L’économiste du développement, M. Mame Birame Diouf, a déclaré à Dakar que le Sénégal ne peut pas continuer à vouloir nourrir l’essentiel de sa population à partir de l’agriculture. Sa conviction est que le pays doit résolument se tourner vers l’industrialisation.
Le Sénégal doit aller réellement vers l’industrialisation pour se développer. C’est l’avis de l’économiste du développement, M. Mame Birame Diouf, qui s’exprimait à l’occasion de la conférence sur « Sénégal : 50 ans d’évolution économique et sociale » qu’il animait à Dakar, le vendredi dernier.
« Jusqu’à présent, nous n’avons pas fait une bonne politique allant dans ce sens. On ne fait que des politiques pour booster l’investissement intérieur en créant un environnement juridique propice aux affaires », a regretté le conférencier, qui prône la sensibilisation afin d’inciter les hommes d’affaires sénégalais à investir dans l’industrie.
« C’est le défi. Il faut faire en sorte que les Sénégalais investissent dans l’industrie au lieu de l’immobilier », a-t-il déclaré. Cela doit aussi passer, à son avis, par la création de structures publiques chargées d’élaborer et d’accompagner l’industrialisation. « Je ne crois pas qu’on puisse continuer à vouloir nourrir l’essentiel des Sénégalais à partir de l’agriculture. 50 ans d’indépendance nous ont montré que l’agriculture n’en a pas la capacité », a-t-il regretté. M. Diouf estime que l’échec de l’agriculture est lié au « manque de politiques agricoles ».
En 1960, selon lui, l’agriculture était essentiellement basée sur l’arachide qui était une production destinée aux Français. « Après l’indépendance, on n’a pas pris la décision de produire ce dont les Sénégalais ont besoin. On a continué à produire de l’arachide parce que cela rapporte de l’argent. Mais ce n’est pas une culture destinée pour l’essentiel de la consommation des Sénégalais », a-t-il ajouté. Le paradoxe : « nous mangeons du riz, des oignons, du mil, etc. mais nous n’en produisons pas suffisamment ». La conviction de M. Diouf est que notre politique agricole doit être « repensée » et que la rupture devrait intervenir depuis 1960. « Il faut que les Sénégalais produisent ce qu’ils mangent », a-t-il expliqué.
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