sénégal restera t-il debout à laissant la production de ses biens et services à l'extérieur? Posée autrement la question est : est-ce que le Sénégal restera debout en dépendant non de sa production nationale, mais d'IMPORTATIONS.
Pourquoi diable le privé national n'investit pas dans la PRODUCTION du sucre pour concurrencer la CSS?
La position d'importateur est trés facile car il n'y a pratiquement aucun risque. En effet si le marché s'y prête on importe et s'il ne s'y prête pas on importe pas.
Est-ce que celui qui a investit sur des outils de production (machines, hommes et matiére premiére) peut se permettre de produire quand le marché s'y prête et arrêter la production quand les conditions du marché sont défavorables?
Mr SENE, vous me decevez en tant que communiste d'avoir une telle position: PRIVILIGIER l'importation à la production nationale.
Je ne supporte pas la CSS, mais je veux une concurrence loyale. Si un autre opérateur économique investit dans la production comme l'a fait la CSS, je soutiendrai toute action rétablissant l'équilibre.
Serait-ce que pour assurer notre souveraineté nationale, nous devions à la limite accepter de payer le sucre de la CSS plus cher.
Malheureusement avec ta pseudo-analyse tu vas gruger beaucoup de sénégalais car tu veux faire de la CSS une entreprise ETRANGERE; étant donner que c'est une entreprise NATIONALE bien que créer par un étranger
L'importation du riz est libre; est-ce que pour autant que le kg du riz est bas?
Pharoah
En Janvier, 2014 (12:24 PM)Mandy Mory
En Janvier, 2014 (14:59 PM)La majorité des senegalais ignorent vos qualités...MACKY ne doit à aucun cas accepter ce que senghor , diouf et wade ont accepté de ce prédateur de MIMRA.Nous voulons un senegal fort et juste pour faire face au escrocs economiques tels que MIMRA and co
Consommateur
En Janvier, 2014 (15:46 PM)Senegal
En Janvier, 2014 (17:23 PM)ceci est encore un signal d'alarme pour le president Sall qui a l'air de voulir parfaitement jouer le jeux des francais
encore merci
Bamane
En Janvier, 2014 (19:05 PM)Aujourd'hui 10 janvier 2013 1dirham marocain vaut 58,8 CFA et en ce jour, la sénélec vend à perte le kw d'électricité à 115 fca avec une subvention de l'Etat avoisinant 115 milliards par an. En d'autres termes si une société s'installait au maroc pour produire du sucre en achetant le kw à 65 CFA comment la CSS qui achète le kw à 115 F peut elle la concurrencer ?
En France, le prix de l’électricité est de 8 centimes/KWh pour les entreprises (moyenne européenne : 11 centimes/KWh) Pourquoi ? Eh bien parce que la France produit une grande partie de son énergie à partir de l’uranium qu’elle prend pour moins que du beurre au Niger. Alors comment concurrencer la production française de sucre de betterave qui ne subventionne pas son électricité et qui le vend à ses entreprises productrices de sucre à moins de 50 FCA le kw ! Les Etats Unis ont mieux : 6 centimes de dollars le kw . Aux Etats Unis le prix du kwh varie selon les Etats de moins de 40 FCA le kwh à 11 centimes de dollars pour les plus chers soit 55CFA
Les multinationales peuvent produire aujourd'hui n'importe quel produit alimentaire à des coûts qu'aucune entreprise africaine ne peut concurrencer! Prenez le cas de l'huile d'arachide L’huile de soja qui a des rendements supérieurs à l’arachide est produite par les multinationales. Avec des complices nationaux qui prennent pour argument l’ouverture des marchés à la concurrence, les usines sénégalaises sont obligées de fermer car les coûts de production et les rendements à l’ha ne soutiennent pas la comparaison avec ce qui se fait ailleurs. Résultat les productions d’arachide baisse, les paysans n’ont plus à qui vendre leurs matières premières et viennent en ville être les vendeurs des produits finis issus de la sueur d’autres paysans, esclaves d’une autre époque…
Vous me parlez de4000 ha demandés par le CSS parlez moi aussi des 45 000 ha donnés à un marabout dont le trésor ne tire rien en terme d’impôts pour notre pays. Parlez moi aussi des 40000 ha de Pout donnés à des marabouts dont une partie à été rétrocédée par les fils de ce marabout à Dangote contre 6 milliards puis partagés « tong tong » par les fils du marabout sans contrepartie à la nation
Bamane
En Janvier, 2014 (19:11 PM)Vous me parlez de4000 ha demandés par le CSS parlez moi aussi des 45 000 ha donnés à un marabout dont le trésor ne tire rien en terme d’impôts pour notre pays. Parlez moi aussi des 40000 ha de Pout donnés à des marabouts dont une partie à été rétrocédée par les fils de ce marabout à Dangote contre 6 milliards puis partagés « tong tong » par les fils du marabout sans contrepartie à la nation
Bamane
En Janvier, 2014 (19:18 PM)Bamane
En Janvier, 2014 (19:29 PM)Participer à la Discussion