Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

[Tribune] L’Afrique incapable de financer son développement, un vrai-faux problème !

Single Post
[Tribune] L’Afrique incapable de financer son développement, un vrai-faux problème !
Par Beringer GLOGLO, Économiste, Fondateur du Cercle des Jeunes Économistes pour l’Afrique.

Avant la pandémie du coronavirus, les besoins de financement annuels de l’Afrique subsaharienne en termes d’infrastructures physiques et sociales (routes, électricité, eau, santé, éducation) nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 sont estimés à environ 20% du PIB en moyenne (Gaspar et al, 2019). Dans le sillage de la pandémie, le FMI a estimé que l’Afrique a besoin d’un financement supplémentaire d’environ 285 milliards de dollars d’ici à 2025 pour pallier les déséquilibres économiques. Eu égard aux montants abyssaux, un consensus soutient l’idée d’un recours mécanique (ou presque) aux ressources étrangères avec la thèse que l’Afrique souffre d’une insuffisance de ressources pour financer son développement. Je voudrais apporter une contribution mais avec un regard critique.

D’abord, lorsqu’on fait un cumul des ressources des fonds de pension, des réserves des compagnies d’assurance et des réserves de changes du continent, on aboutit à environ plus de 1000 milliards de dollars USD d’actifs sous gestion 1 (2014-15) ; soit environ 30 fois le montant des ressources des droits de tirages spéciaux du FMI affectés à l’Afrique pour la gestion de la crise de la pandémie de covid-19 lors du sommet de Paris (Mai 2020). Pourtant, en Afrique subsaharienne, la contribution des investisseurs nationaux est infime pour les grands projets d’infrastructure. Environ 70 % des capitaux propres des projets proviennent des entités internationales (investisseurs internationaux) sur la période 2011-20. 2 Une telle situation laisse penser que les investisseurs locaux ont délibérément choisi de ne pas opérer sur le continent africain. Il est évident que le couple rendement-risque des projets est un facteur déterminant pour tout investisseur. Cependant, cet argument semble trop réducteur et simpliste dans le contexte des investisseurs locaux.

En effet, les investisseurs locaux ont choisi librement de s’implanter sur le continent sachant les caractéristiques des pays. De surcroît, ils disposent d’une meilleure connaissance des économies africaines. Leur faible contribution au financement des projets d’investissements du continent peut s’expliquer par un autre élément essentiel : le manque de confiance. Ainsi, l’inertie dans la mise à disposition des ressources disponibles au profit des projets d’investissements sur le continent pourrait être une conséquence de la méfiance que les investisseurs locaux ont développée vis-à-vis de leurs propres économies (pays) – représentées par les institutions et leurs dirigeants. Ensuite, lorsqu’on s’intéresse aux ménages, la population africaine fait partie de celle qui épargne le plus dans le monde contrairement aux idées répandues. Les africains épargnent fréquemment pour des motifs de précaution (accident, problème de santé, décès, etc.) ou de transfert de capital (aide aux enfants, financement de l’éducation..).

Le cas des personnes en situation de précarité est même paradoxal mais pas totalement absurde. Ces dernières (la majorité) ne disposant pas d’une source de 1 cf. l’ouvrage FINANCER L’AFRIQUE, Densifier les systèmes financiers locaux de Cédric Achille MBENG MEZUI 2 Private finance for development: wishful thinking or thinking out of the box? (FMI, 2021) revenu stable et régulier épargnent un maximum à chaque période pour continuer à subvenir à leur besoin en cas d’absence totale de revenu à une période postérieure. Mais cette ressource reste difficilement accessible. La difficulté réside notamment dans l’inexistence d’instruments financiers adéquats en raison de la prédominance de l’informel et du faible taux de bancarisation. Aujourd’hui, l’ascension fulgurante des services de « mobile money » (utilisation de la monnaie légale via des supports digitaux) contribue au renforcement de l’inclusion financière et représente également un élément catalyseur pour accéder à une partie de l’épargne des ménages. Grâce à la proximité du « mobile money », presque toute la population africaine, y compris celle opérant dans l’informel (et exclut du système bancaire traditionnel) dispose d’un compte où elle stocke une partie de ses avoirs financiers.

D’ailleurs, le service a permis de développer un format digital du système traditionnel d’épargne en Afrique plus connu sous la désignation de « tontines ». Ces deux constats ont une implication fondamentale. L’idée que l’Afrique manque des ressources financières pour son développement est un vrai-faux problème. Autrement dit, c’est une erreur de penser que l’Afrique devrait systématiquement solliciter des ressources étrangères pour son développement. Il ne faut donc plus se tromper dans les priorités. Désormais, il faut créer et gagner la confiance des investisseurs locaux puis les solliciter. Par ailleurs, ceci m’emmène sur une autre idée tout aussi bien répandue. « Les marchés financiers locaux sont moins profonds pour couvrir les besoins des économies africaines.» Qu’il me soit permis, ici, de poser la question suivante. Les marchés financiers locaux deviendront-ils plus profonds s’ils ne sont pas sollicités ? Je réponds négatif ! Enfin, il ne faut surtout pas rater l’opportunité du temps présent. Une ingénierie financière plus innovante permettrait de proposer des instruments financiers adéquats pour réaliser la collecte efficace de l’épargne des ménages disponible sur les nouveaux supports digitaux, afin de les transformer en ressources d’investissement. A ce sujet, je suggère ceci.


5 Commentaires

  1. Auteur

    En Novembre, 2021 (07:24 AM)
    Comment l'Europe a fait face aux problèmes de financement après les coups de la pandémie ?Très (trop dirais je) simplement  ,en imprimant de la monnaie. Et pour nous ,nos tuteurs nous en ont imprimé un peu,de notre monnaie,qu'on nous a PRÊTÉ (Euskéy).

    Comme des bonbons pour gros bébés. 

    Le Cfa ne devait jamais exister. Et la pandémie était l'occasion pour nous pays de la zone Cfa d'enterrer cette monnaie coloniale.Il faut impérativement sortir ce ce système, sinon, on demeurera de longs années dans le sous développement. 
    Top Banner
  2. Auteur

    En Novembre, 2021 (07:34 AM)
    l'africain est un sous developpé et incapable

    c'est génétique

    meme si on nous donne l'europe actuel dans 100 ans on en fait un désert
    {comment_ads}
    Auteur

    Europa

    En Novembre, 2021 (07:59 AM)
    Faudrait que le Sénégal demande à être recolonisé, se serait plus simple
    {comment_ads}
    • Auteur

      Reply_author

      En Novembre, 2021 (18:49 PM)
      on a besoin du toubab avec eux a la direction on peut faire quelque chose ca sera toujours mieux que macky-sonko et compagnie
    {comment_ads}
    Auteur

    En Novembre, 2021 (09:30 AM)
    en imprimant de la monnaie. 

    on va donc voir comment s'en sort le Nigeria si c'est si simple.......................et quelques autres sous les tropiques !!
    {comment_ads}
    Auteur

    Waa Africa

    En Novembre, 2021 (10:23 AM)
    Au moins un économiste africain produit une étude et des réflexions pertinentes...... Publiez l'article en entier pour que l'on voie ses propositions. L'article a été sectionné de manière inacceptable. Nous avons besoin des propositions de son auteur qui semble être un connaisseur de la science économique. Ne tuez pas le savoir, transmettez-le, c'est infiniment meilleur et plus rentable que vos banals sujets politiques, scnadales et révélations sur des personnes. Merci de votre compréhension SENEWEB
    Top Banner

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email